Japon : forte opposition au projet de redémarrage de deux réacteurs

Le projet du gouvernement japonais de redémarrer deux réacteurs nucléaires fait l'objet de vives critiques. Greenpeace Japon estime que les normes de sûreté restent "laxistes".
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Une volée de critiques a accueilli dimanche le projet du gouvernement japonais de redémarrer deux réacteurs nucléaires remplissant les conditions posées à toute relance après l'accident de Fukushima. Greenpeace estime que leur innocuité n'était pas démontrée. Le gouvernement de Yoshihiko Noda a annoncé vendredi avoir décidé d'approuver le plan de réactivation des unités 3 et 4 de la centrale d'Oi (ou Ohi), dans la préfecture de Fukui, afin de prévenir toute pénurie d'électricité pendant l'été. Sur un parc national de 54 unités, seule une est encore active et elle devrait être stoppée pour maintenance dans les prochaines semaines.
"Il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement a tellement hâte de redémarrer les réacteurs", a écrit dimanche dans un éditorial le grand quotidien nippon Mainichi Shimbun, affirmant que des inspections plus minutieuses devaient être faites avant tout redémarrage. Le complexe atomique d'Oi est exploité par la compagnie Kansai Electric Power qui est actuellement privée de l'ensemble de ses réacteurs nucléaires et affirme qu'elle risque de souffrir d'une insuffisance de courant de 20% cet été au moment des pics de consommation si une partie de ses installations ne sont pas relancées.
Pas d?amélioration de la sûreté, selon Greenpeace
"Des études indépendantes montrent qu'il n'y aura pas de pénurie d'énergie", a réagi Wakao Hanaoka, un militant de Greenpeace Japon. Les réacteurs 3 et 4 d'Oi avaient respectivement été stoppés en mars 2011 et juillet 2011 pour entretien de routine, obligatoire tous les treize mois. Ils n'avaient pu être réactivés après les délais habituels d'inspection, le précédent gouvernement, de Naoto Kan, ayant imposé une nouvelle batterie de tests de résistance, notamment vis-à-vis des catastrophes naturelles. Ces mesures de précaution ont été décidées en raison des craintes nées de la catastrophe de Fukushima à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars 2011. Tous les réacteurs du Japon sont situés en bord de mer.
Avant la décision du gouvernement d'approuver l'option du redémarrage, les examens de sécurité effectués à Oi par l'exploitant du site ont été successivement validés par l'Agence de sûreté nucléaire et une commission ad hoc. Selon Wakao Hanaoka, de Greenpeace, les normes de sécurité du gouvernement restent "laxistes". "L'industrie nucléaire et le gouvernement n'étaient absolument pas préparés pour la catastrophe de Fukushima Daiichi et aujourd'hui ils prétendent pouvoir juger Oi sûr sans pour autant avoir amélioré la sécurité ou les mesures d'urgence", a poursuivi M. Hanaoka.
Tepco dévoile de nouvelles photos de la castastrophe de Fukushima
Pour l'Asahi Shimbun, "il n'est pas certain que le projet soit accepté par les populations qui ont soulevé des objections" au redémarrage. Le grand quotidien a enfin regretté "l'inconstance" du gouvernement Noda dans sa politique nucléaire. Avant son entrée en fonctions en septembre 2011, Yoshihiko Noda avait promis de poursuivre la dénucléarisation du Japon. Il avait rétropédalé en janvier dernier, affirmant que le pays réduirait sa dépendance à l'énergie atomique "autant que possible, sur le moyen terme et le long terme".
Au même moment Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima (nord-est du Japon) a diffusé de nouvelles images révélant l'étendue des dégâts dans une piscine de stockage du combustible usagé du réacteur 3, l'un des trois les plus critiques. Un photo montre une grue de 35 tonnes, servant à plonger ou retirer les barres de combustible de l'eau de refroidissement, tombée dans la piscine vraisemblablement après une explosion d'hydrogène trois jours après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
L'autre cliché diffusé par Tepco dévoile un pan de structure métallique déformée également immergé dans ce bassin de désactivation d'une profondeur de 11,8 mètres. Tepco avait rendu public en janvier les premières images prises par une caméra (endoscope) dans l'enceinte de confinement du réacteur 2. Déclenché par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, l'accident de la centrale Fukushima Daiichi a constitué le pire désastre nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine), en 1986. Dans les jours suivant le séisme, du fait d'absence d'électricité et de systèmes de refroidissement, le combustible a partiellement fondu dans les réacteurs 1 à 3, entraînant des explosions d'hydrogène et des rejets massifs d'éléments radioactifs dans l'environnement.

 

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