Voiture électrique : Electra, cette startup qui défie Tesla et consorts dans les charges ultrarapides

Fraîchement créée, la startup vient de boucler une première levée de fonds de 15 millions d'euros. La jeune pousse, qui cible les grandes agglomérations, entend déployer entre 40 et 50 stations de recharge ultrarapides, dans les 18 prochains mois, puis un millier à l'horizon 2030. Sa promesse : faire le "plein d'électricité" en moins de 30 minutes.
Juliette Raynal
(Crédits : Electra)

De l'univers de la photo à celui de la mobilité électrique, Aurélien de Meaux fait le grand écart. Presque dix ans après avoir créé l'application d'impression photo Cheerz, l'entrepreneur se lance désormais sur le marché en pleine effervescence des bornes de recharge avec sa nouvelle startup Electra. La jeune pousse, cofondée avec Augustin Derville et Julien Belliato, vient d'officialiser une première levée de fonds de 15 millions d'euros auprès des fonds Serena, Eurazeo, Frst Venture et d'une série de business angels. Son crédo ? Les stations de recharge ultrarapides permettant de faire le "plein d'électricité" en moins de 30 minutes.

"La genèse de notre projet part d'un constat : l'infrastructure de bornes de recharge actuelle en France n'est pas satisfaisante. Il n'y a pas assez de bornes, elles sont trop lentes et certaines ne marchent pas", expose Aurélien de Meaux.

Electra ne fabrique pas les bornes elle-même, mais a sélectionné deux fabricants étrangers, dont le nom reste confidentiel. La startup se positionne en revanche comme opérateur, le maillon de ce marché complexe qui devrait être le plus rentable à moyen terme.

Mille bornes en 2030

Elle se charge ainsi de financer l'infrastructure, de réaliser les choix de configuration, de gérer sa maintenance et de développer tous les services destinés aux utilisateurs finaux. Une application mobile permettra ainsi de réserver une borne à distance, puis de payer directement sa recharge.

Pour améliorer l'expérience des conducteurs de véhicules électriques, et favoriser leur déploiement, Electra entend déployer entre 40 et 50 bornes haute puissance dans les 18 prochains mois, et au total 1.000 à l'horizon 2030. Ces dernières fonctionneront sur un courant continu et seront compatibles avec tous les véhicules électriques, mais pas avec les voitures hybrides.

Sur le terrain des bornes ultrarapides, Electra se frotte à des mastodontes, comme Tesla et ses 90 stations de superchargeurs réparties sur le territoire, le consortium Ionity qui regroupe plusieurs grands constructeurs automobiles (BMW, Daimler, Volkswagen, Ford et Hyundai-Kia), ou encore le géant pétrolier Total.

Les grandes villes et pas les autoroutes

Pour tirer son épingle du jeu, Electra s'est positionnée sur un segment particulier. La jeune entreprise ne vise pas les grands axes routiers et autoroutiers comme ses concurrents, mais souhaite s'implanter dans les grandes agglomérations. Dans un premier temps, elle veut tisser un réseau en région parisienne, à Lille et à Lyon.

"Nous visons avant tout les professionnels, comme les chauffeurs de taxi, de VTC, les artisans ou encore les auto-écoles", explique Aurélien de Meaux.

En sommes, tous ceux qui utilisent beaucoup leur véhicule et pour qui le manque à gagner serait considérable s'ils devaient patienter plusieurs heures pour recharger leur batterie. Mais les bornes pourraient aussi intéresser les particuliers propriétaires de véhicules électriques, qui ne bénéficient pas de système de recharge à leur domicile.

Electra ne prévoit pas de déployer ses bornes directement sur la voirie, mais sur les parkings des centres commerciaux, des supermarchés, des hôtels, des restaurants et dans les parkings publics. Ses clients directs sont donc les propriétaires de ces lieux, mais aussi les collectivités qui peuvent mettre à disposition du foncier pour installer une infrastructure de recharge. A l'image, par exemple, de la commune de Saint-Ouen (93). La jeune pousse s'est fixée comme objectif de signer plus de 50 sites cet été.

Zéro investissement pour les bailleurs

"Pour le bailleur, cela ne représente aucun investissement et aucun effort. C'est Electra qui finance l'infrastructure et qui se charge des démarches pour l'installer. Par ailleurs, le bailleur perçoit un loyer que nous lui versons pour l'occupation de l'espace et il bénéficie d'un service de recharge haute puissance qu'il peut proposer à ses clients. C'est un service qui peut également générer des flux. Pendant les 15-30 minutes de recharge, les utilisateurs ont le temps de consommer", expose le cofondateur d'Electra.

La startup se rémunèrera, elle, en facturant l'énergie au kilowattheure. Comparé aux bornes de recharges classiques, le coût pour les utilisateurs sera plus élevé. Entre 20 et 30% plus cher, selon les premières estimations d'Electra. La jeune pousse vise un équilibre financier à l'horizon 2025.

Pour financer son développement, qui requiert d'importants investissements en infrastructures, Electra devra rapidement réaliser un nouveau tour de table, très probablement auprès de fonds de dette ou d'infrastructure. Basée à Paris et à Lyon, elle emploie actuellement une quinzaine de salariés et prévoit de tripler ses effectifs d'ici la fin de l'année.

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Juliette Raynal

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Commentaires 3
à écrit le 01/07/2021 à 23:45
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J'espere que les bornes seront bien positionnes - ou on peut faire des courses etc. pendant l'attente et non pas dans le milieur de nulle part come a Pont l'Eveque

à écrit le 01/07/2021 à 17:11
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Electra ne fabrique pas les bornes elle-même, mais a sélectionné deux fabricants étrangers, dont le nom reste confidentiel Oui , confidentiel, car ce sont des Chinois. Non merci , après le Covid de Wuhan, peut être que les Européens veulent enfin...

le 01/07/2021 à 19:29
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Nous avons choisi deux fabricants de bornes HPC pour nos stations : - Alpitronic, italien, pour l'extérieur (la borne sur la photo) ; - XCharge, chinois, pour l'intérieur car leurs bornes sont plus petites. C'est dit ;-)

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