Climat : quelles perspectives pour Altarea, Eiffage et Saint-Gobain ?

Près d'un an après le début de la crise de la Covid-19, la major de l'immobilier, le géant du BTP et le groupe coté au CAC 40 maintiennent leur objectif commun de réduire leur empreinte carbone.
César Armand
(Crédits : DR)

Altarea, Eiffage et Saint-Gobain ont un point commun: la construction. Altarea développe des logements, des commerces, des bureaux, des entrepôts logistiques, des hôtels et des résidences services de même qu'Eiffage construit des bâtiments (verticaux) et conduit des opérations de travaux publics (horizontaux). Saint-Gobain distribue et fabrique, lui, des verres et des matériaux de construction. En un mot, ils sont complémentaires.

Dans ce trio, la major de l'immobilier Altarea revendique pour 2020 un chiffre d'affaires de 3,056 milliards d'euros et un résultat opérationnel de 177 millions d'euros. A l'inverse, le géant du BTP Eiffage subit la crise économique et sanitaire avec un chiffre d'affaires en recul de 10% (16,3 milliards d'euros) et un résultat opérationnel courant à 1,3 milliard d'euros (-37%).

Le seul groupe coté au CAC 40 des trois, Saint-Gobain, accuse aussi le coup de la Covid-19 avec un chiffre d'affaires en baisse de 10,4%: 42,573 milliards d'euros contre 38,128 en 2019. Son résultat net courant diminue de 23,2%, passant de 1,915 milliard d'euros à 1,470 milliard d'euros. En revanche, son cash-flow a progressé de 63,9%, atteignant les 3,044 milliards d'euros.

A l'heure de la relance écologique et économique, prônée par le gouvernement en attendant la reprise, ces trois entreprises se positionnent comme des acteurs du changement. Portées par les milliards débloqués pour la rénovation et soucieuses de contribuer à la stratégie nationale bas-carbone, accélérée par le projet de loi Climat et Résilience en cours d'examen au Parlement, elles revoient leur stratégie.

Altarea veut être "en pointe" sur l'économie circulaire

Ainsi Altarea se définit non plus comme un développeur immobilier, mais comme un opérateur de la transformation urbaine qui conçoit des quartiers mixtes intégrés. Autrement dit, plutôt que d'artificialiser des terres agricoles et de repousser toujours plus loin les frontières des villes, elle part d'un terrain déjà occupé par le passé pour lui donner une seconde vie. A Issy-les-Moulineaux, sur 3 hectares, elle prévoit ainsi 40.000 m² de bureaux, 600 logements (25% sociaux), 17.000 m² de commerces et loisirs, une forêt urbaine, ainsi qu'une boucle de géothermie qui permettra pour apporter chaud et froid.

De même que cette société vient de signer un partenariat avec Carrefour sur trois projets de développements urbains à Nantes (Loire-Atlantique), Sartrouville et Flins-Aubergenville (Yvelines). Il s'agit d'immenses galeries commerciales et parkings horizontaux qui vont être mutés en logements, bureaux, résidences gérées, écoles et espaces verts, explique le directeur général d'Altarea, Jacques Ehrmann, ancien directeur exécutif du groupe Carrefour.

Parallèlement, cette entreprise devra appliquer, comme les autres professionnels du bâtiment neuf, la nouvelle réglementation environnementale dite "RE2020""Cela va dans la bonne direction, mais cela risque d'être un peu inflationniste", avertit Jacques Erhmann. De même qu'il témoigne de son ambition d'être "en pointe" sur l'économie circulaire des matériaux de pointe, érigeant la construction futur siège de Groupama à Mérignac (Gironde) en démonstrateur de son savoir-faire en matière de réemploi et de recyclage.

Lire aussi : Immobilier : le développeur Altarea Cogedim entre au capital du promoteur bois Woodeum

Eiffage investit en croissance externe

Eiffage recycle déjà ses routes grâce à des liants végétaux. "Nous allons continuer la recherche fondamentale pour baisser leur empreinte carbone", assure son pdg Benoît de Ruffray. En 2020, le géant du BTP a d'ailleurs publié publié son premier rapport climat, actualisé sa feuille de route biodiversité et utilisé sa plateforme carbone et climat Sekoya dédiée à la remontée de solutions bas-carbone pour la ville et les infrastructures durables.

"Les ETI qui ont des bonnes idées cherchent des capacités à mettre en oeuvre leur produits sur le terrain. Nous nous engageons à être un accélérateur. Nous diminuons nos propres émissions comme nous proposons des solutions innovantes à nos clients pour réduire leurs propres émissions", déclare le président-directeur général d'Eiffage. "Beaucoup de sujets sont à l'interface de nos métiers (infrastructures, concessions, constructions, systèmes énergétiques, Ndlr)", poursuit-il.

Le géant du BTP a aussi investi dans le bas-carbone en croissance externe. L'an dernier, il acquis une société spécialisée dans la construction modulaire à base de conteneurs recyclés et dans deux autres visant à optimiser les consommations énergétiques, de même qu'il mise sur le bois et le rail. "Nous sommes convaincus que ces enjeux sont de très bonnes opportunités pour nos métiers. Les plans de relance vont être utilisés comme des accélérateurs de la transition écologique", ajoute Benoît de Ruffray.

Lire aussi : Après Vinci et Bouygues, Eiffage définit sa stratégie bas-carbone

 Saint-Gobain relève son prix du carbone

Son homologue chez Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar, qui prépare sa succession, a, lui, publié, en novembre, sa feuille de route pour atteindre le zéro carbone en 2050. Il y consacrera d'ici à 2030 un budget d'investissements de recherche et développement de l'ordre de 100 millions d'euros par an en moyenne.

"Nous allons investir dans toute une série de sites. Plusieurs usines ont en fait la demande. Nous avons un important programme d'amélioration", confie le Pdg du groupe coté au CAC 40. Ces 100 millions d'euros reste une "enveloppe indicative". "C'est un exercice d'appropriation [par ses équipes, Ndlr]. On leur a dit qu'il y avait des moyens et qu'une série de projets allait être lancée", précise-t-il.

Le fabricant de verres et de matériaux de constructions vient en outre de faire passer son prix du carbone de 30 à 50 euros. Il s'agit d'un levier économique permettant d'intégrer dans les prix du marché les coûts des dommages causés par ses propres émissions de gaz à effet de serre. Objectif: dégager des moyens vers des solutions bas-carbone. La boucle est bouclée.

Lire aussi : Après avoir réussi sa réorganisation, Saint-Gobain vise le zéro carbone

César Armand

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