
Enfin ! Enfin une bonne nouvelle pour la filière lanceur européenne. Le vol de Vega C a été un vrai succès pour le groupe italien Avio, pour la filière lanceur européenne et au-delà pour toute l'Europe entière, qui souhaite garder son autonomie stratégique d'accès à l'espace. Une autonomie qui a été malmenée avec l'arrêt brutal en février du lanceur russe Soyuz à Kourou en raison de l'invasion de la Russie en Ukraine, de l'arrêt programmé d'Ariane 5 ainsi que des retards de développement de Vega C, dont le premier vol avait été prévu en 2019, et d'Ariane 6, dont le premier exemplaire devait voler mi-juillet 2020.
Si ce succès très attendu n'efface pas pour autant toutes les erreurs d'une stratégie trop optimiste en matière de transition entre Ariane 5 et Ariane 6 et entre Vega et Vega C, il remet la filière, qui était sous pression, et l'Europe spatiale sur la bonne orbite. En attendant Ariane 6...
Un vol nominal
L'histoire aurait été trop simple si Vega C, sous maîtrise d'oeuvre italienne (Avio), était parti pile à l'heure. Le lancement du lanceur a eu lieu avec deux heures de retard, le compte à rebours ayant été interrompu à deux reprises moins de deux minutes avant le décollage pour des vérifications techniques après le signalement d'anomalies. C'était moins une avant la fin de la fenêtre de tir de Vega C... Un peu de chance - il en faut aussi dans ce domaine très technologique - mais surtout le savoir-faire des équipes d'Avio, d'Arianespace, du CNES et de l'agence spatiale européenne (ESA) ont permis de reprendre à temps le compte à rebours du lancement et ont contribué finalement au succès du vol de Vega C. "Trajectoire nominale, pilotage calme, paramètres à bord normaux", a alors pu annoncer le directeur des opérations à mesure que Vega C s'élevait mercredi dans le ciel guyanais.
Un vol qui a été nominal. "Je peux vous confirmer que les quatre moteurs ont parfaitement fonctionné à première vue, assure à La Tribune Daniel Neuenschwander, le directeur du transport spatial à l'Agence spatiale européenne. C'est une excellente nouvelle mais nous allons devoir approfondir cette première constatation avec toutes les équipes lors de l'exploitation détaillée de ce vol de qualification". un vol de qualification où à bord de Vega C il y avait logiquement énormément d'instrumentations pour mesurer toutes les performances du lanceur. Elles vont être décortiquées pendant quatre mois par l'ESA et Avio notamment. "Il faut vraiment maintenant effectuer un travail assidu et regarder tous les paramètres en détail", confirme Daniel Neuenschwander.
Un incident technique
Pourquoi ce retard de deux heures ? "C'était un petit sujet technique", explique Daniel Neuenschwander. "Il s'agissait d'un survoltage minime au niveau des batteries fonctionnelles, précise-t-il. Mais dans un vol de qualification, où il y a beaucoup de nouveaux paramètres, il faut apprendre à mieux connaître les seuils définis. Le seuil en question ayant été légèrement dépassé, nous avons dû effectuer rapidement un travail d'investigation. Ce qui nous a permis de refaire partie le compte à rebours".
Et le second arrêt de la chronologie ? "Nous avons eu un deuxième arrêt parce qu'en fait ce survoltage minime décelé a eu un impact sur les batteries de secours, qui a sollicité la sauvegarde (côté sol), explique le directeur du Transport spatial à l'ESA. Ces alertes démontrent la résilience du système. Quelque part aussi, c'est une bonne nouvelle de montrer que le système est robuste. Nous avons fait notre travail de vérification, qui a pris un tout petit peu de temps parce que nous voulions regarder s'il n'y avait rien d'autre de manière sous-jacente. Il faut toujours faire attention à ne pas rater un deuxième sujet éventuel que nous n'aurions pas détecté tout de suite parce que nous focalisions notre attention sur le premier". Et de conclure : "Nous avons pu évacuer ce sujet et Vega C a pu décoller, certes à la fin de la fenêtre de tir. Mais après un développement, qui a pris huit ans, ces deux heures ont été finalement bien investies".
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