Patrick Ricard, l'autodidacte qui hissa « le petit jaune » au deuxième rang mondial des spiritueux

Patrick Ricard, décédé vendredi à 67 ans, n'était pas prédestiné à tenir plus de 30 ans les rênes de Pernod Ricard , mais cet industriel autodidacte sut flairer les bons "coups" pour transformer l'entreprise familiale marseillaise en géant mondial des vins et spiritueux.
Patrick Ricard / AFP

Dans l'ombre de son père Paul, le fondateur tout puissant du groupe, Patrick Ricard débute comme attaché de direction à 22 ans, sans diplôme, après avoir été livreur et représentant dans cette entreprise où la promotion interne basée sur les mérites est alors mieux considérée que les parchemins universitaires. Sa chance viendra de la décision de son père de prendre une retraite anticipée - même si celui-ci continue de peser sur les décisions jusqu'à sa mort en 1997 - et d'écarter son frère aîné Bernard, à qui la succession était normalement promise. Comme le fit un autre patron autocrate Francis Bouygues qui écarta son fils aîné Nicolas au profit de Martin, un autre non-diplômé.

Quatre ans après la fusion fin 1974 avec Pernod, son principal rival dans les alcools anisés, Patrick Ricard devient, à seulement 33 ans, PDG de Pernod Ricard après le décès de Jean Hemard, le propriétaire de l'autre groupe marseillais. Modeste, pratiquant mal l'anglais et peu porté sur les mondanités, Patrick Ricard a l'intelligence de bien s'entourer.
Il s'appuie d'abord sur Thierry Jacquillat qui va conduire l'expansion du groupe avant de le recentrer sur les spiritueux après s'être délesté des boissons sans alcool, dont Orangina, et des vins français pour ne garder que ceux du l'hémisphère sud dont l'Australien Jabob's Creek.

Chasseur et mécène
C'est ensuite à Pierre Pringuet, actuel directeur général, qu'il confie au début des années 2000 la tâche de donner une dimension véritablement internationale au groupe grâce à une politique ambitieuse d'acquisitions. Une étape majeure est franchie fin 2001, quand Pernod Ricard se partage avec le numéro un mondial des vins et spiritueux, le britannique Diageo, les dépouilles du canadien Seagram, récupérant le cognac Martell et le whisky Chivas.

En 2005, cet amateur de chasse et du "petit jaune" qu'il était souvent seul à boire lors des cocktails, réussit un deuxième coup de poker en achetant le britannique Allied Domecq, propriétaire d'une pléthore de marques, comme le gin Beefeater, les champagnes Mumm et Perrier Jouët et le whisky Ballantine's. Son groupe talonne le numéro un mondial Diageo (bière Guinness, vodka Smirnoff) après le rachat en 2008 du groupe suédois Vin & Sprit, propriétaire de la vodka Absolut, l'une des quatre marques de spiritueux dépassant les 10 millions de caisses vendues par an dans le monde.

A l'instar de son père, amateur d'art et ami de Dali et Picasso, Patrick Ricard lâche les rênes opérationnels du groupe à 63 ans, pour se consacrer à ses passions, comme l'opéra ou l'art moderne. Conseillé par sa deuxième femme Corinne, il joue aussi les mécènes, notamment pour le musée des Arts premiers du quai Branly.
En novembre 2008, ce père de trois enfants choisit pour sa succession Pierre Pringuet, son bras droit depuis huit ans qui devient le premier dirigeant du groupe extérieur à la famille Ricard, détentrice de 14% du capital. Patrick Ricard conservait néanmoins depuis son poste de président du conseil d'administration, une façon selon lui de "prendre un peu de champ tout en restant toujours là".

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Commentaires 2
à écrit le 20/08/2012 à 14:41
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On peut mourir aussi bêtement d'un infarctus à 67 ans même avec une fortune colossale !!! Ce n'est pas juste !!!

à écrit le 18/08/2012 à 16:28
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Patrick Ricard, l'autodidacte qui hissa « le petit jaune » au deuxième rang mondial des spiritueux et les addictes au cimetière.

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