Immobilier : Altarea investit dans la production d'énergies renouvelables

Lors de la présentation de ses résultats annuels 2022, le promoteur et développeur immobilier Altarea a annoncé son développement dans les énergies renouvelables. Et ce, quelques semaines après la promulgation du projet de loi visant à accélérer leur production. Décryptage.
César Armand
Altarea entend diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre sur ses activités de promotion entre 2019 et 2030.
Altarea entend diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre sur ses activités de promotion entre 2019 et 2030. (Crédits : Regis Duvignau)

Déjà présent sur le commerce, le logement et l'immobilier d'entreprise - bureau et logistique - le groupe Altarea compte investir dans les énergies renouvelables. Quelques jours après avoir acquis la totalité du capital du constructeur d'habitats en bois Woodeum et près d'un an avoir renoncé à acheter le gestionnaire d'actifs Primonial, le développeur et promoteur a fait savoir, lors de la présentation de ses résultats annuels 2022, sa volonté de « développer une activité significative dans les énergies renouvelables ».

« Nous allons constituer des équipes importantes faites d'Altarea Commerce et de sociétés extérieures », a affirmé, ensuite à La Tribune, le président-fondateur Alain Taravella en ce 1er mars 2023. Et ce afin de « maîtriser l'ensemble des savoir-faire opérationnels et de constituer un pipeline [ligne de projets, Ndlr] », est-il précisé dans une déclaration transmise à la presse.

Un marché « immense »

Non content d'apporter déjà 100% d'électricité bas-carbone aux commerces des centres qu'il érige et gère, le groupe entend se positionner sur ce marché « immense ». « Peut-être que nous achèterons des petites structures mais nous investirons au bon moment, plutôt en fin d'année-début d'année prochaine. Dans un an, nous pourrons en dire plus », a poursuivi le patron d'Altarea, qui n'a guère été plus bavard sur les moyens économiques et RH alloués.

Avec les data centers de petite taille, la production et la distribution d'électricité bas-carbone constitue « les fondations de deux nouvelles lignes de produit ». « La maîtrise foncière et la gestion des aléas administratifs sont des enjeux communs à ces deux produits, domaine dans lesquels [le groupe immobilier] dispose d'une expertise avérée », est-il écrit dans un communiqué.

« Les premières contributions sont attendues à un horizon de l'ordre de quatre à cinq ans dans le cadre d'un modèle de type promoteur / gestionnaire d'actifs. A court-terme, les investissements de lancement seront comptabilisés en charge, ce qui devraient peser sur les résultats [mais] à moyen-terme, ces nouvelles activités devraient contribuer à hauteur de 10 à 15% du résultat opérationnel récurrent », est-il ajouté.

Une obligation légale

En réalité, cette annonce intervient quelques semaines après la promulgation de la loi d'accélération sur les énergies renouvelables par le président Macron. Ce texte prévoit en effet et par exemple d'équiper en ombrières productrices d'énergie solaire thermique ou photovoltaïque « au moins la moitié » des parkings extérieurs d'une superficie supérieure à 2.500 m². Des espaces de stationnement présents dans ses centres commerciaux.

« En cas de méconnaissance » de ces obligations, l'autorité administrative compétente peut prononcer à l'encontre du gestionnaire concerné, « chaque année et jusqu'à la mise en conformité », une amende plafonnée à 10.000 euros si le parking a une superficie de moins de 10.000 m² et à 20.000 euros si le parking a superficie égale ou supérieure à 10.000 m².

La taxonomie européenne, clé de la communication extra-financière

En matière de lutte contre le dérèglement climatique, Altarea s'est également prononcé sur la taxonomie européenne, c'est-à-dire sur ce système de classification européenne qui permet d'identifier les activités économiques considérées comme ayant un impact favorable sur l'environnement. A terme, il servira de base aux banques pour allouer des financements verts.

Si 98% de son chiffre d'affaires est éligible à cette labellisation, seuls 44% sont alignés avec ce standard voté par le Parlement européen en juillet dernier. « Un projet immobilier doit cocher six cases [énergie, climat, eau, économie circulaire, pollution, biodiversité] pour être considéré comme vert. Un seul non-coché invalide tous les autres. Dans la promotion immobilière, c'est très dur », a affirmé le directeur financier, Éric Dumas.

« Le critère le plus difficile à atteindre, c'est le recyclage des déchets. Nous avons des accords avec des entreprises, mais nous devons nous assurer qu'elles le font vraiment », a-t-il enchaîné, sans pour autant faire mention à la responsabilité élargie des producteurs (REP) dédiée aux produits et aux matériaux de construction du bâtiment (PCMB), censée accélérer l'économie circulaire, mais qui accuse un nouveau retard...

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 « La liste des critères techniques est très détaillée », avait également expliqué, la semaine dernière, son homologue chez Eiffage, Christian Cassayre, chez qui le bâtiment neuf est éligible à 81%, mais dont les critères d'alignement sont tels qu'à la fin, seul 1% est validé. En cause : les matières premières polluantes qui entrent dans la fabrication des matériaux de construction.

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Une « performance carbone » et une intensité carbone à l'ordre du jour

Altarea a, enfin, témoigné de sa « performance carbone ». Sur les scopes 1, 2 et 3, c'est-à-dire les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, ces dernières s'établissent à 1.085 milliers de tonnes, en diminution de 3,4% par rapport à 2021 et de... 30,6% par rapport à 2019. Une chute qui s'explique par un « effet volume », c'est-à-dire par une réduction en 2020 des livraisons des grandes opérations de bureau en Île-de-France et des projets commerciaux.

La promotion immobilière reste, malgré tout, le plus gros émetteur de GES. « Elles sont liées à la construction du bâtiment ainsi qu'à son utilisation sur une durée de cinquante ans », est-il souligné dans le rapport d'activité 2022 du groupe. Par construction, il s'agit des matériaux - y compris leur transport -, du chantier, de l'entretien et du recyclage, et par utilisation, il faut entendre l'énergie consommée par les occupants du bien construit pendant un demi-siècle.

Pour autant, Altarea entend diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre sur ses activités de promotion entre 2019 et 2030, et même atteindre le zéro émission nette sur tous ses actifs commerciaux à horizon 2030. « Nous avons démarré en 2010 quand personne n'en parlait et sommes déjà à -70% », a assuré le président-fondateur Alain Taravella interrogé par La Tribune sur l'objectif français de neutralité carbone en 2050.

Autre outil mis en place : l'intensité carbone, c'est-à-dire la quantité de CO2 émise pour générer 1 euro de chiffre d'affaires. En 2022, elle demeure de 360 grammes par euro, en baisse de 3,2% comparé à l'année précédente, et de 28,4% au regard de 2019, mais le groupe entend bien « découpler » la croissance et les émissions « dans les années qui viennent ». Affaire à suivre donc...

César Armand

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