"Pacifique" mais pas "passif", "actif » mais pas "activiste"...Bernard Arnault n'a pas résisté à la tentation du jeu de mots à propos de sa participation dans Hermès, lors des résultats annuels de LVMH révélés ce vendredi. "Actif signifie qu'il a continué de progresser activement dans sa montée au capital mais surtout qu'il veut renforcer les relations avec Hermès", décrypte un proche.

Le patron du leader mondial du luxe souhaite en effet "établir des relations constructives au niveau stratégique et opérationnel avec Hermès", a-t-il indiqué, osant même déclarer avoir été "surpris lui-même de devenir actionnaire d'Hermès, alors que ce n'était pas prévu".

"Proust ou Stendhal ?"

Selon Bernard Arnault, opposer les cultures - sous-entendu : comme le fait en permanence le gérant d'Hermès, Patrick Thomas - est un brin "stérile". "Est-ce que vous préférez Hermès ou Louis Vuitton, Proust ou Stendhal, les deux sont de bons auteurs et nous nous positionnons un peu comme la Pléiade en regroupant des auteurs aussi bons que différents", a-t-il ajouté.

Concernant ces résultats, Bernard Arnault a souligné que 2010 marquait plusieurs records. Pour la première fois, le chiffre d'affaires dépasse les 20 milliards d'euros, le résultat opérationnel les 4 milliards, le résultat net les 3 milliards, le cash flow les 3 milliards, etc. La bourse n'a pourtant pas applaudi des deux mains. Le titre a perdu 2,44%.

Comparé à Hermès, dont les ventes progressent en organique de 19 % sur l'année, celles de LVMH ne grimpent en effet " que " de 13 %, à la fois au global et sur la branche mode et maroquinerie, la plus comparable aux produits de la Maison du 24 Faubourg. Les ventes de carrés de soie et de sacs en cuir sont en effet souvent comparées à celles de Louis Vuitton, qui représente quelques 5,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires mais la moitié des profits de LVMH et dont les ventes progressent en 2010 de quelques points au dessus de 13%.

"Mais attention, il faut prendre en compte le rachat par Hermès de ses licenciés pour les transformer en joint venture ou en boutiques propres", glisse-t-on côté LVMH. La politique de reprise en propre de sa distribution a en effet conduit Hermès a racheter cette année quelques concessions de partenaires, notamment au Japon.

Louis Vuitton, de son côté, a eu beaucoup de mal à suivre le rythme effréné de la demande en terme de production. Son patron, Yves Carcelle, a d'ailleurs sifflé la fin de la ruée vers l'or du déploiement international pour se concentrer désormais sur l'extension des boutiques existantes, afin de les rendre encore plus séduisantes. Celle de Rome triplera de volume en prenant la place d'un cinéma historique dont la salle sera gardée pour des projections spéciales, une île Vuitton ouvrira à Singapour, la première boutique de bijoux Vuitton prendra bientôt la place du magasin Bulgari Place Vendôme à Paris, etc.

"A court de bouteilles"

La branche vins et champagnes a également connu quelques problèmes de livraison en 2010, situation exactement inverse de celle de 2009, lorsqu'il fallait gérer le trop plein de stock en pleine crise. "Nous avons été un peu à court de bouteilles", sourie Bernard Arnault, qui se félicite de l'envolée des prix de son Cheval Blanc, passé de 60 euros lors de son rachat en 1998 à 600 euros pour le millésime 2009.

Dans toutes les divisions du groupe, la croissance des ventes est revenue à deux chiffres. Sauf dans les parfums, qui progressent de 9 %, contre 16 % chez Hermès. Raison de plus pour Bernard Arnault d'être « actif » face à Hermès. Comme pour faire un clin d'?il accrocheur aux actionnaires du groupe convoité, lui propose un dividende de 2,10 euros (après acompte du 0,70 euros) lorsque celui de Hermès dépasse rarement les 1,10 euros.