Automobile : le Royaume-Uni investit en force dans les usines de batteries électriques

Alors que l'industrie de l'automobile électrique accélère - du fait des interdictions à venir des voitures à combustible et de la hausse de la demande, les projets d'investissement dans les batteries pour véhicule électrique se multiplient. Le centre du Royaume-Uni va accueillir un nouveau site de production grâce à un investissement de 2,3 milliards d'euros. 6.000 emplois directs sont à la clé.
La future usine géante devrait s'étaler sur 1,7 million de mètres carrés. L'investissement attendu est de l'ordre de 2,3 milliards d'euros.
La future usine géante devrait s'étaler sur 1,7 million de mètres carrés. L'investissement attendu est de l'ordre de 2,3 milliards d'euros. (Crédits : Coventry)

Le Royaume-Uni va-t-il devenir un leader en Europe des giga-usines de batteries électriques ? Début juillet, le constructeur automobile Nissan annonçait un investissement de 1,6 milliard d'euros pour la construction de "36Zéro", un projet censé apporter une solution industrielle qui résout toute l'équation de l'électromobilité dans une démarche zéro carbone. Installé à Sunderland, bastion industriel britannique de la marque, ce site doit créer environ 6.200 emplois et permettre de fabriquer annuellement des batteries électriques pour une puissance totale de 9 GWh. Signe de l'engouement pour le savoir-faire industriel de l'île, un investissement supplémentaire de 1,8 milliard de livres est déjà prévu.

Préserver l'emploi industriel

Ce jeudi, une autre région britannique a annoncé la construction d'une nouvelle giga-usine. La région des West Midlands (centre de l'Angleterre), en partenariat avec l'aéroport de Coventry, a annoncé avoir reçu les plans pour l'implantation à Coventry d'une "giga-usine" chargée de fabriquer des batteries pour voitures électriques. La future usine géante devrait s'étaler sur 1,7 million de mètres carrés. L'investissement attendu est de l'ordre de 2,3 milliards d'euros.

Ce projet devrait booster l'emploi local. Jusqu'à 6.000 emplois pourraient être créés. Il est "essentiel que les West Midlands, "cœur automobile du Royaume-Uni", "se dotent d'une méga-usine" pour préserver leur industrie clé, leur économie et "l'avenir de notre planète", a affirmé Andy Street, dirigeant de la région.

En pleine période de transition vers des technologies plus vertes, les investissements dans les voitures électriques et chaînes d'approvisionnement sont considérés par les dirigeants du centre de l'Angleterre comme un moyen de revigorer son industrie automobile. Le syndicat britannique Unite a salué ce dépôt de plans, voyant dans la création possible de milliers d'emplois un "énorme coup de fouet" pour l'économie des West Midlands.

"Il n'y a pas de temps à perdre", a déclaré Steve Turner, vice-secrétaire général du syndicat pour la branche manufacture, appelant le gouvernement britannique à soutenir ces plans, face à des "concurrents qui dépensent plus et agissent plus vite", en référence aux plans d'une autre "méga-usine" de batteries, dans le nord-est de l'Angleterre, déposés au début du mois par le constructeur automobile japonais Nissan.

L'Europe s'organise

De son côté, après des investissements massifs en Allemagne, en Suède ou encore en France (à Douai), l'Europe veut également acter une certaine souveraineté dans la production des batteries à destination des voitures électriques, alors que la transition automobile accélère partout. Par exemple, l'Union européenne a annoncé qu'elle souhaitait la fin des voitures essence et diesel à partir de 2035.Des projets communautaires ont également été engagés afin d'accélérer la naissance de cette industrie du futur : l'Automotive Cell Company (ACC), une coentreprise à 50-50 entre PSA/Opel et Saft (Total) ou encore l'European Battery Innovation qui regroupe 42 entreprises.

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Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson a ainsi annoncé l'année dernière interdire dès 2030 la vente de nouvelles voitures à essence et diesel. La priorité est donc désormais de se doter de capacité de production importante afin d'assurer l'émergence de cette nouvelle mobilité verte. Le Royaume-Uni a ainsi débloqué 500 millions de livres pour soutenir tout nouveau projet.

Domination asiatique

Outre les interdictions des voitures diesel et essence à venir, l'industrie est tirée par une demande en constante progression. En 2020, 726 000 voitures électriques ont ainsi trouvé preneur en Europe de l'Ouest, d'après le cabinet Schmidt Automotive Research, soit deux fois plus qu'en 2019, malgré un marché automobile ralenti par la Covid-19. Et sur l'année glissante juillet 2020 - 2021, le nombre de ventes de voitures électriques est juste en dessous de 1 million. En conséquence, la production de batteries pour véhicules électriques a progressé ces dernières années. D'après le cabinet sud-coréen SNE Research, elle a atteint 192,9 GWh en 2020, auxquels s'ajoutent 20 GWh destinés aux solutions de stockage stationnaire. En 2019, la production de batteries pour véhicules électriques n'atteignait que 148 GWh, soit une croissance de 30 % en un an (en capacité énergétique).

Pour l'heure, les leaders mondiaux dans la production de batterie à destination des voitures électriques sont asiatiques. En 2020, les trois principaux producteurs se sont partagés 68 % du marché. Et les six premiers acteurs du secteur se sont accaparés 86 % du marché l'année dernière. Ce sont CATL (Chine), LG Energy Solution (Corée du Sud), Panasonic (Japon), Samsung SDI (Corée du Sud), BYD (Chine), SK Innovation (Corée du Sud).

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Commentaires 4
à écrit le 15/07/2021 à 22:33
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Il y a des années, tout le monde se moquait de MONTEBOURG....Et cela fait des années que les syndicats, et en particulier la CGT dénonce la désindustrialisation de la FRANCE. La cupidité et l'incompétence ont mené à une désindustrialisation massive q...

à écrit le 15/07/2021 à 14:27
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Il faudrait que nos industriels, syndicats et politiques réagissent et agissent. Plus de 50% d ela valeur d'une voiture electrique réside dans sa batterie. L'industrie automobile (et les emplois) de demain vont appartenir à ceux qui batissent des usi...

à écrit le 15/07/2021 à 14:27
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Il faudrait que nos industriels, syndicats et politiques réagissent et agissent. Plus de 50% d ela valeur d'une voiture electrique réside dans sa batterie. L'industrie automobile (et les emplois) de demain vont appartenir à ceux qui batissent des usi...

le 15/07/2021 à 22:30
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Il y a des années, tout le monde se moquait de MONTEBOURG....Et cela fait des années que les syndicats, et en particulier la CGT dénonce la désindustrialisation de la FRANCE. La cupidité et l'incompétence ont conduit à une désindustrialisation massiv...

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