Comment Sanofi aurait raté l’une des plus importantes acquisitions de son histoire

Sanofi aurait mis sur la table une offre en deçà de celle qu'il avait promis à Actelion, si l'on en croit une note du laboratoire américain J & J qui détaille le déroulement des transactions avec la biotech suisse. C'est à ce moment qu'Actelion aurait décidé de négocier exclusivement avec le géant pharmaceutique américain.
Jean-Yves Paillé
Sanofi assure qu'une acquisition n'est pas "une urgence", et argue que ses"fondamentaux sont solides".

Ce fut un des principaux échecs dans le monde des fusions-acquisitions en ce début d'année. Après avoir vu Medivation lui passer sous le nez l'année dernière, rebelote avec Actelion, racheté par le géant américain Johnson & Johnson (J & J) en janvier. Pourtant, tout avait bien commencé pour le géant pharmaceutique français. Le 12 décembre.

Une note de J & J, rendue publique la semaine dernière, détaille les actions d'une "compagnie A". Outre J & J, seul Sanofi avait annoncé publiquement vouloir mettre la main sur Actelion. Ce qui laisse peu de doutes sur l'identité de la compagnie A... Celle-ci propose le 12 décembre dans une lettre une offre supérieure à celle de J & J pour s'emparer de la biotech suisse, selon le document.

Des discussions préliminaires sont alors engagées entre Actelion et la compagnie A. Les dirigeants de la biotech suisse considèrent le 13 décembre que l'offre de cette dernière mérite d'être regardée en profondeur, toujours selon le document. J & J considère ne pas pouvoir rivaliser avec le prix de la compagnie A, et rompt les discussions avec Actelion.

Sanofi doit-il mettre plus sur la table ?

Le 19 décembre, deux dirigeant de la biotech suisse, Jean-Pierre Garnier (le président) et Jean-Paul Clozel (le directeur général) rencontrent des représentants de la compagnie A. Mais celle-ci met sur la table un prix plus bas que prévu et sur "des termes différents", est-il écrit. La direction d'Actelion refuse l'offre qui représente en outre des "incertitudes importantes", et cette dernière autorise Jean-Pierre Garnier à reprendre des négociations avec J & J. Une telle transaction "serait plus à même de maximiser la valeur pour Actelion et ses actionnaires", assure la société américaine dans le document. Le 20 décembre Actelion et J & J démarrent des négociations exclusives. Cela finit par aboutir à un deal à 30 milliards de dollars, jeudi 27 janvier.

Selon ce document, Sanofi n'était donc pas prêt en réalité à mettre sur la table 30 milliards de dollars, comme cela avait pourtant été évoqué en décembre. Le géant pharmaceutique français aurait ainsi commis la même "erreur" que pour Medivation. S'il se disait déterminé à mettre la main sur cette société, il n'avait pas proposé d'offre financière à la hauteur de celle de son concurrent direct, Pfizer. Pour Medivation, Sanofi avait porté l'offre jusqu'à dix milliards de dollars. Mais Pfizer avait finalement acquis la société en mettant 14 milliards de dollars.

Sanofi va-t-il tenter une nouvelle fois de réaliser une grosse acquisition malgré ces échecs ? Lors de la publication des résultats annuels, il a assuré ne pas avoir abandonné cette possibilité. Pour le moment, le groupe assure que ce n'est pas une urgence, et argue que ses "fondamentaux sont solides".

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 22/02/2017 à 12:51
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Comment osez vous affirmer qu'il s'agit d'un échec ? Une acquisition est réussie si le prix correspond aux attentes et estimations que Sanofi fait, et aux résultats futurs de l'entité achetée. A moins que vous n'ayez déjà dressé votre propre analyse ...

à écrit le 20/02/2017 à 20:33
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Sanofi a raison de pas surpayé des laboratoires pharmaceutiques. Il y en a des quantités, s'agit pas de mettre tous ses oeufs dans l'un d'eux et apres se retrouver à voir des vraies opportunités lui échapper parce que Sanofi aura mis trop d'argent su...

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