Commercialisé depuis février 2019 avec pour prix de départ 43.800€, le Model 3 est désormais la voiture électrique la plus vendue sur la plupart des marchés où elle est proposée. En 2019, le Model 3 a représenté à lui seul 85% des 109.500 véhicules vendus par Tesla. Et le constructeur entend démocratiser davantage son offre au cours des années à venir, en lançant notamment un modèle à 25.000€ dès 2023.
Alors comment expliquer le succès hors pair de Tesla? Le propriétaire d'un Model 3 batterie grande autonomie, par ailleurs pilote de ligne chez Air France, confie les raisons de son choix et livre son retour d'expérience.
- LIRE | Voiture électrique : le grand bazar des cartes d'abonnement aux bornes de recharge
- LIRE | Conduire une voiture hybride à Paris n'est pas un long fleuve tranquille
Un avantage concurrentiel incontestable
Pour lui, Tesla dispose d'un avantage concurrentiel indéniable par rapport à ses concurrents : son réseau de superchargeurs, pourvu de 25.000 points de charge dans le monde, dont 800 en France, répartis sur 90 stations. « Aujourd'hui, le vrai problème avec les voitures électriques, ce n'est pas l'autonomie, c'est la recharge », confie-t-il. Et c'est précisément sur ce volet que l'offre de Tesla se démarque de celle de ses rivaux. « Le réseau Tesla est doté de réels atouts : il est à la fois complet, performant, simple et bien répertorié », explique le propriétaire.
« Le maillage est assez homogène, il reste encore quelques trous mais ils sont en train de se combler », détaille-t-il. « Le réseau est en outre fiable. Pour avoir testé d'autres réseaux de recharge avant l'achat de ma voiture en juin 2019, j'ai été confronté à de multiples pannes, et c'est un sujet dont je n'ai plus à me soucier avec ma Tesla », se réjouit-il.
Et si le temps de recharge est souvent perçu comme le talon d'Achille des véhicules électriques, le propriétaire de Model 3 interrogé en dément pas. « Tous les points de charge sont répertoriés en temps réel dans le logiciel de navigation de la voiture. C'est extrêmement simple d'utilisation : vous arrivez avec votre véhicule, prenez le pistolet, branchez et partez », raconte-t-il. À la différence des autres réseaux qui fonctionnent grâce à des cartes de recharge - ou par carte bancaire pour quelques exceptions -, celui de Tesla identifie automatiquement les voitures de la marque. « Le débit s'opère immédiatement sur votre compte, sans carte de recharge. La perte de temps est donc minime », souligne-t-il.
20 minutes de recharge en moyenne
Un gros quart d'heure. C'est aujourd'hui la durée moyenne que met un conducteur pour recharger une Tesla Model 3. « En 20 minutes, je réussis à recharger entre 70 et 80% de la batterie, ce qui m'assure une autonomie de 2h30 à 3h de route », confie le propriétaire interrogé. Et ce laps de temps devrait être condensé davantage au cours des années à venir. Bien renseigné, il explique: « Tesla est en pleine modernisation et adoptera prochainement la troisième génération de chargeurs, d'une puissance de 250 kilowattheure au lieu de 150, permettant ainsi un gain de 5 minutes par charge ».
Coutumier des longs trajets, le conducteur de Tesla relativise sur la nécessité de s'arrêter à plusieurs reprises pour recharger. « Personne ne fait 800 kilomètres d'une seule traite », ironise-t-il. Sur un trajet Paris-Perpignan, sa voiture électrique ne lui fait perdre que 15 minutes par rapport à son ancienne voiture thermique. « Concrètement, je pars chargé à 90% et fais trois arrêts sur la route: je m'arrête 30 minutes à Bourges, puis 10 minutes à Clermont, et enfin 40-45 minutes en Lozère le temps d'une pause déjeuner ». D'une manière générale, le propriétaire admet recharger très rarement à 100% son véhicule. « Le débit de recharge n'étant pas linéaire, il serait pratiquement aussi long d'aller de 80% à 100% que d'atteindre les 80% de charge », fait-il remarquer.
