Santé publique : la "menace fantôme" de la qualité de l'air intérieur

À l'invitation du fabricant de produits d'entretiens écologiques Rainett, un médecin de l'association santé et environnement France (ASEF) et la l'entreprise labellisatrice Air intérieur contrôlé ont alerté ce 16 mai 2019 sur les dangers de l'air intérieur et proposé des solutions pour améliorer la santé des occupants.
César Armand

L'hypersensibilité chimique a longtemps été une maladie impossible à diagnostiquer par les médecins, car, malgré des allergies à répétition chez les patients, leurs bilans biologiques étaient normaux. Le principal problème des perturbateurs endocriniens ou des autres composés organiques volatils demeure en effet leur invisibilité dans les espaces intérieurs.

"C'est une menace fantôme", résume le généraliste Alain Collomb. "On ne les sent pas, car on a toujours l'impression que l'air qu'on respire est pur. Souvenez-vous que le Titanic n'a pas été coulé par la face visible de l'iceberg."

Le membre de l'Association environnement et santé France (ASEF) insiste : "Nous sommes 87% du temps enfermés à la maison ou au travail et 5 à 6% en voiture". Sur les 7 à 8% restants, les gens font du sport à l'extérieur et s'aèrent, lui rétorque-t-on. "Ce serait intéressant de faire des études sur l'air des salles de sport", réplique le médecin.

"Est-ce bien aéré ? Il faudrait qu'elles aient au minimum une VMC [ventilation mécanique contrôlée, NDLR]".

3.000 substances chimiques aux effets connus

Invité ce 16 mai par le fabricant de produits ménagers écologiques Rainett à une table-ronde sur la qualité de l'air intérieur, le docteur Collomb tacle aussi les autres "lessives et détergents à base de phosphate" qui atteignent la biodiversité. "Cela part dans les nappes phréatiques et porte atteinte à la faune et à la flore."

Il existe par ailleurs près de 100.000 substances chimiques sur le marché européen, mais seuls les effets de 3.000 d'entre elles sont connus. C'est pourquoi en tant que médecin, il refuse le principe de Paracelse (philosophe suisse du XVIe siècle, Ndlr) selon lequel "rien n'est poison, tout est poison, seule la dose est poison", estimant que "ce principe ne présente plus de garanties". Il conseille donc d'aérer son chez-soi dix minutes tous les matins et tous les soirs et de favoriser les écolabels lisibles par les consommateurs.

Un label pour les produits à impact sur la qualité de l'air intérieur

Le hasard sans doute, Rainett en réalité, fait parfois bien les choses. Était également  conviée ce matin la société Air intérieur contrôlé. Après avoir travaillé pendant dix ans sur le traitement de la qualité de l'air intérieur, deux Belges ont décidé de développer un label du même nom depuis le début de l'année 2018.

Concrètement, lorsque des entreprises intéressées viennent leur demander une certification, cette société fait analyser leurs produits par un laboratoire spécialisé, puis leur délivre une note allant de A+ à C, une méthodologie et un scénario que l'entreprise demandeuse publie, ou non, sur son site Internet. Autrement dit, celles qui ont obtenu un mauvais résultat ne risquent pas de communiquer dessus...

"Nous n'allons pas à commencer à taper sur des entreprises clientes dans les médias", justifie Sammy Laamari. "Nous ne sommes pas prescripteurs, mais nous émettons toujours des recommandations et pouvons aussi proposer des substituts."

La société labellisatrice se réfère en outre à une base de données qui intègre 119 normes de nombreux pays européens. Elle assure également qu'elle attribue d'office la note C à la moindre substance cancérigène de même qu'elle dit réaliser des contrôles aléatoires pour vérifier si les engagements sont tenus. Ainsi, en cas de non-respect de ces derniers, elle peut même imposer des pénalités financières, avant d'en réinvestir 50% à des associations d'aide à l'amélioration.

Enfin, si une entreprise déclare modifier la composition d'un produit, Air intérieur qualité est contractuellement en droit de tout réanalyser.

"Notre premier ennemi, c'est le greenwashing !"

Hôtesse de l'événement, la société Rainett a obtenu des A+ pour toute sa gamme, à l'exception notable d'un A. "Notre premier ennemi, c'est le greenwashing !", s'exclame le directeur général France Benoît Renauld.

"Notre mission est de respecter l'environnement et de préserver la santé tout en étant au niveau des prix de vente des produits accessibles."

Le patron rêve d'un "impact nul voire négatif" sur l'environnement, travaillant sur des molécules d'origine européenne et espérant à terme être "affranchi" de l'huile de palme.

Cette société mise en outre sur l'économie circulaire, avec des plastiques 100% recyclés, des étiquettes dont les colles se dissolvent facilement et des encres sans produit toxique. "C'est tout de suite qu'il faut agir !", s'enflamme encore Benoît Renauld. Est-il autant exemplaire en matière de transport et de distribution ?

"Nous avons demandé à notre fournisseur d'emballages qu'il vienne sur notre site de production, avant qu'il n'arrive bientôt dans l'usine même. Cela nous a déjà fait économiser 2.500 camions sur les routes."

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 17/05/2019 à 18:08
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L’information à une large échelle reste la meilleure prévention. Notamment l’obligation d’installation des détecteurs des CO2 ds les habitations et les détecteurs de fumées pris en charge par certains contrats de surveillance, sinon ça serait bien d’...

à écrit le 17/05/2019 à 9:43
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Il y a toute la documentation sur le sujet sur internet mais un nettoyage effectué avec un bon appareil à vapeur associé à l'utilisation de produits ménagers d'origine essentiellement naturelle permet de ne quasiment plus utiliser de produits ménager...

à écrit le 17/05/2019 à 8:34
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J'ai un ami qui a fait une formation d'Etat concernant tout ces produits contaminés qui nous empoisonnent quotidiennement et parfaitement légaux à l'achat pourtant, il y a de quoi en perdre la tête tellement ces produits sont nombreux par exemple sav...

à écrit le 17/05/2019 à 5:09
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Faire du sport en salle revient a mettre son nez dans une fosse d'aisance. Mieux vaut courir en exterieur dans un parc si possible.

à écrit le 16/05/2019 à 21:22
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Plutôt que d'interdire prioritairement les voitures "anciennes" dans les villes, il va falloir interdire d'abord les fenêtres dans les appartements et les maisons ? Gag !

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