A Fessenheim, la doyenne du nucléaire français ne fait visiblement pas peur aux riverains

Raccordée au réseau électrique depuis en 1977, la centrale alsacienne fournit 70 % de l'électricité consommée dans la région. Pour les riverains, les risques sismiques locaux ne font pas le poids face aux réalités économiques.
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"Ils prennent les gens pour des cons !" Adrien Vonarb, pêcheur professionnel sur le Rhin, vient de découvrir une étude révélée par EDF, selon laquelle la digue du fleuve canalisé ne céderait jamais au droit de la centrale de Fessenheim, même après un fort tremblement de terre. Les eaux du Rhin s'infiltreraient dans la nappe phréatique, pour ressurgir plus loin dans la plaine. "Avec 17 kilomètres de retenue d'eau en amont de la centrale, si ça devait craquer, Fessenheim et ses groupes de sécurité seraient sous l'eau", estime le pêcheur, qui prétend connaître chaque anfractuosité entre les dalles de béton sur cette portion navigable du Rhin.

Depuis une semaine, l'association Stop Fessenheim (35 membres) brandit le risque sismique pour réclamer la fermeture immédiate de la centrale. En 1356, un tremblement de terre a détruit la ville de Bâle. Sur place, les experts se querellent au sujet de son intensité : 6,2 selon les français, 6,9 selon les suisses. Fessenheim a été conçue pour résister à une intensité de 6,7. "EDF pourrait la transformer en site pilote pour apprendre à démanteler tous les centres de production nucléaire", propose André Hatz, porte-parole de Stop Fessenheim.

"Nous ne sommes pas inquiets" assure Mme le maire de Fessenheim

Pourtant, dans les communes voisines où résident un tiers des 900 salariés et prestataires locaux d'EDF, l'accident au Japon n'a provoqué aucun grand débat public. Le 9 mars, l'association anti-nucléaire trinationale TRAS avait déjà été déboutée par le tribunal administratif de Strasbourg, de sa demande de fermeture de Fessenheim. Depuis 34 ans, les élus relaient les messages délivrés par EDF. Ils participent deux fois par an à de grandes visites du site, et disposent avec la Commission locale d'information et de surveillance de moyens de contre-expertise sur des questions environnementales. "Nous ne sommes pas inquiets", déclare Fabienne Stich, maire (sans étiquette) de Fessenheim.

Une piscine municipale, un accueil périscolaire et des tennis confèrent un standing un peu suranné à sa commune de 2500 habitants. "La centrale a apporté la prospérité à ce secteur", se félicite Michel Habig, conseiller général (UMP) sortant. "La qualité du réseau électrique est un atout pour l'économie locale. Sans cet argument, l'équipementier industriel THK ne se serait pas implanté ici, et n'aurait pas créé 450 emplois". EDF s'apprête à injecter 200 millions d'euros de travaux dans la grande révision de la deuxième tranche, qui recevra de nouveaux générateurs de vapeur à partir du mois d'avril. "Un quart de ces prestations de service de maintenance reviennent à des entreprises locales", calcule Thierry Rosso, le directeur du centre de production (deux réacteurs de 900 MW).

Les préventions d'Angela Merkel ? "Purement politique" assure le patron de la centrale

Faut-il fermer Fessenheim, au seul motif de son âge ? Pour Thierry Rosso, la réponse est évidemment négative. Reprenant les propos de son président Henri Proglio, il qualifie de "purement politique" la décision d'Angela Merkel, qui vient de condamner les sept plus anciennes centrales allemandes à un arrêt temporaire. "La centrale de Fessenheim n'est plus la même que celle qui a été couplée au réseau en 1977", explique le directeur du centre de production. "A chaque visite décennale, nous intégrons des retours d'expérience, appliquons des évolutions réglementaires, renforçons nos structures. Notre exploitation a fourni 11,7 MW d'électricité en 2010, soit 70 % de la consommation locale alsacienne".

 


 

 

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Commentaires 2
à écrit le 22/03/2011 à 16:33
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Il faut etre inconscient pour laisser cette centrale nucleaire fonctionner .

à écrit le 21/03/2011 à 20:43
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nul votre commentaire ne vaux pas tripette

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