Paris lâche Carlos Ghosn et demande la désignation d'un successeur

L'État français a officiellement lâché le PDG de Renault Carlos Ghosn mercredi, deux mois après son arrestation, et demandé la nomination d'un successeur dans les prochains jours pour prendre la tête du constructeur automobile.
(Crédits : Reuters)

[Article publié le 17.01.19 à 9h02, mis à jour à 14h53 avec les déclarations de Renault]

L'État français, principal actionnaire du constructeur automobile français, a demandé que le conseil d'administration de Renault soit convoqué "dans les prochains jours" afin de « désigne(r) une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault », a déclaré le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, chez nos confrères de LCI mercredi.

Jusqu'ici, le gouvernement avait soutenu la décision du groupe de maintenir Carlos Ghosn dans ses fonctions, optant à la place pour une direction intérimaire après l'arrestation du PDG en novembre au Japon sur des accusations de malversations financières chez Nissan.

« J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, qui si Carlos Ghosn devait être durablement empêché, nous devrons passer à autre chose, à une nouvelle étape. Nous y sommes et nous entrons maintenant dans une nouvelle étape », a expliqué Bruno Le Maire.

Détenu au Japon depuis le 19 novembre, Carlos Ghosn va ainsi perdre son dernier titre, celui de PDG de Renault - Nissan et Mitsubishi l'ayant révoqué du poste de président du conseil d'administration dès la fin novembre.

Le ministre n'a pas précisé si le nouveau PDG prendrait aussi la tête de l'alliance avec les japonais Nissan et Mitsubishi : « Ce sera au conseil d'administration de lui dire exactement les contours de ses fonctions ».

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Dans un communiqué, Renault a fait savoir ce jeudi en début d'après-midi qu'il travaillait activement à la recherche de la meilleure solution pour sa gouvernance future, alors que Carlos Ghosn a vu sa récente libération sous caution rejetée par un tribunal de Tokyo.

« Philipe Lagayette, administrateur référent de Renault, et Patrick Thomas, président du comité des nominations et de la gouvernance, confirment que les organes de gouvernance de Renault travaillent activement à la recherche de la meilleure solution pour la gouvernance future du groupe, avec le souci de défendre les intérêts de l'entreprise et de conforter l'Alliance Renault Nissan (...) Le conseil d'administration prendra les décisions qui s'imposent dès que les éléments nécessaires seront réunis », ajoute le groupe.

Jean-Dominique Senard favori pour succéder à Ghosn

Alors que le nom du président de Michelin, Jean-Dominique Senard - qui doit quitter ses fonctions en 2019 -, est régulièrement cité pour la succession de Carlos Ghosn, Bruno Le Maire a souligné que « c'est le conseil d'administration qui aura à se prononcer sur (les différents) candidats et l'État se prononcera sur les candidats qui lui seront soumis comme actionnaire de référence ».

Il a cependant décrit Jean-Dominique Senard comme « un grand industriel (...) un homme qui a une conception sociale de l'entreprise (...) et qui est un spécialiste du secteur automobile puisqu'il a dirigé Michelin avec beaucoup de talent et d'excellents résultats ».

La question des participations "n'est pas sur la table"

L'arrestation du PDG de Renault et désormais ex-président de Nissan Carlos Ghosn le 19 novembre, puis son inculpation - pour ne pas avoir déclaré l'intégralité de sa rémunération versée par Nissan entre 2010 et 2015 -, a fragilisé l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, le DG de Nissan Hiroto Saikawa appelant de ses vœux des mesures pour réduire le poids de Renault.

Renault détient 43,4% de Nissan qui, de son côté, a 15% de du constructeur français mais aucun droit de vote. Nissan contrôle à son tour Mitsubishi via une part de 34%. Mais selon Bruno Le Maire, « la question des participations au sein de l'alliance Renault-Nissan n'est pas sur la table ».

(Reuters)

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Commentaires 28
à écrit le 18/01/2019 à 10:44
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Pour les cadres de direction les règles sont différentes des salariés de base. J'ai bossé dans pas mal de grandes boites, quand vous avez plus de 30 jours d'absence pour maladie/accident/coma, vous êtes licencié quasi systématiquement, sans préavis ...

à écrit le 18/01/2019 à 4:30
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Ca y est Carlos est definitivement foutu. Ne reste plus qu'a le juger, le condamner et en echange d'une remise en liberte le remboursement des sommes induemment payees par le Groupe + les differentes amendes (salees). " la liberte n'a pas de prix"...

le 21/01/2019 à 13:49
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"le condamner et en echange d'une remise en liberte le remboursement des sommes induemment payees par le Groupe + les differentes amendes (salees)." Très expéditif, votre vision de la justice. Pour l'instant les enquêteurs cherchent à arracher des a...

à écrit le 17/01/2019 à 19:05
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Maintenant qu'il est viré de chez Renault, les japonais vont pouvoir le remettre en liberté. Ils ont obtenus ce qu'ils voulaient.

