« Sur le cloud de confiance, on ne parle pas de souveraineté absolue » (Guillaume Poupard, Anssi)

Le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) Guillaume Poupard estime que les acteurs français du numérique ne sont « pas capables de développer un cloud de haut niveau avec des technologies exclusivement françaises ». D'où la possibilité à des opérateurs français de s'associer à des GAFAM.
Michel Cabirol
Nous ne sommes pas capables de faire du cloud de haut niveau en France aujourd'hui avec des technologies exclusivement françaises développées en France, a asséné mercredi le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) Guillaume Poupard lors d'une audition au Sénat.
"Nous ne sommes pas capables de faire du cloud de haut niveau en France aujourd'hui avec des technologies exclusivement françaises développées en France, a asséné mercredi le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) Guillaume Poupard lors d'une audition au Sénat. (Crédits : Anssi)

« Nous ne sommes pas capables de faire du cloud de haut niveau en France aujourd'hui avec des technologies exclusivement françaises développées en France, a asséné mercredi le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) Guillaume Poupard, lors d'une audition au Sénat. Personne n'est vraiment capable de faire cela". Une mise au point très claire pour tous ceux comme par exemple le député Philippe Latombe qui pensent encore le contraire... Et d'appeler un chat, un chat : « sur le cloud de confiance, on ne parle pas de souveraineté absolue », a martelé le patron de l'ANSSI, qui était interrogé par François Bonneau (Union centriste).

Le sénateur de la Charente se demandait en effet comment l'ANSSI pouvait « garantir que des données sensibles ne puissent pas être vues par des puissances étrangères au travers des clouds » proposés par « OVH, Atos, Thales » alors qu'ils sont « tous adossés à des entreprises, qui font partie des GAFAM ». Ceci, alors que mi-septembre, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton et le ministre délégué au NumériqueJean-Noël Barrot avaient affiché un soutien clair, massif et sans ambiguïté à la filière française du cloud. Objectif : les mettre enfin au cœur de la stratégie nationale, et leur lever un certain nombre de frein. L'État joue intelligemment sur les deux tableaux.

Plus de 270 critères pour être labellisé SecNumCloud

L'ANSSI s'appuie sur son référentiel SecNumCloud pour certifier des solutions de cloud de confiance qui soient « à un niveau de sécurité ». Guillaume Poupard confirme ainsi que des solutions mixtes de confiance entre des opérateurs français tels que Capgemini, Orange, Thales, associés à des GAFAM ne sont pas rédhibitoires à condition de respecter plus de 270 critères fixés par l'ANSSI, qui exige entre autres une protection juridique. « Il est clairement dit que le contrôle, notamment au-delà de toutes les règles de sécurité techniques et opérationnelles, le contrôle des sociétés qui opèrent ces services, ne doit pas être extra-européen pour justement mettre autant que possible à l'abri ces offres de ces juridictions. Il y a de nombreuses initiatives en cours qui permettent d'apporter » cette protection, explique Guillaume Poupard.

Les groupes français, qui souhaitent mettre en place une offre de cloud de confiance, devront se mettre en conformité avec tous ces critères, sous peine de ne pas obtenir le fameux sésame, le label SecNumCloud. Interrogé par la Tribune, Thales, qui investit financièrement dans un projet de cloud de confiance avec Google, compte bien remplir ces obligations. « Ces solutions, en plus de solutions purement européennes, nous semblent indispensables pour couvrir l'ensemble du marché », souligne par ailleurs le patron de l'ANSSI. C'est important de travailler sur des solutions qui permettent d'éliminer le plus possible ces risques juridiques. « Une circulaire sera publiée dans les semaines qui viennent pour clarifier le niveau de protection des données et garantir leur protection face à l'extraterritorialité américaine », avait précisé mi-septembre Bruno Le Maire.

« Les acteurs français ont tendance à travailler en propre mais également avec des fournisseurs de technologies qui ne sont pas tous européens, notamment avec des américains. Ce n'est pas de la souveraineté absolue, mais en termes de sécurité, ça permet de contrôler les choses », estime Guillaume Poupard.

