GM se retire du capital de PSA : la "grande alliance" qui fait pschitt

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  764  mots
La grande alliance, vantée en février 2012, se limite à des coopérations technico-industrielles
GM annonce qu'il vend les 7% du capital de PSA qu'il détenait. Le mariage stratégique planétaire, noué début 2012, se limitera à des coopérations. PSA négocie avec le chinois Dongfeng et l'Etat français.

La grande alliance, c'est fini! General Motors (GM) annonce ce jeudi qu'il vend ses 7% dans PSA. Le mariage stratégique, tant vanté par le président de PSA Philippe Varin en février 2012, trouve ici ses limites. L'américain cède "24,8 millions d'actions par l'intermédiaire d'un placement privé à des investisseurs institutionnels", indique le  consortium de Detroit dans un communiqué. Le placement des actions détenues par General Motors dans le capital de Peugeot SA se fait entre 10 et 10,25 euros par action, a-t-on appris auprès de traders.

"Notre investissement était destiné à soutenir PSA dans ses efforts pour lever du capital au moment de la création de l'alliance entre GM et PSA, et ce soutien n'est plus nécessaire", a commenté le vice-président de GM, Steve Girsky, non sans hypocrisie! GM avait fait savoir un peu plus tôt qu'il "renonçait à son droit de mettre fin (...) à l'Alliance dans l'éventualité d'une prise de participation de certains tiers au capital de Peugeot". 

Ce retrait est logique. PSA avait en effet annoncé plus tôt jeudi une révision à la baisse du périmètre de son alliance avec GM, au terme de laquelle les synergies espérées seraient quasiment réduites de moitié, soit "environ 1,2 milliard de dollars par an à partir de 2018" (870 millions d'euros). Le français et l'américain ont abandonné les projets phares d'une plate-forme conjointe pour petits véhicules et d'un moteur à essence de petite cylindrée.

Rien que des coopérations techniques

L'Alliance se limite donc in fine à des coopérations techniques et industrielles. Elle sera concentrée sur le périmètre européen, alors que PSA espérait que GM pourrait l'aider hors du Vieux continent. Ce que l'américain, notamment fort au Brésil et implanté en Inde, s'est bien gardé de faire... Il est vrai que GM est réputé pour avoir toujours raté ses alliances, avec les japonais Isuzu, Suzuki, Fuji Heavy (Subaru) puis l'italien Fiat.

La coopération entre PSA et Opel, filiale allemande en déficit structurel de GM,  se bornera à une production d'un futur monospace compact Opel chez PSA à Sochaux, la fabrication des minispaces des deux groupes chez General Motors à Saragosse (Espagne). Ces deux familles de véhicules seront développées "sur des plates-formes PSA". Les premiers véhicules issus de l'alliance devraient être commercialisés à partir de 2016. Un  programme portant sur une nouvelle génération de véhicules utilitaires légers est également lancé.

En crise profonde et en quête d'argent frais,  PSA est par ailleurs en train de négocier une autre grande alliance avec, cette fois, le chinois Dongfeng. Le groupe automobile français, qui devrait changer de président l'an prochain avec l'arrivée de Carlos Tavares, "confirme étudier des nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, y compris Dongfeng Motor, ainsi qu'un projet d'augmentation de capital. Il n'y a aucun accord sur les termes d'une éventuelle opération. Ces discussions sont à un stade préliminaire", soulignait jeudi matin le constructeur tricolore.

20% pour Dongfeng et l'Etat français

Le conseil de surveillance de  PSA Peugeot Citroën a approuvé le principe d'une augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros impliquant le groupe public chinoiset l'Etat français, annonçait mercredi l'agence Reuters. Cette proposition, qui n'a pas encore été finalisée, prévoit une augmentation de capital préférentielle avec droits de souscription pour les actionnaires existants et une augmentation de capital réservée, dont le prix serait fixé à moins de sept euros par action, a ajouté une source proche du dossier.

Selon les termes de la proposition, Dongfeng et l'Etat français prendraient chacun environ 20% du groupe, tandis que la famille Peugeot verrait sa participation ramenée à 15% environ, a poursuivi la source. Le capital de PSA Peugeot Citroën est contrôlé aujourd'hui à 25,2% par la famille fondatrice - qui possède 37,9% des droits de vote.  GM avait fait savoir dernièrement qu'il ne souscrirait pas à une nouvelle augmentation de capital. Dès lors, condamné à être dilué, l'américain n'avait aucune raison de demeurer actionnaire.

"L'Etat suit de très près le dossier", indique-t-on dans l'entourage du premier ministre Jean-Marc Ayrault. Cet intérêt s'explique notamment "par le poids industriel et économique important de PSA en France". Le groupe employait plus de 91.000 personnes dans l'Hexagone à fin 2012, sur un total de 202.000 salariés, et ses usines françaises assurent un tiers de sa production totale de véhicules. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a assuré pour sa part que PSA "restera français"