Le Mondial de l'automobile de Paris a-t-il perdu de son aura ?

Pas moins de sept marques automobiles ont décidé de ne pas être représentées au Mondial de l'automobile de Paris qui ouvre du 1er au 16 octobre à la Porte de Versailles. Cet événement, le premier au monde en termes de fréquentation, reste un important foyer de coûts pour des marques qui préfèrent renforcer d'autres canaux de promotion de leurs produits.
Nabil Bourassi
Les allées du Mondial de l'automobile où les marques se dépensent sans compter pour se distinguer de leurs concurrentes.

Avec plus de 1,25 million de visiteurs, le Mondial de l'automobile de Paris est l'un des événements les plus fréquentés du secteur au monde. Cette manifestation, qui a lieu tous les deux ans, en alternance avec Francfort, est l'occasion pour les constructeurs de présenter leurs nouveaux produits, peaufiner leur image de marque, parfois aussi interagir avec les visiteurs sur des concept cars. C'est également l'endroit idéal pour la presse, avec des caméras de télévision qui débarquent du monde entier. Alors, il faut que les lumières soient bien réglées et les voitures impeccables. La moindre poussière est chassée par une armée d'hommes et de femmes équipée de plumeaux et de produits lustrants. Les constructeurs dépêchent tout ce qu'ils comptent de hauts cadres, membre de conseil d'administration pour rencontrer journalistes ou encore politiciens trop contents de venir "tater le cul" de belles carrosseries sous le feu des caméras.

Trop populaire pour l'ultra-luxe ?

En clair, le Mondial est une vitrine au sens le plus noble. Sauf que certains constructeurs ont décidé de remettre en cause ce modèle. Pas moins de sept constructeurs automobiles ont annoncé qu'ils n'en seraient pas, cette année. Parmi eux, des marques prestigieuses comme Lamborghini, Bentley ou Aston Martin. Pour de nombreux badauds, c'est au moins trois arguments en moins de faire le déplacement porte de Versailles puisque le Mondial était une des rares occasions pour eux d'aller admirer les modèles de ces marques classées dans l'ultra-luxe. A cela, il faut ajouter Alpine, la filiale sportive ressuscitée par Renault et dont le grand public attend avec impatience d'admirer les premiers modèles.

"A l'heure actuelle, nous révisons notre stratégie de présence aux salons automobiles internationaux, étant donné le positionnement de notre marque et le marché sur lequel nous évoluons", écrit ainsi Lamborghini dans un communiqué.

Faut-il comprendre que les marques d'ultra-luxe jugent ces salons trop populaires peu en phase avec leur standing ?

Les marques généralistes s'interrogent

Elles ne sont pas les seules à déserter les allées du Mondial. Des marques, pourtant moins réputées luxe, avaient annoncé, dès le mois de mars, qu'elles ne participeraient pas au Mondial de l'automobile de Paris. Parmi elles, Mazda et Ford, mais également Volvo.

Mazda explique ne pas avoir de nouveautés à présenter sur le salon. De son côté, Ford voudrait expérimenter d'autres canaux de notoriété en organisant "une série d'événements dans les principales grandes villes françaises permettant aux clients de faire l'expérience de la marque, de ses véhicules et de ses solutions de mobilité", selon un communiqué de la marque américaine.

Enfin, Volvo avait expliqué dès 2014 qu'il se contenterait désormais d'un salon par an et par continent. En Europe, ce sera donc celui de Genève, lequel a l'avantage de se produire tous les ans.

Le stand grandiose de BMW coûte 50 millions d'euros... à Francfort

Moins officiellement, ces trois marques pointent le coût de cet événement. Entre les frais de location du stand (175 euros HT le mètre carré selon la position dans le salon) mais surtout les très onéreux frais de raccordement à divers services de type électricité, eau, wi-fi... la facture monte très vite. A cela, il faut ajouter le coût du stand en lui-même. Ainsi, le seul stand d'un constructeur français est estimé entre 5 et 6 millions d'euros. De l'autre côté du spectre, le stand grandiose de BMW au salon de Francfort équipé d'une piste d'essai en huit au-dessus de la tête des visiteurs, coûte près de 50 millions d'euros.

Les constructeurs automobiles sont donc tentés d'allouer ces budgets conséquents à d'autres opérations. Ainsi, Ford va augmenter de 50% ses investissements marketing en France. D'autant que les organisateurs s'attendent à un tassement de la fréquentation du Mondial, voire peut-être à une baisse, compte tenu des contraintes sécuritaires liées au risque d'attentat.

