Porté par ses activités défense et spatial, Thales bat son record de prises de commandes en 2021

Sans avoir complètement effacé les effets de la crise sanitaire qui pèse encore sur ses activités dans l'aéronautique, Thales a retrouvé en 2021 une très belle dynamique. Les prises de commandes et le carnet de Thales ont atteint l'année dernière un record historique.
Michel Cabirol
Thales a obtenu 21 grandes commandes en 2022 pour un montant total de 6,49 milliards d'euros
Thales a obtenu 21 grandes commandes en 2022 pour un montant total de 6,49 milliards d'euros (Crédits : Martin Bureau / AFP)

Article réactualisé le 3 mars à 22h00

L'année 2021 a été une formidable année pour Thales sur le plan commercial. "Le groupe réalise la meilleure année de son histoire du point de vue commercial", s'est réjoui logiquement le PDG de Thales, Patrice Caine, cité dans le communiqué portant sur les résultats de 2021. Les prises de commandes ont atteint l'an dernier un nouveau sommet à 19,9 milliards d'euros. Pourquoi un tel record qui plus est obtenu sans l'activité transport en cours de vente et non comptabilisée dans les résultats de 2021 ? Le groupe de technologies a notamment bénéficié "d'une dynamique commerciale particulièrement élevée au quatrième trimestre 2021, notamment dans les secteurs avionique, spatial et identité et sécurité numériques (DIS)".

Ainsi, Thales a engrangé douze contrats supérieurs à 100 millions d'euros au quatrième trimestre 2021 (contre neuf pour les trois premiers trimestres). Soit 21 grandes commandes pour un montant total de 6,49 milliards d'euros (32,6% du total des commandes). Résultat, le carnet de commandes consolidé atteint un nouveau record historique à 34,7 milliards d'euros à fin 2021.

Défense et spatial, les deux clés du succès de Thales

Thales a notamment été porté par des succès commerciaux dans les domaines de la défense et du spatial grâce à sa filiale Thales Alenia Space (67%). A 11,18 milliards, les commandes dans le secteur Défense & Sécurité ont atteint un nouveau record historique. Le ratio book-to-bill dépasse 1,30 (contre 1,23 en 2020 et 1,20 en 2019). Ce niveau élevé s'explique par l'obtention de 13 grands contrats dans six pays matures, dont trois majeurs : près de 1,5 milliard d'euros pour le soutien sur 10 ans du système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales (SCCOA) en France, vente de 30 Rafale à l'Égypte (750 millions d'euros environ) et de 12 Rafale à la France (300 millions d'euros environ) et, enfin, contrat de maintenance des Mirage 2000 dans le cadre du programme Balzac (500 millions d'euros). Le carnet de commande de la défense atteint un nouveau record historique, à 26,1 milliards d'euros. Soit plus de trois ans de chiffre d'affaires.

Les prises de commandes du secteur aérospatial s'établissent à 5,6 milliards (contre 3,8 milliards en 2020). Une hausse qui s'explique par les succès commerciaux de Thales Alenia Space, qui a gagné pour trois milliards d'euros de commandes à la fois dans les domaines de l'observation de la terre, de l'exploration spatiale (développement du module lunaire I-HAB), de la navigation (Galileo) et des télécoms avec notamment le premier succès commercial de la nouvelle génération de satellites digitaux flexibles "Space Inspire" auprès du premier opérateur mondial, SES. Par ailleurs, les prises de commandes dans les activités aéronautiques (avionique et multimédia de bord (IFE)) ont progressé de 18% par rapport à l'année 2020. Fin 2021, le carnet de commandes du secteur s'élevait à 7,9 milliards d'euros, en hausse de 20%. Enfin, les prises de commandes du secteur Identité & Sécurité Numériques se sont élevées à 2,99 milliards d'euros.

Ces succès commerciaux ont permis de générer une trésorerie de 2,5 milliards d'euros. "Considérant cette performance en 2021 et les perspectives pour 2022 et 2023, nous revoyons en forte hausse notre objectif de génération de cash : le groupe devrait ainsi générer près de 5,5 milliards d'euros de free cash-flow opérationnel sur la période 2021-2023", a expliqué Patrice Caine.

La crise sanitaire a pesé encore en 2021

Comme la plupart des groupes duaux, la crise sanitaire a pesé encore sur les résultats de 2021 de Thales. Notamment sur l'activité aéronautique, dont le chiffre d'affaires plafonne à 4,46 milliards. "Le secteur aérospatial enregistre un premier redressement de son chiffre d'affaires et de sa rentabilité, a précisé Patrice Caine. Néanmoins, avec un chiffre d'affaires près de 20% inférieur à 2019 (5,6 milliards d'euros, ndlr) et une marge opérationnelle de 4,5% (contre 9,3% en 2019, ndlr), il reste encore très marqué par l'impact de la crise sanitaire sur le transport aérien". L'activité multimédia à bord (IFE) souffre encore en raison du redressement très lent du trafic international (gros porteurs) au contraire des activités liées au trafic domestique, qui renouent avec la croissance. Thales a donc de réelles marges de progrès en 2022.

Pour autant, le groupe de technologies retrouve une marge d'EBIT supérieure à 10% (10,2 %, contre 10,9 % en 2019), à 1,64 milliard d'euros, en hausse de 32%. Le résultat net consolidé, s'est élevé à 1,08 milliard (+125% par rapport à 2020). Satisfaction chez Thales, qui retrouve un rythme de croissance organique supérieur à 5%. Le chiffre d'affaires s'établit à 16,19 milliards, en hausse de 5,3% par rapport à 2020. Une activité tirée là aussi par les activités de défense et spatiales.

Thales prudent en 2022

La prudence est la marque de fabrique de Thales. "Même si l'amélioration du contexte sanitaire devrait soutenir le redressement progressif du transport aérien, l'environnement global du début 2022 reste marqué par des incertitudes élevées à court terme, notamment en ce qui concerne les tensions affectant les chaînes d'approvisionnement et le niveau des pressions inflationnistes sur les achats", a constaté le groupe. Ainsi, le contexte géopolitique s'est également fortement dégradé à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'impact de cette crise sur le chiffre d'affaires 2022 à destination de ces deux pays est à ce stade estimé à environ 100 millions d'euros. Les autres impacts possibles, notamment sur la chaîne d'approvisionnement de l'activité spatiale, sont en cours d'évaluation. Selon nos informations, Thales Alenia Space est en risque sur le transport de ses satellites, le constructeur utilisant des appareils Antonov et Volga. Enfin, il reste dépendant de quatre fournisseurs en Russie (fournisseurs de moteur, vannes et heat exchangers).

En dépit de ce contexte anxiogène, Thales, qui peut s'appuyer sur la visibilité donnée par son carnet de commande de plus de 34,7 milliards d'euros, s'est fixé comme objectifs d'atteindre une nouvelle fois après 2020 et 2021, un ratio book-to-bill supérieur à 1 en 2022. Le groupe vise un chiffre d'affaires dans la fourchette de 16,6 à 17,2 milliards d'euros, correspondant à une croissance organique comprise entre 2% et 6% par rapport à 2021. Il convoite une marge d'EBIT comprise entre 10,8% et 11,1%, en hausse de 60 à 90 points de base par rapport à 2021. A court terme, tous les feux sont au vert, notamment dans la défense (vers une augmentation des budgets de défense, notamment celui spectaculaire de l'Allemagne).

Michel Cabirol

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