à écrit le 17/01/2019 à 17:51
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Encore une victoire diplomatique et industrielle de notre président (on ne les compte plus …). On saura peut-être un jour dans quelle mesure il est responsable de cette crise via la loi Florange (cf. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/indu...

le 17/01/2019 à 18:43
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Mais bien sûr, comme on est bête, c'est évident que c'est la loi Florange qui a rendu Ghosn si avide de millions. Heureusement qu'il y a un esprit lucide pour nous le rappeler.

le 17/01/2019 à 19:40
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A Tototititata Je ne sais pas si Ghosn est avide de millions, mais je sais qu'il a dirigé durant des décennies une des rares entreprises françaises encore "visibles". Quelles que soient ses motivations, ca a permis à un tas de gens de survivre ici e...

le 17/01/2019 à 21:36
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Ce que je note, c'est que Ghosn s'est suffisamment moqué du monde quand il s'est auto-augmenté en 2016, en faisant avaliser par le C.A. de Renault ses 15 millions d'euros de salaire annuel, contre le vote des actionnaires. Il était tellement imbu de...

à écrit le 17/01/2019 à 13:42
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Pekin n'a pas laissé tomber la responsable d'Huawai arrêté au Canada, et hop un canadien condamné à mort en Chine et une palanqué d'autres arrêtés. Il parait que des mafieux Japonais passent tranquillement leurs vacances en France dans leurs somptue...

le 17/01/2019 à 15:09
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des faits qui se sont produits au Japon, pas en France, donc non condamnables juridiquement, seulement moralement. ET puis le "il parait".... si vous jugez sur des bruits de couloir et non des certitudes, ça fait peur.

le 17/01/2019 à 15:20
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Il est toujours prudent de parler de la mafia la plus puissante au monde au conditionnel ....

à écrit le 17/01/2019 à 13:28
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Pour ceux qui croient encore au père Noël, sachez que si une institution judiciaire accuse, elle ne le fait pas sans preuve... ce serait idiot de penser le contraire

le 17/01/2019 à 17:31
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Il n'est pas interdit de penser que si la "justice" japonaise invoque le risque de destruction de preuves pour motiver le maintien en détention, c'est qu'elle ne les a pas, ces preuves. Ce que confirme le fait qu'elle cherche à arracher des aveux par...

à écrit le 17/01/2019 à 12:31
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A chaque fois, le gouvernement agit parce qu'il est au pied du mur. Ces arrangements, cette impunité, cet aveuglement venant du gouvernement est de plus en plus intolérable. Que ce soit Benalla, Ghosn ou toute autre personne "protégé" par l'Et...

le 17/01/2019 à 17:32
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C'est la justice japonaise, par cette détention préventive interminable, qui impose ce remplacement.

à écrit le 17/01/2019 à 12:02
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Avertissement aux patrons européens, vous ne bénéficiez pas de la même protection de vos comptes offshore que les mégas milliardaires. Ne vous laissez donc pas endormir par les chants des sirènes.

à écrit le 17/01/2019 à 11:38
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il est dommage que des commentateurs ne sachent pas faire la différence entre une holding et une filiale... Renault-Nissan BV (RNBV) n'est pas une holding mais une filiale de Renault et de Nissan. chaque constructeur a 50% du capital de RNBV. RNBV...

à écrit le 17/01/2019 à 11:10
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Si Ghosn est débarqué de enault, perd t il son siège d administrateur de Nissan ?

à écrit le 17/01/2019 à 10:57
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Gone with the wind and gone for ever

le 18/01/2019 à 4:36
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Celle la, fallait la trouver. Excellent a propos.

à écrit le 17/01/2019 à 10:46
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Premier boulot du futur patron nommé, nettoyer le panier de crabes du management de Nissan notamment en coupant les têtes d'Hiroto Saikawa et du top management, visiblement à l'origine du complot contre Ghosn. Parce que très clairement, l'opération a...

le 17/01/2019 à 13:48
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ah la theorie du complot ... C est sur que c est les japonais qui ont incite Goshn a se faire payer en plus par une filiale, a faire payer nissan pour les travaux dans ses logemenst au bresil et liban ou payer sa soeur comme conseillere ...

le 17/01/2019 à 17:28
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@cd : vu les pratiques mafieuses en cours au Japon et à une bien autre dimension, carlos mériterait quasiment d'être canonisé...

à écrit le 17/01/2019 à 10:07
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Vous semblez oublier que M. Carlos Ghosn a encore été inculpé pour ne pas avoir déclaré l'intégralité de sa rémunération versée par le constructeur japonais, cette fois pour la période allant de 2015 à 2018. Il est également poursuivi pour abus de co...

le 17/01/2019 à 11:42
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Jusqu'à présent et à ma connaissance, aucune preuve n'a été produite par l'accusation. C'est pour cela qu'ils formulent des accusations à répétition. il est possible d'accuser quelqu'un de n'importe quoi, puis d'assumer ensuite une plainte pour diffa...

le 17/01/2019 à 13:52
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Vu que la justice japonaise a maintenu Gosh en prison, on peut supposer qu ils ont des raisons pour ca. Sans preuve il serait deja libre, surtout que Goshn a les moyens de se payer de tres bon avocats Sinon meme si les sommes sont minimes par rapp...

le 17/01/2019 à 17:36
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@@pluto : comment expliquez vous alors que pour maintenir Ghosn en détention et refuser une libération sur caution, la justice japonaise avance comme SEUL argument le risque de destruction de preuves (que donc a priori elle n'a pas ? Et qu'elle cher...

le 17/01/2019 à 17:43
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@titou : ce n'est pas une absence de déclaration FISCALE (donc une fraude fiscale) dont il est question. Mais d'une omission de déclaration aux autorités boursières de rémunérations à venir au moment de sa retraite (et il semble d'ailleurs que les te...

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