Pick-up : le « cheval de trait de l'Amérique » devient électrique

Sur le marché balbutiant des véhicules électriques, la société Via Motors se distingue avec des pick-up, des camionnettes et des SUV neufs qu'elle rachète à GM. Et elle vient de signer un contrat de 20 millions de dollars avec l'administration américaine.
À 81 ans, Bob Lutz, légende vivante de l'industrie automobile américaine, apporte toute sa crédibilité à la démarche entrepreneuriale de Via Motors. / DR

Le châssis est celui du Chevrolet Silverado, l'un des fleurons de General Motors. La différence du pick-up Via Motors se trouve plutôt sous la carrosserie. La société a remplacé la transmission et l'échappement par une batterie électrique suffisamment puissante pour lui assurer une autonomie de 60 km sans réduire ce qui fait l'intérêt du « cheval de trait de l'Amérique » : sa puissance. Soixante kilomètres, c'est la distance quotidienne maximale parcourue par deux tiers des Américains.

Au-delà, un générateur électrique tournant à l'essence prend le relais pour 300 km supplémentaires. Les « V-Trux » contournent ainsi les traditionnels problèmes d'autonomie de cette technologie tout en limitant la consommation de carburant à 3 litres aux 100 km. Incroyable (ou presque) au pays de l'Oncle Sam.

Alors que Tesla semble en passe de réussir son pari de la voiture électrique de luxe avec le Model S, Via en tente un autre, celui des utilitaires « verts ». Un marché jusqu'alors inexploré, alors qu'il s'agit à la fois d'engins gourmands (plus de 10 litres aux 100 km) et très populaires aux États-Unis.

En 2013, les ventes de pick-up devraient y atteindre les 2 millions d'exemplaires. En recyclant des modèles existants, Via s'épargne également un long et coûteux travail de développement. Plus que sur son idée, la crédibilité de Via Motors repose sur un homme : Bob Lutz. Membre de son conseil d'administration, il a pleinement joué son rôle de VRP de luxe, lors du dernier salon de l'Auto de Los Angeles, fin novembre. À 81 ans, cet Américano-Suisse est en effet une légende vivante de l'industrie automobile. Il a notamment porté le succès (50.000 modèles vendus en trois ans) de l'électrique Chevy Volt (Opel Ampera en Europe). Et il rassure les investisseurs par son aura et un discours pragmatique.

Grosses économies sur le carburant et l'entretien

S'il a déclaré en 2008 que « l'électrification de l'automobile était inévitable », il a aussi qualifié le réchauffement climatique de « plus grosse arnaque de l'histoire de l'humanité ».

Avec un prix du baril en hausse constante, l'électrification relève pour lui de la pure logique économique.

« Les V-Trux ont du sens, non pas parce qu'ils sont bons pour l'environnement, mais parce qu'ils coûtent moins cher, explique ce francophone. L'erreur de l'industrie, c'est d'avoir conçu l'électrique pour des petites voitures qui consomment peu à la base. »

Créée en 2010, Via a inauguré cet automne sa première usine de montage à San Luis de Potosi, au Mexique, une zone de libreéchange où se trouvent déjà Chevrolet, des fournisseurs et une main-d'oeuvre qualifiée. L'entreprise installée dans l'Utah s'est fixé un objectif, optimiste, de 7500 ventes en 2014. Cela étant, le contrat de 20 millions de dollars signé avec le département américain de l'Énergie en octobre dernier constitue une étape de plus dans son développement. Via équipera une agence du contrôle de la qualité de l'air en Californie. Les performances des véhicules fournis seront analysées afin de mesurer leurs économies effectives.

« 20 millions, c'est peu à l'échelle de l'industrie », analyse Sebastian Blanco du site spécialisé Autoblog Green, « mais cela leur dégage de la trésorerie et c'est le signe que le projet est jugé suffisamment prometteur pour engager de l'argent public ».

Via Motors fournit déjà une cinquantaine de sociétés comme le géant de la communication Verizon. L'économie en carburant pourrait représenter jusqu'à 10 millions de dollars par an pour un groupe comme Pacific Gas and Electric.

« Via est seul sur ce marché. Si ses V-Trux tiennent leurs promesses, les entreprises n'auront pas d'autre choix pour électrifier leur parc », prédit Noel Adams de EVWorld.com.

La marque aura plus de mal à convaincre les particuliers. Elle souffre des handicaps récurrents de l'électrique : le temps de recharge (au moins trois heures) et le prix de son V-Trux (79.000 dollars minimum).

« Il faut éduquer le client à voir plus loin que le prix de vente et travailler sur le financement », prévient Alan Perriton, le PDG.

Selon ses calculs, le V-Trux coûterait sur la durée jusqu'à 30.000 dollars de moins que la version conventionnelle grâce aux économies sur la maintenance (peu d'entretien mécanique nécessaire) et l'essence. Le développement de points de vente constitue un autre enjeu. Aujourd'hui, ces véhicules ne sont disponibles que sur Internet.

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Commentaires 2
à écrit le 30/12/2013 à 11:03
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On peut déjà trouver la même chose mais avec moins de chargement pour 33.000 euros et trois ou quatre en occase avec peu de km pour 26.000 euros, c'est la Chevrolet Volt. Si on rentre tous les soirs charger et on ne fait pas plus de 60/70 km, on a ...

à écrit le 28/12/2013 à 18:12
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La Chine annonce, par le biais de son autorité de régulation, le rappel d’1,5 millions de véhicules de Ford et General Motors à partir du 15 février.

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