Quel succès ! Près de 60.000 immatriculations en moins de sept mois de commercialisation, assorti d'un taux d'équipement impressionnant... L'Arkana a probablement sauvé l'année de Renault qui a enregistré un retour dans le vert en 2021, après une année 2020 catastrophique (8 milliards d'euros de perte). Une excellente nouvelle pour la marque au losange, qui n'est pas sans rappeler le succès du 3008 qui avait relancé Peugeot en pleine déconfiture. Sauf que... contrairement au 3008, qui est produit à Sochaux, l'Arkana, lui, est produit en Corée du Sud. La bonne nouvelle de Renault se traduit-elle donc par une mauvaise nouvelle pour la balance commerciale?
La chaîne de valeur en France
Pas tout à fait, répond Renault. Fabrice Cambolive, directeur des ventes de la marque, rappelle que l'hybridation E-Tech, qui équipe 60% des Arkana commandées, est de fabrication française... Ce qui réalloue sur le territoire français une grosse partie de la valeur du produit. Vendredi, devant la presse, Luca de Meo a rappelé que la « Renaulution » est avant tout un immense projet d'investissement en France.
« Nous allons investir près de 9 milliards d'euros en France d'ici à 2025 », a-t-il ainsi répondu lors de la séance des questions-réponses des résultats financiers.
Et de citer le projet baptisé « ElectriCity » lequel regroupe trois sites industriels du nord de la France qui seront transformés en une plateforme industrielle entièrement dédiée à la voiture électrique et d'où sortiront 400.000 voitures en 2025. Luca de Meo a également rappelé qu'il avait engagé l'implantation de deux usines à batteries en France. "Nos investissements vont créer 7 milliards d'euros de PIB supplémentaires en France", a-t-il martelé. Dans une interview au Figaro, il a indiqué que neuf modèles seraient, à terme, produits en France: « C'est inédit », a-t-il souligné. Il a également cité le récent accord avec Valeo visant à produire en France un moteur électrique, « le meilleur du monde », a-t-il promis.
Renault n'est pas responsable de la filière
Pour autant, Luca de Meo a maintenu sa ligne au sujet de la responsabilité de Renault vis-à-vis de ses fournisseurs français. Accusé d'avoir lâché la fonderie aveyronnaise de la SAM en novembre dernier qui a mis la clé sous la porte et de vouloir céder les fonderies de Bretagne, le patron de Renault reste convaincu que l'avenir de la filière passera par une transformation nécessaire. Il a prévenu que Renault ne saurait être tenu pour responsable de ses conséquences en termes d'emplois. "Notre responsabilité est de construire un groupe compétitif", avait-il déclaré en octobre dernier devant la filière réunie à La Villette lors de la journée de la filière automobile.
"Si l'industrie auto française réussit à pivoter, notamment vers l'électrique, 500.000 emplois pourraient être créés dans le pays. C'est bien plus que les emplois détruits dans le thermique", a-t-il déclaré au Figaro.
En conférence de presse vendredi, Luca de Meo a reconnu subir d'importantes pressions de l'État, son premier actionnaire (15%), notamment pour assurer l'avenir de la filière. "Nous avons jeté beaucoup d'argent par les fenêtres ces dix dernières années, nous ne pouvons plus nous le permettre", a lancé le directeur général de Renault. Par le passé, la marque au losange avait été contrainte de commander auprès de fournisseurs locaux, parfois à des prix 30% supérieurs à ceux du marché.
La question de la désindustrialisation en France est un des sujets les plus sensibles du moment, et l'automobile y tient une place de premier plan. Entre 2000 et 2014, les effectifs ont fondu d'un tiers dans ce secteur en France.
Pour autant, s'il entend bien rester dans l'Hexagone, Luca de Meo entend également pousser les feux à l'étranger. Un plan de développement est en cours de finalisation.
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