Bruxelles finance ses premiers programmes de défense

La Commission européenne a lancé 16 projets industriels de défense pan-européens et trois projets technologiques de rupture. Ils vont bénéficier de 205 millions d'euros de financements à travers un fonds pilote pour la défense.
Michel Cabirol
Défense : les premiers projets de financement de la Commission européenne ont été lancé par le commissaire européen Thierry Breton
Défense : les premiers projets de financement de la Commission européenne ont été lancé par le commissaire européen Thierry Breton (Crédits : STEPHANE MAHE)

C'est un début timide ou prometteur (c'est selon). La Commission européenne a lancé lundi 16 projets industriels de défense pan-européens et trois projets technologiques de rupture. Ils vont bénéficier de 205 millions d'euros de financements à travers un Fonds pilote pour la défense EDIDP (programme européen de développement industriel de la défense) doté de 525 millions d'euros au total sur la période 2019/2020 : technologies portant sur les drones, sur le spatial (réseau de communications et technologie militaires pour satellites), sur les missiles anti-chars, sur les véhicules terrestre sans pilote et sur la cyber.

Des financements certes modestes, mais qui vont servir d'"accélérateur tout à fait important" à tous ces projets, a estimé le commissaire européen chargé du programme intérieur (Industrie, Défense, Espace...), Thierry Breton au cours d'un briefing. Ces crédits vont servir à financer des "démonstrateurs pour permettre de passer à la phase industrielle", a-t-il précisé. Cette opération pourrait être un premier pas important dans la mesure où cela peut amener les États membres de l'UE à s'approprier enfin et de façon très progressive le concept d'une Europe de la défense autonome sur le plan industriel et capacitaire.

"C'est quelque chose d'important. L'objectif est que l'ensemble des états membre se sentent de plus en plus concernés par la défense et par les industries de défense, et notamment les nouvelles technologies de défense", a résumé Thierry Breton.

24 États membres de l'Union européenne impliqués

Sur les 19 projets, dont neuf sont des projets PESCO (Coopération structurée permanente), 24 États membres sont représentés à travers leurs entreprises (223 concernées, dont 83 PME). De nouveaux projets européens devraient être signés en fin d'année, dont le drone MALE européen Eurodrone (100 millions d'euros) et le projet de communications militaires interopérables ESSOR (37 millions d'euros). Seul bémol, le financement de ces projets a été ouvert à quatre filiales d'entreprises étrangères basées au Canada, aux États-Unis et au Japon. Cette décision semble être contradictoire par rapport à cette volonté d'autonomie de la Commission. "Ce sont quatre entreprises sur 223", qui nous ont donné toutes les garanties, a précisé Thierry Breton.

"Les entreprises européennes ont également la possibilité de participer à des projets de défense au Canada et aux États-Unis sous des conditions strictes. On a appliqué des méthode similaires. Parmi les filiales de pays tiers qui ont répondu, beaucoup ont été éliminées. Nous avons retenu celles qui donnaient toutes les garanties que nous avions fixé : sécurité en matière d'approvisionnement, sécurité en matière de données et de brevets et évidemment pas de contrat de licence avec les pays d'origine. Ce sont des conditions assez classiques pour ce type de projets", a expliqué Thierry Breton.

Et le Fonds de recherche de défense ?

Thierry Breton reste très combatif pour doter au maximum le futur fonds de défense européen (FED), dont le montant devait initialement s'élever à 13 milliards d'euros sur la période 2021-2027. Soit 1,8 milliard d'euros par an sur sept ans. Un fonds qui ne fait pas l'unanimité des pays membres, dont certains ont cherché à le raboter en l'utilisant comme variable d'ajustement. La présidence finlandaise avait d'ailleurs réussi à diviser le montant par deux (6,5 milliards d'euros), la France a mis tout son poids pour le faire revenir à des montants plus raisonnables (9 milliards). "C'était très important de démontrer que le système fonctionne", a estimé Thierry Breton avec cette première salve de financement de projets européens, dont certains "très significatifs pour la maîtrise d'une partie de notre souveraineté définie à plusieurs et selon une gouvernance qui fonctionne".

"Ce qui est important c'est d'avoir une dynamique positive au moment où on rentre dans la discussion budgétaire devant le Parlement. Il faut être toujours être pragmatique dans ces affaires. Le fait que le budget ait été augmenté significativement par rapport à la proposition finlandaise est un signal fort", a fait observer le commissaire européen.

Sur l'espace, Thierry Breton a confirmé qu'il manquait encore 1 milliard d'euros pour atteindre les 16 milliards espérés initialement. "On va continuer à monter pour essayer d'atteindre l'objectif qu'on s'est fixé à 16 milliards d'euros", a estimé Thierry Breton. Le commissaire compte beaucoup sur des fonds de relance, notamment le fonds européen pour les investissements stratégiques (150 milliards d'euros), pour aller chercher de nouveaux crédits. Deux domaines - défense et espace - qui au départ ne rentraient pas dans les financements de ces fonds. "J'ai insisté pour qu'ils en fassent partie, a-t-il expliqué. Ce qui va nous donner des marges de manœuvre très significatives. On va aller le chercher des modes de financement complémentaire très significatifs" pour la défense et l'espace. Mais Thierry Breton a reconnu que la partie n'était pas gagnée...

Michel Cabirol

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Commentaires 6
à écrit le 17/06/2020 à 8:09
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La commission européenne n'a reçu aucun mandat démocratique l'autorisant à financer des moyens de défense à son bénéfice ! Les agissements de l'UE sont antidémocratiques et filtrent avec l'irrespect des traités, donc avec l'illégalité !

à écrit le 16/06/2020 à 14:58
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la vérité dans cette Europe dévoile l une EUROPE du chacun pour soi !

à écrit le 16/06/2020 à 5:31
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Un financement indépendant de l'otan qui permet d'assurer notre défense en Europe. Oui il nous faut une Europe de la défense et assurer une continuité de la défense face aux menaces extérieures à l'union européenne. Notre industrie militaire doit nou...

le 16/06/2020 à 9:14
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Indépendante de l'OTAN ??? Vous devriez relire le discours d'intronisation de Van Der Leyen... L'UE est pro-américaine

le 16/06/2020 à 19:18
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Nous défendre ? L'invasion de l'Irak de sadham, notre meilleur client à l'époque, c'était pour nous défendre ou le bras tordu par les 5 eyes dont on tire la plupart de nos technologies ? Pour nous défendre, sous le haut commandement en chemise ent...

à écrit le 15/06/2020 à 19:26
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Une administration hors sol qui se permet de se militariser ne présage rien de bon pour les ressortissants des pays membres!

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