Sous pression, Novo Nordisk limitera la hausse des prix de ses traitements

Entaché par la polémique de la hausse des prix des antidiabétiques et sous la pression des organismes payeurs, le laboratoire danois promet de limiter la hausse des prix de ses traitements à moins de 10% par an.
Jean-Yves Paillé
Début Novembre, le sénateur démocrate Bernie Sanders a appelé le Département de la justice et la Commission fédérale américaine du commerce à enquêter sur Sanofi, Eli Lilly et Novo Nordisk pour une possible collusion entrainant des augmentations de prix.

Une décision rare dans l'industrie pharmaceutique. Après Allergan, il y a trois mois, Novo Nordisk est devenu le deuxième grand laboratoire pharmaceutique à acter une limitation de la hausse du prix de ses médicaments aux Etats-Unis, premier marché pharmaceutique. Le groupe Danois, numéro 1 dans le marché du diabète, a promis de limiter les hausses annuelles futures sous les 10%.

"Nous reconnaissons que les personnes touchées par le diabète ont de plus en plus de mal à payer leurs soins, et cela comprend les produits que nous fabriquons. [...] Les augmentations de prix annuelles de nos produits ne seront pas supérieures à plus d'un chiffre. Cela est immédiatement effectif", a lancé Jakob Riis, le président du groupe, .à la fin de la semaine dernière.

Novo Nordisk attaqué par Bernie Sanders

Une annonce qui peut paraître étonnante. Novo Nordisk, dont la dynamique faisait pâlir d'envie ses concurrents avec une croissance de 22% en 2015 et un bénéfice net en progression de 32% à 4,67 milliards d'euros, tourne au ralenti. Le groupe cherche à retrouver une dynamique perdue. Le numéro un dans les ventes de traitements contre le diabète a réduit fin octobre ses prévisions 2016 pour la seconde fois de l'année. Il faut dire que le groupe n'est pas épargné par les organismes payeurs. Express Scripts, un groupe américain d'assurance santé et de pharmacie, a décidé de dérembourser le Victoza, un traitement contre le diabète distribué par le Danois. Une réaction à l'augmentation importante du prix de ces traitements ces dernières années (ils ont souvent plus que doublé entre 2010 et 2015).

D'un autre côté, Novo Nordisk veut certainement montrer sa bonne volonté. D'une part pour éviter d'autres déremboursements des organismes payeurs. D'autre part, pour ne pas attirer l'attention des autorités ; début Novembre, le sénateur démocrate Bernie Sanders a appelé le Département de la justice et la Commission fédérale américaine du commerce à enquêter sur Sanofi, Eli Lilly et Novo Nordisk pour une possible collusion entraînant des augmentations de prix.

Enfin, le timing de l'annonce pourrait être stratégique. La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine a bien été accueillie par l'industrie pharmaceutique, car le Républicain s'est montré moins véhément qu'Hillary Clinton au sujet des prix des médicaments. Mais il est encore difficile pour le secteur de connaître les desseins du 45e président des Etats-Unis à ce sujet.

Des informations erronées sur les hausses de prix, selon le Danois

Par ailleurs, Jakob Riis utilise cette annonce pour se défendre d'avoir augmenté de façon vertigineuse le prix de ses principaux antidiabétiques. Le laboratoire assure que le prix du Novolog Vial n'a grimpé que de 36% depuis 2001 en comptant les baisses et rabais concédés aux payeurs, contre 353% selon le prix catalogue. Les chiffres compilés par Bloomberg avancent pourtant que rien qu'en 2014, le prix de ce traitement a grimpé de 20,9%.  Le président du labo danois n'évoque pas non plus le cas du Levemir dont la hausse a atteint 29,9% pour la seule année 2014, d'après le média économique américain.

Jean-Yves Paillé

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