Pourtant, plus que jamais, le Mondial se veut tourné vers l'avenir avec la thématique de l'électrique, de la connectivité, et surtout de la voiture autonome qui devraient animer les stands et les débats. Pas moins de 20 nouveaux modèles doivent également être présentés en avant-première mondiale, dont le nouveau Q5 d'Audi, ou encore l'ambitieux programme des puissantes voitures électriques Mercedes qui a Tesla en ligne de mire. Le Mondial de Paris devrait donc conserver, cette année encore, son statut d'événement mondial de l'actualité automobile.

Nabil Bourassi

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Commentaires 17
à écrit le 28/09/2016 à 20:04
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Les constructeurs qui ne viennent pas , sont ceux qui ont des problèmes de trésorerie .Quant aux voitures de sport , ce n' est pas le type qui vient en métro qui va investir....

à écrit le 28/09/2016 à 16:58
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Faut dire que c'est totalement masochiste de venir dépenser des millions d'euros pour un salon qui se tient dans une ville où même les voitures non polluantes n'ont plus le droit de circuler !

à écrit le 28/09/2016 à 14:03
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De toutes façons, Paris a déclaré la guerre à la bagnole. A la place des promoteurs du salon, j'irais dépenser mon argent dans des villes plus auto-friendly...

le 28/09/2016 à 16:31
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Des grandes metropoles européennes où la voiture est la bienvenue, il n'y en a plus. Ce n'est certainement pas à Paris que la guerre contre la voiture est la plus acharnée.

le 29/09/2016 à 1:21
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@eric: et c'est ou que c'est pire qu'à paris ?

le 29/09/2016 à 10:00
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Il n'y a pas à aller loin. Londres avec leur péage depuis des années. Sans parler des pays scandinave. Allez à Copenhague ou Stockholm, très peu de voitures en villes et c'est très agréable. Amsterdam où le vélo est roi également ........

le 29/09/2016 à 11:10
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@ réponse @citoyen : je suis allé a Copenhague il y a 2 ans et ai parcouru 600km au Danemark pour affaire. Contrairement à ce que vous dites, on y circule très bien en voiture et dans toutes les villes. La politique de bouchonnement qui prévaut à par...

à écrit le 28/09/2016 à 14:00
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Rien d'étonnant à cela : Genève est le futur ; annuel , situé au centre de l'Europe , accessible en 5 mn à pied depuis l'aéroport ou la gare CFF .

à écrit le 28/09/2016 à 11:58
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"Lamborghini, Bentley ou Aston Martin." Il faut pour ces marques un Salon spécialisé. Quant à Mazda et Ford, qui a encore envie d'acheter leur voitures si on les compare à la concurrence qui propose autant, voire plus... en mieux et pas seulement en...

à écrit le 28/09/2016 à 11:04
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Il y a peu de pays en Europe ou les voitures sont aussi mal aimée par une nomenklatura politique qui n'en parle que pour en médire et n'agit que pour rendre son usage de plus en plus couteux , de moins en moins pratique, quand ce n'est pas honteux, v...

à écrit le 28/09/2016 à 10:44
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Faut-il lier ce désintéressement des constructeurs auto comme une conséquence de la "journée sans voiture" de Anne Hidalgo ?

à écrit le 28/09/2016 à 10:41
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Je pense plutôt que c'est le consommateur qui a perdu de son pouvoir d'achat.

à écrit le 28/09/2016 à 10:16
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Un pays pauvre est un pays qui n'a plus de riches. Donc ils viennent plus.

le 28/09/2016 à 21:26
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Il y a de nombreux contre exemples à votre affirmation. C'est très souvent la classe moyenne qui fait défaut dans les pays pauvres.

le 28/09/2016 à 21:26
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Il y a de nombreux contre exemples à votre affirmation. C'est très souvent la classe moyenne qui fait défaut dans les pays pauvres.

le 28/09/2016 à 21:26
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Il y a de nombreux contre exemples à votre affirmation. C'est très souvent la classe moyenne qui fait défaut dans les pays pauvres.

le 28/09/2016 à 21:26
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Il y a de nombreux contre exemples à votre affirmation. C'est très souvent la classe moyenne qui fait défaut dans les pays pauvres.

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