Nouveaux modèles (Peugeot 2008, Citroën C4 Picasso), maquettes didactiques illustrant les nouvelles technologies (Hybrid 4, Hybrid Air),  hôtesses en tenue sexy (chez Peugeot), PSA aura tout fait, au salon de Genève, pour démontrer qu'il était toujours bien vivant. Histoire de faire oublier les pertes abyssales de 2012, la consommation accélérée de cash, les polémiques politico-sociales sur sa fermeture de l'usine d'Aulnay et les interrogations des experts sur son avenir. "Nous avons une sécurité financière de plus de dix milliards d'euros. On est capables de diviser par deux la consommation de cash cette année", a martelé Frédéric Saint-Geours, Directeur des marques du groupe français lors de l'exposition automobile suisse, ajoutant : "nous sommes en ligne avec notre objectif d'une part de marché européen de 13% cette année (ndlr:  12,7% en 2012, utilitaires compris)".

Hausse des commandes

"Nous avons bon espoir d'une progression de nos ventes dans le monde en 2013", renchérit Frédéric Banzet, Directeur général de Citroën. "Les concessionnaires Peugeot en Europe ont  accru leurs commandes vis-à-vis des particuliers de 14% en février", note pour sa part Jean-Philippe Imparato, Directeur des ventes Europe de PSA. "Nous avons un niveau de stocks beaucoup plus bas qu'en 2012. On a réduit de 20.000 unités les ventes aux loueurs de courte durée (ndlr: peu rentables) et diminué les volumes de véhicules de démonstration et de service en Allemagne (ndlr: autre canal peu profitable)", insiste Jean-Philippe Imparato, tout en précisant: "nous gagnons globalement de l'argent en Europe, même si ce n'est pas le cas sur tous les marchés européens". Frédéric Banzet se félicite des succès de la sa ligne "distinctive" DS, qu'il affirme "très rentable".

Plein de nouveautés

Citroën, qui vient de démarrer son cabriolet DS3,  va commercialiser en juin son monospace compact C4 Picasso de dernière génération en version courte, puis en septembre la version longue.  Peugeot livrera en mai sa première 2008 (break surélevé dérivé de la 208 à l'allure de 4x4 mais à simple traction avant), puis un monospace compact 3008-5008 restylé en septembre, en même temps que son futur fer de lance, la berline compacte 308, suivie d'une version break vers la fin de l'année.

Points forts techniques

Et pour l'avenir à moyen terme? "Nous bénéficions de points forts:  nous sommes en avance dans la réduction des émissions de C02, nous continuons d'innover avec le diesel hybride, le "Stop and Start" (ndlr: arrêt et redémarrage du moteur au feu rouge qui fonctionne particulièrement bien sur les modèles PSA), puis l'Hybrid Air pour 2016", souligne Guillaume Faury, Directeur de la recherche et du développement du consortium tricolore. "Nous innovons également dans la télématique, l'interface homme-machine sur la Peugeot 208 et la future 308, le nouveau Citroën C4 Picasso". Enfin, PSA compte tirer parti de son alliance - controversée - avec GM. "Nous allons faire avec eux des modèles sur la plate-forme EMP1, qui est une évolution de la plate-forme 1 de PSA (petits modèles). Sur notre plate-forme EMP2 (ndlr: véhicules compacts et de gamme moyenne supérieure), Opel (marque allemande de GM) fera son futur monospace compact Zafira. Et nous étudions des coopérations avec GM en Amérique du sud et en Russie", souligne Guillaume Faury.

Accélération des lancements

Alors, PSA est-il vraiment sur les rails? Les prochains véhicules semblent a priori réussis. Nous avons eu en effet le privilège d'en voir certains en avant-première ainsi que des maquettes de véhicules futurs. Le constructeur nourrit également des plans d'expansion en Amérique latine et en Chine avec plusieurs lancements prévus. Les nouveaux modèles s'accélèrent dans ces pays. En Chine, toute une gamme DS sera notamment produite. "Il y aura une berline compacte à quatre portes en 2014, puis un "SUV" (4x4) et un grand modèle", précise Frédéric Banzet.

Fortes pertes

Le problème, c'est que PSA, qui a réduit sa production de 18,7% l'an dernier à 2,91 millions de véhicules, perd énormément d'argent en opérationnel! Le groupe a d'ailleurs dû, fin février,  procéder à une émission obligataire d'un milliard d'euros. Le constructeur français, qui a prévu de supprimer 11.000 postes entre 2011et 2014 en France,  a affiché au titre de 2012 une perte nette de 5,01 milliards d'euros (dont 4,19 milliards pour le second semestre), contre un bénéfice de 588 millions l'année précédente. Celle-ci inclut des dépréciations d'actifs massives, à hauteur de 4,7 milliards. Le groupe a vu son résultat opérationnel courant plonger dans le rouge de 576 millions. Dans la seule division automobile, PSA affiche un déficit opérationnel de 1,5 milliard, soit une marge négative de 3,9%. La dette nette demeure lourde à 3,15 milliards d'euros.

Problème de management

Pour 2013, le groupe vise une consommation de cash opérationnel de 1,5 milliard d'euros, soit 4 millions par jour! Le patron de PSA , Philippe Varin, affirme que le retour à l'équilibre de la trésorerie opérationnelle interviendra... fin 2014.  Mais l'agence de notation Fitch a annoncé, récemment, la dégradation d'un cran de la note de dette à long terme de PSA. Cette dégradation reflète la "préoccupation" de Fitch quant aux capacités de PSA à sortir ses activités automobiles du rouge. Fitch affirme que les objectifs de PSA devraient être reportés à 2015, au mieux ! "On ne comprend pas comment, avec de bons produits, PSA peut perdre autant d'argent. Le problème principal de PSA, c'est son management", explique le patron d'un groupe concurrent. Un constat partagé par beaucoup, chez les rivaux, les observateurs comme en interne. Il manque une vraie stratégie automobile cohérente à long terme. Et ce n'est pas nouveau. Depuis l'échec il y a une dizaine d'années de l'objectif des 4 millions de véhicules sous l'ère de Jean-Martin Folz, le groupe est en panne de projet clair, mobilisateur et structurant. Inquiétant, en dépit des réels talents des ingénieurs maison.