Chimie, recyclage, biotechnologies... Après une année positive, les startups industrielles françaises soumises aux aléas en 2023

L'an passé, 76 nouvelles usines ou extensions ont vu le jour en France, confortant la lente réindustrialisation du territoire, selon un tout premier recensement réalisé par BPIfrance. Mais ce regain tricolore est fragile et pourrait être percuté par la hausse des taux d'intérêt qui devraient ralentir les investissements, tout comme le plan américain destiné à attirer les nouvelles pépites industrielles outre-Atlantique.
Sur 1.900 startups industrielles dénombrées par BPIfrance, plus de 70% sont liées à la santé ou au climat.
Sur 1.900 startups industrielles dénombrées par BPIfrance, plus de 70% sont liées à la santé ou au climat. (Crédits : Benoit Rajau pour Sanofi)

La France est à la recherche de son nouveau terreau de « réindustrialisation ». Alors que l'Hexagone s'est vidé en vingt ans « de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel » entre 1995 et 2015, comme le notait le directeur général de BPIfrance, Nicolas Dufourcq, dans son ouvrage « La désindustrialisation de la France », la banque publique a publié jeudi un premier recensement des nouvelles startups industrielles. Résultat, 76 nouvelles usines ou extensions ont vu le jour en France en 2022 autour d'activités diverses telles du recyclage du plastique, du ciment décarboné, des biotechnologies, des lasers, de l'hydrogène, a indiqué jeudi la banque publique d'investissement.

Ces startups doivent ainsi faire oublier le lent retour de la France dans la compétition industrielle mondiale. Car si le solde de nouvelles usines a été positif en 2022, note de son côté Trendeo, l'écart entre créations et destructions a toutefois été moins encourageant. Aussi, la France souffre d'un lourd déficit commercial, révélant sa faiblesse à l'export.

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Aussi, malgré les 1.900 startups industrielles - dont plus de 70% sont liées à la santé ou au climat- et plus de 10.000 PME innovantes dénombrées en France par BPIfrance en 2022, la banque craint un ralentissement des investissements en 2023.

Agro-industrie, valorisation des déchets, chimie...

Ces 76 nouveaux sites industriels inaugurés en 2022 sont à l'origine de 3.000 créations d'emplois directs, précise BPIFrance.

Trente-cinq proviennent de startups qui ont créé leur première ligne de fabrication pilote ou leur première usine, essentiellement dans l'agro-industrie, la valorisation des déchets ou la chimie industrielle.

Les 41 restants sont le fait de PME ou d'ETI (entreprises de taille intermédiaire) innovantes, dans le secteur des biens de consommation et de l'agro-industrie.

Le pari de « 100 nouvelles usines ouvertes par an » lancé en janvier 2022 par Emmanuel Macron pour 2025, est en passe « d'être tenu », estime Paul-François Fournier, directeur exécutif de l'innovation chez BPIFrance, dans un entretien avec l'AFP en marge du salon Global Industrie qui se tient à Lyon.

La faiblesse de l'investissement et l'IRA

Mais l'année qui vient risque d'être plus difficile en raison des hausses de taux d'intérêt partout dans le monde qui freinent les investissements.

« Nous ne sommes pas à l'abri d'une année 2023 qui soit plus modérée que 2022, les levées de fonds sont plus difficiles, mais nous sommes équipés pour y faire face », affirme-t-il.

A cela s'ajoute l'accroissement de la compétition avec les Etats-Unis qui ont promulgué l'Inflation Reduction Act qui risque d'aspirer les statups européennes sur le territoire américain en raison de conditions fiscales et de subventions hyper avantageuses.

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L'an passé, les levées de fonds de startups industrielles françaises ont augmenté de 36%, à 3,78 milliards d'euros, dont les deux tiers dans les régions françaises, en dehors de l'Ile-de-France, et à l'encontre d'une tendance mondiale baissière.

L'an passé, huit levées de fonds ont ainsi été supérieures à 100 millions d'euros en France, chez Exotec (robots pour préparation de commandes), Verkor (batteries), Lhyffe (hydrogène vert), Soitec (semi-conducteurs), Flying whales (dirigeables pour transport de charges lourdes), Innovafeed (insectes pour nutrition animale), DBV (biotechnologies), et Valvena (biotechnologies, vaccins).

Le projet de loi « industrie verte »

Et 600 des 1.900 startups recensées ont levé plus d'un million d'euros, « ce qui nous place au début d'un plan de réindustrialisation dans un cycle long », estime M. Fournier.

Pour encourager la tendance, le gouvernement prévoit notamment un projet de loi « industrie verte » qui doit être présenté au Parlement cet été.

BPIFrance compte surtout sur la suite du plan d'investissement public France 2030, qui ambitionne de financer à hauteur de 54 milliards d'euros sur cinq ans les grandes transitions écologiques et économiques du pays.

Fin 2022, 10 milliards d'euros sur 54 avaient été engagés. La Première ministre Elisabeth Borne avait indiqué en novembre vouloir « accélérer » sa mise en oeuvre pour que 20 milliards soient engagés d'ici la fin 2023.

(Avec AFP)

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