18,7 milliards d'euros. C'est la somme que va demander le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher aux 22 États membres lors de la prochaine conférence ministérielle prévue fin novembre à Paris. Soit une croissance de 30% du budget de l'ESA par rapport à celui fixé fin 2019 lors de la conférence ministérielle de Séville (14,38 milliards d'euros) quand l'Allemagne était devenue le premier contributeur de l'Agence spatiale européenne (3,29 milliards). « Je comprends parfaitement que c'est beaucoup mais c'est nécessaire », a assuré Joseph Aschbacher lors de la conférence spatiale World Satellite Business Week, à Paris. Ce montant fait encore l'objet de négociations, a-t-il précisé.
« Ce sera une opportunité décisive pour l'Europe d'intensifier ses activités spatiales et d'être à la hauteur de son ambition », a-t-il résumé.
« L'Europe n'a pas le choix et doit augmenter ses investissements dans l'espace ou rester sur le bord du chemin », avait estimé le directeur général de l'ESA en juin au Paris Air Forum organisé par La Tribune, car le reste du monde connaît une accélération fulgurante. « Nous sommes très bons dans ce que nous faisons mais cela ne suffira pas », avait-il souligné.
La guerre en Ukraine complique la ministérielle
« La situation est extrêmement difficile, ce ne sont pas de bonnes conditions pour préparer une ministérielle », a pourtant expliqué le directeur général de l'ESA. Il a évoqué les conséquences de la guerre en Ukraine, l'inflation et la menace d'une récession économique en Europe. Le directeur de l'ESA a par ailleurs estimé que la guerre en Ukraine avait introduit une grande complexité dans la filière spatiale européenne, qui a affecté et affecte toujours « notre industrie de manière sans précédent. »
Ainsi, il a regretté que des missions scientifiques et des coopérations internationales, sur lesquelles l'Europe a beaucoup investi sur de longues périodes, puissent être stoppées net comme le programme ExoMars, qui a coûté plus d'un milliard d'euros. Il a également déploré que des infrastructures spatiales commerciales puissant être saisies indéfiniment, à l'image des satellites OneWeb. « Une expérience très douloureuse » pour le patron de l'agence spatiale.
Trois milliards pour le transport spatial
L'ESA va proposer aux États membres un budget de 3 milliards d'euros pour le transport spatial, a annoncé la semaine dernière le directeur du transport spatial de l'ESA, Daniel Neuenschwander, qui était présent à Kourou pour le lancement du satellite Eutelsat Konnect VHTS. « L'accès à l'espace est donc une priorité absolue », a d'ailleurs réaffirmé lundi à Paris Joseph Aschbacher, notamment en lançant « le plus rapidement possible » le lanceur Ariane 6. Au-delà, dans le cadre d'Horizon 2030, l'ESA prévoit d'ores et déjà une amélioration de la performance d'Ariane 64 pour lancer une constellation comme Kuiper. Le patron du transport spatial à l'ESA souhaite un développement rapide des programmes Prometheus (moteur réutilisable) et Themis (premier étage réutilisable) afin de « nous préparer à la réutilisation.»
L'Agence prévoit également « des investissements pour augmenter la cadence à cinq » Vega C par an, « voire même, dans certains cas, nous avons l'ambition d'effectuer six vols du lanceur sur une période de douze mois », avait expliqué cet été à La Tribune Daniel Neuenschwander. Pour cela, l'ESA va proposer un « paquet global » de 500 millions d'euros, qui comporte plusieurs investissements dédiés à Vega C et Vega E : amélioration de la performance du propulseur à propergol solide (P120C+), qui est conjoint avec Ariane 6, développement de Vega E ; exploitation et adaptation (boucle système) de Vega C.
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