ATR a de nouveau perdu de l'argent en 2021 mais devrait rebondir rapidement

Le constructeur d'avions régionaux turbopropulseurs franco-italien a réduit ses pertes, passant de 138 millions d'euros en 2020 à 48 millions en 2021.
Michel Cabirol
ATR a dans son ADN les bases de son rebond en ayant déjà des appareils économes en termes de consommation et en préparant l'avenir avec de nouveaux produits plus efficients
ATR a dans son ADN les bases de son rebond en ayant déjà des appareils économes en termes de consommation et en préparant l'avenir avec de nouveaux produits plus efficients (Crédits : ATR)

ATR a vécu comme la plupart des autres avionneurs deux années difficiles en 2020 et 2021. Le constructeur d'avions régionaux turbopropulseurs franco-italien a perdu pour la deuxième année consécutive de l'argent. Après avoir logiquement plongé en 2020 (- 138 millions d'euros), année de l'irruption brutale de la Covid-19, ATR a de nouveau perdu de l'argent l'année dernière (48 millions d'euros). Le constructeur a réduit ses pertes grâce à la remontée de son chiffre d'affaires passant de 398 millions d'euros en 2020 à 707 millions en 2021. Un chiffre d'affaires boosté par l'augmentation des livraisons (de 10 livraisons en 2020 à 31 en 2021).

Pour autant, le constructeur a dans son ADN les bases de son rebond en ayant déjà des appareils économes en termes de consommation et en préparant l'avenir avec de nouveaux produits plus efficients. L'ATR 42-600 STOL (sur des pistes courtes) sera opérationnel en 2024. Un marché estimé à 150 à 200 appareils. Pourquoi le rebond commercial et économique d'ATR pourrait être pérenne.

Il y a toujours un marché !

"Nous avons constaté une nette tendance à la hausse en 2021, avec des signes positifs d'un marché en reprise", a estimé début février le directeur général Stefano Bortoli lors d'une conférence de presse sur les résultats commerciaux de 2021. Si la reprise est progressive, elle permet de "regarder l'avenir avec optimisme", a-t-il précisé. Il a rappelé que 85% des liaisons effectuées par des ATR-42 et ATR-72 sont des liaisons intérieures, les moins affectées par les restrictions sanitaires, et répondent à des services essentiels, desservant des aéroports qui ne peuvent l'être par des avions de ligne. La moitié des livraisons a été réalisée sur le seul quatrième trimestre. Mais "le chemin reste long pour revenir au niveau de 2019" quand l'avionneur avait livré 68 appareils. Au total, ATR vise "plus de 50 livraisons en 2024", avait expliqué Stefano Bortoli.

"Notre objectif est de retrouver bientôt un niveau de 50 à 60 avions par an en termes de prises de commandes et de livraisons, a expliqué Stefano Bortoli dans une interview accordée à La Tribune. Mais il est difficile de donner une date précise pour l'atteindre car nous ignorons encore si nous devrons faire face à de nouvelles vagues de pandémie dans les prochains mois".

ATR, qui dispose d'un carnet de commandes d'environ 200 appareils, compte également profiter du marché de remplacement, dont elle estime le potentiel à 1.200 appareils turbopropulseurs dans la catégorie des 30 à 70 places. Il entend profiter davantage de connectivité aux marchés en croissance tels que le Japon, l'Asie du Sud et l'Afrique, qui ont besoin de développer leurs liaisons domestiques et transfrontalières. Le constructeur a également exprimé son optimisme sur le marché des avions-cargos, qui connaît une forte croissance. ATR anticipe une demande de 460 avions-cargos sur 20 ans dans la catégorie des appareils pouvant transporter jusqu'à neuf tonnes. Les conversions d'avions passagers en cargos constituent également une part significative du potentiel de ce marché : sur les 10 avions de seconde-main livrés par ATR en 2021, la plupart ont été convertis pour des opérations cargo. En 2020, nous avons livré la version cargo de l'ATR 72.

De nouveaux produits durables

ATR a préparé l'avenir pour rebondir. Le constructeur a annoncé au salon du Dubaï en novembre 2021 la commercialisation dès 2022 de la nouvelle série de moteurs Pratt & Whitney 127XT, qui consomme 3% de carburant de moins et offre une réduction de 20% des coûts de maintenance moteurs par rapport aux moteurs actuels. Il deviendra le moteur standard sur les ATR 72 et 42. Air Corsica est le client de lancement du PW127XT. Dans sa volonté de réduire son empreinte environnementale au maximum, le constructeur toulousain réalisera également un vol de démonstration au printemps avec la compagnie Braathens Regional Airlines et le producteur de carburant d'aviation durable (SAF) finnois Neste en vue d'atteindre la certification 100% SAF de ses avions motorisé par le PW127XT à l'horizon 2025.

"Pour certains territoires, le tourisme est synonyme de développement économique. La plus grande circulation de biens et de personnes offre d'énormes possibilités. Une étude a démontré qu'une augmentation de 10% des connexions régionales entraîne une croissance du PIB d'environ 6%. ATR a l'ambition de proposer des réponses qui soient de plus en plus durables", avait expliqué Stefano Bortoli dans l'interview accordée à La Tribune.

Michel Cabirol

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