Pendant que le dossier Shtokman s'enlise, d'autres projets gaziers bénéficient des faveurs de l'Etat russe. C'est le cas de SeverEnergia, qui n'est pour l'heure qu'un nom sur le papier, sans production industrielle de gaz, ni même de site Internet. Mais pour démarrer son activité, la société russe va recevoir un crédit syndiqué de 120 milliards de roubles (2,9 milliards euros) de la part de Sberbank, VTB et GazpromBank. Soit le plus gros crédit attribué cette année dans le secteur des hydrocarbures par des banques d'Etat russes, traduisant ainsi la très forte détermination de Moscou de maintenir la capacité de production gazière de la Russie. Le crédit syndiqué s'étend sur une période de sept années et son taux annuel, qui n'a pas été révélé, est compris entre 6% et 10% d'après les experts. Une somme équivalente sera investie d'ici à 2020 par les quatre actionnaires de SeverEnergia, les russes GazpromNeft, filiale pétrolière de Gazprom, et Novatek qui détiennent à parité 51% de SeverEnergia. A leurs côtés se trouvent les groupes italiens Eni (qui détient 29,5%) et Enel (qui détient 19,5%). Ces deux derniers avaient pris en 2007 la décision risquée d'acquérir les actifs de Ioukos, démantelés de manière très controversée par le Kremlin.
1.300 milliards de m3 de gaz
SeverEnergia a été formé à partir de plusieurs entreprises gazières qui possédaient des réserves de 1.300 milliards de mètres cubes de gaz (soit près de 30 fois la consommation annuelle gazière de la France) et 568 millions de tonnes de pétrole. La société a été évaluée à 3,2 milliards de dollars en 2007, si l'on se base sur la transaction réalisée lorsque Gazprom, qui souhaitait s'écarter des risques judiciaires liés aux actifs de Ioukos, a vendu sa part de 51% aux groupes GazpromNeft et Novatek. La taille de ses réserves garantit à SeverEnergia d'être le second groupe gazier indépendant russe derrière Novatek. Dans un premier temps, la production du groupe devrait se limiter au marché domestique russe, mais il n'est pas exclu qu'il exporte, si Gazprom perd son statut de monopole sur les exportations de gaz. Une perspective sur laquelle comptent certainement ses actionnaires italiens.
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