Le directeur général adjoint chez Thales, en charge des systèmes d'information et de communication sécurisés, Marc Darmon, avait estimé en juillet dans une interview accordée à La Tribune que le partenariat avec Google dans le cadre de S3NS allait offrir « un degré de sécurité supérieur qui n'existait pas encore et que l'idée est d'avoir le meilleur des deux mondes : la puissance d'une plateforme telle que celle de Google Cloud avec des règles de sécurité qui sont certifiées par l'ANSSI ».

« Ce qui est fait par les GAFAM est bien fait »

En revanche, les clients qui ne souhaitent pas avoir ce haut degré de protection contre les juridictions extraterritoriales, américaine ou chinoise, peuvent également acheter des services aux GAFAM que ce soit Microsoft, Google, Amazon Web Services pour se protéger contre la cybercriminalité. « Leur niveau de sécurité est très important pour se protéger de la menace criminelle. Objectivement, ce qui est fait est bien fait. Ce serait malhonnête de dire l'inverse », explique Guillaume Poupard.

Et il y a du boulot pour tout le monde. Ainsi, selon lui, en 2020 il y a eu 786 attaques du niveau de l'ANSSI, c'est-à-dire qui peuvent concerner des questions de sécurité nationale. En 2021, l'ANSSI en a dénombré 1.082. Soit 37 % d'augmentation. « On continue à être sur une croissance qu'on peut qualifier d'exponentielle au sens mathématique du terme. La situation ne fait que s'aggraver fondamentalement », rappelle le patron de l'ANSSI.

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 26/10/2022 à 17:52
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Ce monsieur a raison. nous sommes incapables de faire QUOIQUE CE SOIT qui soit invisible aux USA. C'est pas plus mal. car on s'en serait servi pour le vendre à des dictateurs. On ne remplacera jamais l'éthique, ou la morale avec des billets ou des ...

à écrit le 10/10/2022 à 13:24
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Du temps, de la patience, une appétence pour le travail auprès d’enfants, une certaine expérience aussi… Dans cette liste, sans doute bien plus longue, d’éléments nécessaires aux missions menées par les accompagnants d’élèves en situation de handicap...

à écrit le 10/10/2022 à 13:15
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La riposte s’organise au sein du Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne). Dans les prochains jours, 700 000 courriers vont être adressés à l’ensemble des patients et personnels de l’hôpital, et qui sont potentiellement ...

à écrit le 09/10/2022 à 20:10
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Ah, il est temps de changer de patron, on est mal on est mal chef, la solution est de mettre en faillite l Anssi, et hop on recommence sur le cloud russe, fiable, souverain , de haut niveau

à écrit le 09/10/2022 à 20:00
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Bonjour, Ils n'y a aucune confiance a avoir dans un Cloude... Toute zone d'hébergement de données est toujours propice à un vol de donnée, direct ou indirecte... Ils est impossible de disposé d'un vrai espace sécurisé... Bien sûr ils ne faut pas ...

à écrit le 08/10/2022 à 20:06
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Pendant ce temps Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders a salué ainsi l'annonce de la signature d'un décret de Joe Biden qui ouvre la voie à une procédure côté UE qui pourrait se conclure "au printemps prochain", au sujet des règles...

à écrit le 08/10/2022 à 13:26
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« Nous ne sommes pas capables de faire du cloud de haut niveau en France aujourd'hui avec des technologies exclusivement françaises développées en France" Traduction : Washington ne veut pas ! Pour rappel les gafams ,ne sont pas des dieux sortie de...

à écrit le 08/10/2022 à 10:19
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C'est quoi cette logique de perdant? Il ferait mieux de se taire ce monsieur. S'il a identifié des failles, qu'il mette de l'argent pour la montée en compétence des personnels et la mise au point des technologies nécessaires.

à écrit le 08/10/2022 à 9:13
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Pour le cloud, on parle plutôt de déchèterie payante vue le nombre de données inutiles qui vont s'y perdre ! ;-)

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