Energie : Vinci n'a pas « le pétrole honteux » selon son PDG

Lors de ses vœux à la presse, Xavier Huillard a défendu le choix de sa filiale Cobra d'acquérir des concessions auprès de Petrobras, qualifiant, plus généralement, l'énergie de « territoire magnifique de croissance » en 2022. Les renouvelables n'en demeurent pas moins synonymes d'opportunités « extraordinaires, inexorables et irréversibles », selon le patron du géant du BTP et des concessions.
César Armand
Xavier Huilard, le PDG de Vinci.
Xavier Huilard, le PDG de Vinci. (Crédits : Reuters)

Xavier Huillard va-t-il tenir ses bonnes résolutions de 2020 ? Lors de ses vœux le 15 janvier d'avant Covid-19 sur le chantier de l'Archipel, son nouveau siège social à Nanterre, le président et directeur général du groupe Vinci avait annoncé vouloir réduire, d'ici à 2030, de 40% ses émissions de CO2 sur la base de celles de 2018. Pour le retour de cette cérémonie en présentiel ce 19 janvier 2023 sur le site du futur village des athlètes de Paris 2024, il a défendu le recours aux énergies fossiles.

Répondant à une question sur l'acquisition par sa filiale Cobras, auprès de Petrobras, d'onze concessions de champs de pétrole et de gaz naturel en décembre 2022 pour 1,1 milliard de dollars américains, le patron du géant du BTP et des concessions a répondu : « Nous n'avons pas le pétrole honteux ». « Cela va continuer à exister, parfois dans le neuf, parfois dans la réhabilitation », a justifié Xavier Huillard qui promeut également le développement des renouvelables. Sa filiale Cobras vient également, pas plus tard que le 10 janvier, de remporter un contrat de conception-construction-installation de deux plateformes de conversion d'énergie électrique d'origine éolienne pour un opérateur allemand de l'ordre de 4 milliards d'euros.

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L'énergie, un « territoire magnifique de croissance »

L'accélération des renouvelables constitue en effet, à ses yeux, une « vague extrêmement puissante ». En 2022, l'énergie a été un « territoire magnifique de croissance » dans un contexte « porteur de la transition énergétique », renforcé par l'entrée de Cobra le 31 décembre 2021 dans le groupe Vinci. Des « enjeux énormes » qui vont se poursuivre. « Nous avons constaté que la croissance économique était directement fonction de la disponibilité d'énergies décarbonées », a enchaîné Xavier Huillard, en référence à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qui s'en est suivie.

Pour autant, le PDG juge que le projet de loi d'accélération porté par la ministre Agnès Pannier-Runacher va certes « dans le bon sens » mais qu'il reste « insuffisant ». « Je ne suis pas sûr qu'on soit au trait pour aller aussi vite que dans d'autres pays » a-t-il embrayé. « En France, on nous dit : ''Vous avez un beau projet, débrouillez-vous pour obtenir l'accord de toutes les parties prenantes'' car on a encore la conviction qu'on n'a pas de problème grâce aux centrales nucléaires. Or, depuis quelques mois, on a importé de l'électricité, y compris d'Allemagne » a pointé Xavier Huillard.

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Des opportunités « extraordinaires, inexorables et irréversibles »

Et en même temps, « on vit un moment de prise de conscience de nos concitoyens qu'on n'est pas aussi bien positionnés ». « J'ai l'espoir que ça apporte davantage de consensus sur les énergies décarbonées », a souligné le patron du géant du BTP et des concessions. Face à un « Inflation Reduction Act » américain d'une « simplicité incroyable » et d'une « efficacité redoutable », « nous risquons de perdre cette avance si nous ne devenons pas agile ». « Cette problématique doit être au cœur de l'avenir de notre politique économique dans les dix-quinze ans à venir », a-t-il encore affirmé.

Reste que la transition énergétique, qui occupe d'après lui « énormément » Vinci Energies et Cobra, offre des opportunités « extraordinaires, inexorables et irréversibles ». « Cela ne va pas s'arrêter », a-t-il conclu.

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« La suppression de la taxe d'habitation a été un élément négatif »

Lors de la présentation de ses résultats semestriels en août 2022, Xavier Huillard avait déjà interpellé l'exécutif sur la crise du logement, considérant qu'il était « indispensable que le logement attire l'attention rapidement du gouvernement ».

Ce 19 janvier, le PDG de Vinci a réitéré son message : « Peut-être que nos gouvernants n'ont pas tout à fait la motivation qu'il faudrait pour s'occuper de ce secteur d'activité, ce qui nous fait penser que les difficultés pourraient continuer à s'amonceler dans ce secteur ».

« On ne construit pas assez en France et les incitations à la construction [pour les maires] sans doute insuffisantes », a-t-il martelé, qualifiant la suppression de la taxe d'habitation d' « élément négatif ».

César Armand

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Commentaires 3
à écrit le 17/03/2023 à 1:14
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l'aéroport de lyon serait bientôt sur le coup d'une vaste opération de l'inspection du travail lui même sur le coup de fuites médiatiques incontrolables liées au premier...

à écrit le 20/01/2023 à 12:05
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Nous avons acquis un appartement à Toulouse construit par Vinci. Livré en décembre alors qu'il n'était pas terminé ! Certainement pour des raisons fiscales. De plus de nombreux problèmes : vitres rayées, portes abîmées, cloisons pas droites, volets q...

à écrit le 19/01/2023 à 18:33
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Oui, il a raison, ce "name and shame" à propos du pétrole en Europe est parfaitement ridicule. Toute notre économie fonctionne au pétrole, il faut vraiment être hypocrite pour refuser de le reconnaitre

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