Ghosn parle enfin et accuse les patrons de Nissan de "complot et trahison"

Dans ce tout premier entretien accordé à la presse depuis sa prison de Tokyo, l'ex-patron de Renault dément toute malversation ou abus de confiance, expliquant que toutes les opérations financières ont été validées au sein de Nissan, et que le complot ourdi par les patrons du constructeur japonaise vise à bloquer le renforcement de l'alliance Renault-Nissan.
(Crédits : Reuters)

Carlos Ghosn a pu converser pendant environ 20 minutes avec les journalistes du quotidien économique Nikkei qu'il a été autorisé à recevoir au centre de détention de Tokyo où il est incarcéré depuis 70 jours pour des malversations financières présumées. Cette mesure d'assouplissement de son régime de détention est toute récente. C'est seulement depuis le 11 janvier que le prisonnier le plus célèbre du monde a reçu du tribunal l'autorisation de recevoir des visites autres que celles de ses avocats et du personnel consulaire de la France, du Liban et du Brésil, les trois pays dont il est citoyen.

Dans cette toute première interview depuis son incarcération, parue mercredi sur le site internet du quotidien économique japonais "Nikkei", l'ex-Pdg de Renault s'en prend ouvertement aux dirigeants de Nissan qu'il accuse de "complot et de trahison".

Un complot contre le projet d'intégrer Renault, Nissan et Mitsubishi

Aux journalistes du Nikkei, Carlos Ghosn le martèle : les dirigeants de Nissan ont voulu lui faire payer "le projet d'intégrer" Renault, Nissan et Mitsubishi Motors, projet qui avait été abordé avec le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, en septembre 2018.

A ce sujet, le dirigeant de 64 ans a dit n'avoir "aucun doute" sur le fait que les charges portées contre lui, qu'il a de nouveau rejetées, sont le résultat "d'un complot et d'une trahison".

Nissan a aussitôt réagi en rappelant que M. Saikawa avait "déjà catégoriquement réfuté la notion de 'coup d'Etat'". L'enquête menée dans le secret par le groupe depuis l'été 2018 a "mis au jour des preuves significatives et convaincantes de malversations", a ajouté le constructeur japonais dans une déclaration transmise à l'AFP.

"Les gens ont traduit leadership fort par dictateur"

Au cours de cet entretien, l'ex-magnat de l'automobile a par ailleurs balayé les accusations décrivant son règne de 19 ans comme "une dictature". "Les gens ont traduit leadership fort par dictateur, déformant la réalité pour se débarrasser de moi", a-t-il déclaré.

Carlos Ghosn fait l'objet de trois inculpations pour abus de confiance et minoration de revenus aux autorités boursières sur la période 2010 à 2018.

Lors de son unique comparution devant un tribunal le 8 janvier, il s'est dit accusé à tort. Ses avocats ont déposé plusieurs demandes de libération sous caution, en vain, la justice mettant en avant un risque de dissimulation ou destruction de preuves et de fuite.

"Je ne m'échapperai pas, je me défendrai", a-t-il dit mercredi. "Toutes les preuves sont chez Nissan, et Nissan interdit aux employés de me parler".

Interrogé sur sa vie au centre de détention, l'ex-Pdg de l'alliance Renault-Nissan a dit "aller bien". Selon son équipe de défense, il pourrait rester en prison jusqu'à son procès, qui n'aura pas lieu avant des mois. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.

Ghosn plaide "une déformation de la réalité"

Concernant les accusations d'abus de confiance, Carlos Ghosn a affirmé que le versement de 15 millions d'euros à un milliardaire saoudien, Khaled Juffali, issu de la "réserve du PDG", avait été approuvé "par le responsable de la région" et d'autres cadres.

Idem pour l'achat de luxueuses résidence à Rio de Janeiro et à Beyrouth: il a été validé par le service juridique de Nissan, affirme le détenu, expliquant qu'il lui "fallait un endroit sûr où il pouvait travailler et recevoir des gens à la fois au Brésil et au Liban".

Nissan reproche par ailleurs à son ancien patron d'avoir reçu une rémunération totale de 7,82 millions d'euros de la part de la filiale néerlandaise Nissan-Mitsubishi B.V. (NMBV). Là aussi, il plaide "une déformation de la réalité".

"Ai-je fait quelque chose d'inapproprié? Je ne suis pas avocat", a-t-il lancé. "Tout le monde était au courant, pourquoi ne me l'ont-ils pas dit" si c'était illégal ?

Le Franco-Japonais-Brésilien a perdu tous ses titres depuis son interpellation surprise qui a plongé l'alliance dans la tourmente. Il a été révoqué fin novembre de la présidence des conseils d'administration de Nissan et Mitsubishi Motors, et a démissionné la semaine dernière de Renault.

(avec AFP)

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Commentaires 23
à écrit le 01/02/2019 à 12:20
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A la lecture de certains commentaires, il ressort beaucoup de jalousie et de l'envie....alors attendons que la vérité des faits soit établie et que la justice passe ! Ce n'est pas normal qu'il soit déjà condamné avant même qu'il puisse se défendre !

