Le sourire était sur toutes les lèvres au siège de Renault ce vendredi matin à Boulogne-Billancourt. Le groupe automobile français ne s'est pas contenté de divulguer de très bons résultats financiers pour l'exercice 2021, il a également annoncé avoir atteint ses objectifs avec un voire deux ans d'avance. Les deux milliards d'économie sur les coûts fixes ont été atteints un an avant le calendrier prévu. La baisse du point mort de 40% est survenue deux ans plus tôt.
Les ratios financiers reflètent cette dynamique vertueuse : flux de trésorerie (1,2 milliard d'euros), marge opérationnelle (3,6%), résultat net... Tous les voyants sont repassés dans le vert. Une bascule spectaculaire en comparaison avec les chiffres de l'année précédente qui avait enregistré des pertes historiques (8 milliards de perte nette). A cela, il faut ajouter le contexte particulièrement défavorable de la pénurie des semi-conducteurs et de la hausse des cours des matières premières.
Dacia Sandero, numéro un en Europe
Au-delà des réformes structurelles, les performances de Renault sur le plan commercial sont également impressionnantes. La marque a réussi plusieurs lancements commerciaux comme la Sandero devenue la voiture la plus vendue en Europe aux particuliers. L'autre grand succès, c'est l'Arkana dont les ventes ont littéralement explosé avec 60.000 commandes (ce SUV coupé compact a été lancé en juin). Autre surprise, le succès de la Dacia Spring (46.000 commandes), la première voiture électrique de la marque roumaine, et importée directement de Chine.
L'autre support du rebond c'est l'explosion des ventes de modèles équipés du système E-Tech (une technologie d'hybridation ou la dénomination d'une version 100% électrique). En 2019, 2,5% des livraisons de Renault étaient accompagnées de cette technologie. Elle a atteint 17,5% des ventes en 2020, et a tutoyé le tiers des ventes en 2021 (+52%).
Enfin, Luca de Meo a remis de l'ordre dans la stratégie de prix de Renault. Il a baissé de 38% la diversité des options et finitions, augmenté de 10 points la part des ventes à particulier (plus profitables) pour atteindre les 50%, et le mix-produit (versions haut-de-gamme) a grimpé au point de dépasser les 85% sur certains modèles comme l'Arkana, et a fait fondre les stocks chez les distributeurs.
Deuxième phase de la Renaulution enclenchée
"Renault is back", a déclaré Luca de Meo, en réponse à des questions d'analystes, et pour mieux afficher sa confiance en l'avenir. Selon lui, la phase "Résurrection" est achevée avec deux années d'avance, il est temps d'enclencher le second volet du plan Renaulution, la "Rénovation" qui consiste à concentrer l'offensive sur le produit. Et l'année 2022 s'annonce aussi prometteuse que critique pour les équipes de Luca de Meo. Certes, elles pourront s'appuyer sur le succès de l'Arkana qui connaitra sa première année pleine. Mais elles devront assurer le succès de deux autres modèles sur le segment C : la Mégane E-Tech et le remplaçant du Kadjar qui portera le nom d'Austral.
Dacia affrontera les mêmes enjeux cette année. "Nous allons nous attaquer au plus grand marché d'Europe, le segment C", a lancé Denis Le Vot, patron de la marque roumaine. Mais l'offensive devrait être plus circonscrite avec seulement un modèle, le Jogger, ce SUV de cinq à sept places à prix imbattable (15.000 euros).
Mais Dacia a également lancé un profond travail sur son univers de marque dans le but de tirer les prix vers le haut. Le déploiement de la nouvelle identité (nouveau logo, nouveaux codes stylistiques) doit permettre de rendre la filiale roumaine "plus cool" et donc plus attractive.
En attendant une nouvelle gamme
Pour Luca de Meo, le Renault des dernières années a pêché par son obsession des volumes, et à ce titre, avait renoncé à être fort sur le segment C, alors que celui-ci est trois fois plus rentable. L'année 2022 sera donc cruciale pour poursuivre le redressement du groupe, en attendant l'arrivée d'une nouvelle gamme entièrement nouvelle sous la férule d'une nouvelle équipe de designer venue appuyer Laurens van der Acken, notamment Gilles Vidal, venu de chez Peugeot. "Nous sommes confiants", a-t-il répété, désormais rassuré par les très bons chiffres de l'année écoulée.
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