Batteries électriques : la gigafactory d'Envision à Douai prévue pour fin 2024

Annoncé en juin dernier, le projet de gigafactory d'Envision devrait démarrer son activité d'ici 2024, avec une production annoncée de 9GWh par an pour atteindre 30GWh par an d'ici 2029. La future unité de production de batteries sera implantée sur le site de Renault Douai, dans le Nord.
A horizon 2024, la gigafactory sera en mesure de produire 9GWh par an, avec une surface de 20 hectares.
A horizon 2024, la gigafactory sera en mesure de produire 9GWh par an, avec une surface de 20 hectares. (Crédits : Envision)

Le compte à rebours a commencé. D'ici fin février, la demande d'autorisation environnementale sera déposée. « Si nous obtenons le permis de construire, le démarrage des travaux devrait être effectif fin juillet 2022 », estime Ayumi Kurose, directeur du projet chez Envision AESC. « La construction durera un an et demi. Nous allons introduire progressivement les équipements. La phase de mise au point ira vraisemblablement jusqu'en décembre 2024 ».

Filiale du groupe chinois Envision, la société Envision AESC, siégeant au Japon avec comme actionnaire historique Nissan, porte ce projet de gigafactory à Douai avec Renault (propriétaire du terrain actuel et premier client d'Envision AECS), Réseau de Transport d'Electricité (RTE) et l'Etablissement public foncier (EPF) des Hauts-de-France. Avec ses quatre usines de batteries (au Japon, en Angleterre, aux États-Unis et en Chine), la société Envision AESC a déjà équipé en 14 ans plus de 600.000 véhicules dans le monde « sans incident critique », souligne Ayumi Kurose.

Le futur site douaisien se développera en deux phases. A horizon 2024, la gigafactory sera en mesure de produire 9GWh par an, avec une surface de 20 hectares. « Les études sont encore en cours car suite à l'étude préalable et à la concertation avec les autorités environnementales, nous allons éviter de construire dans l'aire actuellement boisée : nous nous sommes reportés sur une aire de parking et nous sommes encore en train d'optimiser l'espace, afin de rendre l'emprise des futures usines plus restreinte ».

Différentes phases

Concrètement, un premier atelier de 9GWh par an sera d'abord construit, avant de voir arriver à proximité un deuxième atelier de même puissance en 2025, selon les commandes reçues. Suivi à nouveau d'un troisième ou quatrième atelier en théorie, dimensionné en fonction de l'appétence du marché. L'objectif final étant de se rapprocher d'un potentiel de production de 40 GWH en 2029, cette fois-ci sur une emprise de 60 hectares. « Envision est en discussion avec au moins cinq constructeurs ayant des usines en Europe », a précisé Patrick Pélata, ex-directeur général de Renault et aujourd'hui à la tête du cabinet de conseil Meta Consulting.

Du côté des aides publiques, s'il a été mentionné des subventions au niveau national et régional lors de la présentation, aucun chiffre précis n'a été annoncé. « Les aides, très encadrées, pourraient porter sur 3,5% des investissements, soit entre 25 et 30 millions d'euros sur le total de l'investissement estimé aujourd'hui à 800 millions d'euros. Nous n'avons pas encore enclenché les démarches », précise le directeur du projet chez Envision AESC.

A titre de comparaison, le projet similaire d'ACC, situé à quelques kilomètres à Douvrin près de Lens dans le Pas-de-Calais, a eu un accord pour 121 millions d'euros d'aides publiques pour 2 milliards d'investissement. 80 millions d'euros seront versés par le conseil régional Hauts-de-France (soit quasiment l'intégralité de son enveloppe consacrée à la relocalisation de l'industrie du plan de relance) et 41 millions provenant des collectivités locales.

Jusqu'à 3.000 salariés

Du côté des emplois, il est prévu de recruter 1.000 à 1.200 salariés pour le démarrage de l'activité, les effectifs pouvant atteindre 3.000 ou plus « dans les trois dernières années de la décennie », précise Luciano Biondo, vice-président électro et low carbon vehicle (LCV). Le projet voisin d'ACC à Douvrin table, lui, sur la création de 1.200 à 2.000 emplois.

« Renault a annoncé le lancement de quatre voitures électriques à Douai, dont la Renault 5 qui se voudra abordable à moins de 20.000 euros et la Mégane. 80% de la production de batteries d'Envision sera dédiée à Renault. Une grande majorité des voitures électriques Renault de France sera fabriquée à Douai », a-t-il ajouté, estimant que la crise des semi-conducteurs serait alors passée.

Au 1er janvier prochain, l'usine Georges Besse va en effet devenir le nouveau pôle Electricity : l'usine de Douai et ses 2.700 salariés se tourneront désormais vers la production exclusive de véhicules électriques. « Nous avons choisi Envision car c'est le groupe qui a apporté le plus de réponses à ce projet. La proximité va permettre de livrer des batteries sans passer par le transport via camions : seuls 100 mètres sépareront le bout de chaine de fabrication des batteries du point de montage sur la voiture », a précisé Luciano Biondo.

envision

Questions formations

Quant au choix des Hauts-de-France, Patrick Pélata, ex-directeur général de Renault et aujourd'hui à la tête de Meta Consulting, avance les atouts d'une énergie nucléaire décarbonée et de la construction d'un parc éolien au large de Dunkerque, de la position géographique idéale de la région à proximité de l'Angleterre et de l'Allemagne ainsi que de la desserte maritime avec le port de Dunkerque et ferroviaire vers l'Allemagne et l'Europe centrale.

Reste l'épineuse question du recrutement et de la formation des futures recrues : « Le conseil régional des Hauts-de-France a donné un accord de principe portant sur une subvention de 5 millions d'euros », a avancé Ayumi Kurose, directeur du projet chez Envision AESC. « Nous travaillons en collaboration avec eux et Pôle Emploi pour développer des modules spécifiques de formation, sachant que deux à trois ans sont nécessaires pour former un candidat ».

Démarrage de la concertation

Renault a d'ores et déjà lancé 400 embauches sur le territoire. Le débat public devrait permettre d'aborder non seulement les questions d'impact en termes d'emplois (notamment pour les salariés actuels) et d'esquisser la mise en place des formations, qui dans l'idéal, devraient lancer leurs premières promotions à la rentrée prochaine.

La concertation publique démarre le 8 novembre pour se terminer le 10 janvier. Elle concerne près de 360.000 habitants de 35 communes de la Communauté d'agglomération de Douai (Douaisis Agglo), 36 communes qui ne sont pas membres de Douaisis Agglo mais appartiennent à la zone d'emploi de Douai, et les 14 communes de la Communauté d'agglomération de Hénin-Carvin, ainsi que les communes concernées en cas de mise en place éventuelle d'une nouvelle ligne du Réseau de Transport d'Electricité (RTE).

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 04/11/2021 à 15:05
Signaler
Un collectif écolo obscur viendra trés certainement ralentir cet ambitieux projet, il y a bien une fleur de terril à sauver et quelques mulots à préserver. Encore que pour monter une ZAD dans le Nord, les candidats ne devraient pas être légion.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.