à écrit le 31/01/2019 à 8:34
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il n'est point facile de crier aux loups trop souvent vous avez impliquer les medias pour masquer vos trupitudes comme celle de l'espionite monte par vous et votre immagination pour vous debarasser de vos collaborateur

à écrit le 31/01/2019 à 7:45
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le plus grand manipulateur se reveille celui qui a invente l'espionnage chez Renault et toujours pas juge celui qui n'a eu de cesse de virer ses n2 par peur et le voici passer de la pommade a tous les medias pour effacer ses fautes aller dem...

le 31/01/2019 à 13:33
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"celui qui a invente l'espionnage chez Renault et toujours pas juge" y a-t-il seulement des poursuites à son encontre à ce sujet ? Et dans le cas contraire pourquoi serait-il jugé ? "celui qui n'a eu de cesse de virer ses n2 par peur " force est de ...

à écrit le 31/01/2019 à 6:51
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Il a de la chance de pouvoir donner une interview alors qu'il est e prison !

à écrit le 31/01/2019 à 2:10
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" La franco japonais libanais" ! De mieux en mieux....

à écrit le 30/01/2019 à 18:53
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Ça n'intéresse ni les français, ni les suisses et les japonais ont déjà fait leur devoir. Carlos, il faut attendre ta condamnation et basta. Ce n'est pas la France. Il fallait choisir une pension complète en France. En France, un doigt d'honneur, ...

à écrit le 30/01/2019 à 18:33
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Quand on veut tuer son chien,..Soutien à Carlos Ghosn!

à écrit le 30/01/2019 à 17:54
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Dites nous la vérité ! que se cache-t-il derrière ces règlements de comptes à ok enfants de corales. Les yakuzas contre les francs macrons ?

à écrit le 30/01/2019 à 17:00
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Carlos GHOSN a raison, il est bien victime d’un complot, complot qui est organisé par une terrible organisation dont l’obsession, entre autres choses, est de poursuivre des personnes coupables de malversations financières. Cette terrible organisation...

à écrit le 30/01/2019 à 15:57
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coupable ou pas tant qu'on n'est pas jugé on est présumé innocent. Le Japon est encore au moyen age, ou tu avoue ou je te torture jusque tu avoue. Quand on connait les conditions de détention dans cette prison on se dit que le bagne à Cayenne c'est...

le 30/01/2019 à 17:50
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Arretez de dire n'importe quoi ! Ceux qui subissent ce genre de traitement sont les happy few, c'est une justice très select, pour lesquels la justice possède de sérieux faisceaux d'indices concordant comme on dit dans les milieux autorisés. On ne tr...

à écrit le 30/01/2019 à 15:08
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Dénoncer une trahison et un complot, c'est le refrain classique pour se défendre en absence d'arguments convaincants. "Je savais pas et ça a été approuvé, c'est de la faute au service juridique, c'est de la faute à l'avocat". Arguments recevables pou...

à écrit le 30/01/2019 à 14:26
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Soutien et respect à M. Ghosn, mais en refusant d'avouer, il risque, avec ce système judiciaire ubuesque, de rester encore très longtemps à l'ombre, puisque c'est le seul moyen de pression dont la justice nippone dispose pour arracher des aveux faute...

le 30/01/2019 à 17:22
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S'il n'y a pas de preuves des transactions incriminées, il a raison de rien avouer. Elles n'ont pas été effectuées en liquide, elles sont dans la comptabilité de Nissan et laissent forcément des traces qui sont autant de preuves matérielles si elles ...

le 31/01/2019 à 13:40
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@krea : manifestement ces traces dans la compta de Nissan doivent être bien cachées. Sinon la justice nippone en disposerait et n'aurait aucun besoin de conserver CG à l'ombre pour tenter, faute de preuves flagrantes, de lui arracher des aveux. La se...

à écrit le 30/01/2019 à 13:50
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Hiroto Saikawa à bénéficié du même genre de rémunération. Si ça pose problème, pourquoi n'est-il pas en garde a vue?

à écrit le 30/01/2019 à 13:24
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Il faut le libérer maintenant ! Cette garde a vue de plus d'un mois est grotesque, Mr Ghosn n'est pas un meurtrier qui risque de disparaitre dans la nature. Les Japonais nous la mette a l'envers. Et tous les jaloux sortent du bois pour lui casser du ...

le 30/01/2019 à 15:01
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Rendre jaloux les autres, n'est il pas la religion des bobos?

à écrit le 30/01/2019 à 13:13
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Un complot ah ah ! Ce sont les chinois du fbi ! Les zélites qui raillent le complotisme ambiant et qui l'invoque dès qu'elle sont mises en difficulté, le nez dans leur cas cas ! Le gars c'est fait payé son mariage à Versailles (sic) avec des figu...

le 30/01/2019 à 13:34
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Vous confondez tout votre jalousie vous égare.

à écrit le 30/01/2019 à 12:56
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Un complot!!? Le complotisme sévit partout, mais que fait Macron?

le 30/01/2019 à 18:31
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Aux abonnés absents comme sur tous les sujets qui concernent l' intérêt national..

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