Après Vinci, Eiffage accélère sur les énergies renouvelables

Neuf mois après la finalisation de l'acquisition de l'espagnol Cobras IS par Vinci, le numéro 3 du BTP et des concessions vient d'annoncer son entrée en négociations exclusives pour acheter 80% du français Sun'R. En cela, Eiffage ne fait que se renforcer sur le marché du photovoltaïque. Décryptage.
César Armand
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

C'est le nouvel eldorado des entreprises du BTP : l'éolien et le photovoltaïque. Le 31 décembre 2021, Vinci a finalisé l'acquisition de l'espagnol Cobra IS, spécialisé dans la production d'énergies renouvelables. Dès le premier semestre 2022 : l'investissement s'est révélé payant, la nouvelle entité a rapporté 2,7 milliards d'euros au groupe coté au CAC 40. C'est au tour d'Eiffage d'« accélérer » sur ce marché de la transition écologique et énergétique.

Le numéro 3 du BTP et des concessions vient en effet d'annoncer son entrée en négociations exclusives pour acheter 80% du français Sun'R ­- les 20% restants aux fondateurs et à la direction -. Cette société réalise des champs photovoltaïques d'une puissance maximale de 100 MégaWatt crête (MWc) et de 300 MWc en développement, de l'agrivoltaïsme avec 250 hectares dans les tuyaux, et fournir de l'électricité « verte » en circuit court.

« Je crois beaucoup en ce principe. Nous ne devons pas opposer mais combiner photovoltaïque et agriculture », a déclaré le PDG d'Eiffage, Benoît de Ruffray, lors de la présentation des résultats semestriels 2022, le 1er septembre.

Rester majoritaires

Fin 2021, la société au logo rouge et noir revendiquait 3,4 GigaWatt d'énergie photovoltaïque installés, dont 1,5 GW rien que l'an dernier. Aujourd'hui, elle en prévoit 1,4 supplémentaire entré dans ses carnets de commande, en France, en Espagne, en Amérique Latine et en Afrique. Fin juillet, son concurrent Vinci dévoilait, lui, un chiffre d'affaires réalisé à 46% en Espagne et 36% en Amérique Latine.

« Avec 120 personnes contre 10 chez Eiffage, Sun'R nous permet de changer de dimension. Nous avons toujours eu des parts minoritaires dans des champs photovoltaïques au Sénégal ou au Chili dans des délaissés autoroutiers. Aujourd'hui, nous voulons rester majoritaires », a encore affirmé le Pdg Benoît de Ruffray. Ce dernier compte en outre sur les accotements d'APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, 2.323 km, Ndlr) avec « 200 Gigawatts » à la clé.

Fort de vingt ans d'expérience, le groupe de BTP et de concessions continue parallèlement de parier sur l'éolien offshore. Sa filiale Eiffage Métal construit les mâts entre les fondations et l'éolienne. Elle recense des contrats en Allemagne, en Belgique, en Ecosse, en France et envoie même des pièces aux Etats-Unis et à Taiwan. De même qu'elle maintient des centrales hydroélectriques de puissance variable (300-500 KiloWatt à 1 voire 2 MgW).

Déjà 1 milliard de chiffre d'affaires

L'objectif reste le même : « annuler [sa] propre consommation en France et en Espagne », a précisé le patron d'Eiffage. Pas question en revanche de donner des objectifs de volume. « Ce qui est important, c'est la qualité du carnet de commandes et la capacité à les absorber », a rétorqué le directeur financier, Christian Cassayre. Sur les 18 milliards d'euros (+9%) sur un an à venir en matière de travaux, le volet « énergie systèmes » croît effectivement de 24% par rapport au premier semestre 2021, passant de 4,2 à 5,2 milliards d'euros.

Au global, si le groupe de BTP et de concessions a réalisé 9,452 milliards d'euros de chiffre d'affaires (+8,6% par rapport à la même période l'année dernière), les énergies renouvelables représentent bon an mal an 1 milliard d'euros, a poursuivi le DAF. De fait, c'est l'activité Energies Systèmes - celle qui lorgnait sur Equans fin 2021 avant que Bouygues ne remporte la mise - qui dégage la deuxième meilleure croissance (9,1%) derrière les concessions (21,3%).

« Le seul plan de relance qu'on n'a pas vu, c'est celui pour l'immobilier »

Si le chiffre d'affaires d'Eiffage Immobilier progresse de 7,5% au premier semestre 2022, le nombre de réservations de logements diminue à 1.519 unités contre 2.194 au premier semestre 2021, soit 30% en moins. Après Bouygues et Vinci, le numéro 3 des majors du BTP français est, lui aussi, frappé par la crise du logement.

« Le seul plan de relance qu'on n'a pas vu, c'est celui pour l'immobilier » , lâche, le Pdg d'Eiffage, Benoît de Ruffray.« Le chiffre d'affaires d'aujourd'hui, ce sont les réservations d'hier » a-t-il ajouté.

Autrement dit, du fait du temps long de l'immobilier, entre l'obtention du permis de la construction et la livraison de l'immeuble neuf, il se passe quelques années. Les opérations qui sortent aujourd'hui proviennent de logements réservés en 2019 et en 2020. Depuis début 2022, entre la baisse du pouvoir d'achat et la remontée des taux d'intérêt, sans oublier la frilosité de certains maires à autoriser des chantiers et une réglementation environnementale exigeante, les promoteurs immobiliers sont en effet à la peine.

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César Armand

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