Compétitivité et attractivité au rendez-vous
Au niveau du tarif des recharges, le témoignage du conducteur concorde avec les ordres de grandeur recensés par certaines plateformes comme Turbo. Selon le propriétaire, la recharge électrique serait trois à quatre fois moins coûteuse que les pleins d'essence. « La recharge à domicile est quatre fois moins coûteuse qu'un plein d'essence, tandis que la recharge sur les superchargeurs l'est trois fois moins. Sur un trajet de 800 kilomètres, le coût des recharges s'élève désormais à 30€ avec un Tesla Model 3, tandis qu'il était de 100€ avec un véhicule thermique », observe-t-il.
Ces économies se font également sentir à l'année. Alors que l'enveloppe moyenne des automobilistes roulant à l'essence monte à 2.500€ pour 20.000 kilomètres, elle atteint 400€ seulement pour la recharge électrique. Le conducteur de Tesla interrogé confirme à peu près cette estimation. « À l'année, pour un total de 16.000 kilomètres parcourus, ma fourchette haute est de 500€, dont 400€ pour la recharge à domicile et 100€ liés aux superchargeurs », explique-t-il. À noter cependant que cet utilisateur a la possibilité de recharger gratuitement sur son lieu de travail, ce qui tire forcément vers le bas sa facture finale.
Quant au prix du véhicule, s'il reste très élevé, le Model 3 est en mesure de rivaliser avec les voitures thermiques haut de gamme. C'est d'ailleurs la raison principale qui a conduit le propriétaire interrogé à se détourner de la voiture vers laquelle penchait initialement son choix. « Je m'orientais vers une berline à essence allemande affichée 65.000€ et proposant des prestations inférieures à celles d'une Tesla. Avec le bonus écologique de 6.000€ dont j'ai pu bénéficier lors de l'achat de mon Model 3 Tesla, il m'est revenu à 55.000€, options incluses. Tesla m'est apparu vraiment compétitif, et il l'est d'autant plus aujourd'hui, puisque le même véhicule coûte désormais 53.000€ », commente-t-il. Preuve, donc, que l'offre proposée par Tesla arrive aujourd'hui à convaincre les amateurs de voitures haut de gamme de se tourner vers l'électrique.
Ouverture à la concurrence: menace ou opportunité ?
Et si le réseau de superchargeurs Tesla constitue un atout de taille aux yeux des détenteurs de ces véhicules, l'ouverture aux marques concurrentes, annoncée par Elon Musk en juillet dernier, est une vraie source d'inquiétude. Certains redoutent notamment une baisse du niveau de prestations auquel ils étaient habitués, avec entre autres des temps d'attente plus longs aux superchargeurs. Le propriétaire de Model 3 interrogé fait, lui, le pari de la confiance. « Je fais confiance à Tesla pour que l'ouverture s'opère de façon progressive et ne nuise pas aux clients historiques de la marque. Ce n'est pas dans les habitudes du constructeur de maltraiter ses clients », avance-t-il.
Selon lui, une politique à double vitesse pour les clients et non-clients Tesla serait la meilleure option. « Cela peut être fait très simplement, en limitant par exemple le nombre de comptes pouvant accéder aux superchargeurs. On peut aussi imaginer une politique tarifaire dissuasive envers les non-clients, à l'image de la stratégie mise en œuvre par Ionity pour les utilisateurs n'ayant pas de carte de recharge de l'opérateur ». Finalement, le propriétaire d'une Model 3 voit surtout dans cette ouverture une avancée positive. « Tesla a toujours fonctionné de la sorte, en ré-utilisant les fonds générés par une innovation pour en développer de nouvelles. Sur le long terme, tout le monde sera gagnant », assure-t-il.
« Conduire ma Tesla est devenu une drogue »
Interrogé sur les inconvénients éventuels de son véhicule électrique, l'utilisateur d'une Tesla Model 3 peine à en trouver. « Je ne regrette rien de mon véhicule essence. Idéalement, il faudrait juste une augmentation légère de l'autonomie et une diminution du temps de charge, qui accroîtrait l'agrément général », explique-t-il.
Une chose est sûre selon lui : ce véhicule est inégalable. « Depuis que j'ai cette voiture, ma moyenne annuelle est passée de 11.000 à 16.000 kilomètres ». Il conclut ainsi: « Quand on essaie ce véhicule, ça devient une drogue ».
_________________________________
La suite de notre 5e volet décryptant l'expérience client des automobilistes transformée par la voiture électrique.
- LIRE | Conduire une voiture hybride à Paris n'est pas un long fleuve tranquille
- LIRE | Voiture électrique : le grand bazar des cartes d'abonnement aux bornes de recharge
Sujets les + commentés