Veolia : Le PDG Antoine Frérot répond aux critiques de Jean-François Dehecq

"M. Dehecq se trompe", a lancé mercredi le PDG de Veolia, Antoine Frérot, devant ses actionnaires réunis en assemblée générale. L'ancien patron de Sanofi, qui vient d'être débarqué du conseil de Veolia, a vivement critiqué la "vision comptable" d'Antoine Frérot dans une interview au "Monde" de mercredi.
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Copyright Reuters (Crédits : La patron de Veolia, Antoine Frérot, défend son bilan et ses projets - Photo : Reuters)

"M. Dehecq se trompe. (...) Ne rien changer chez nous quand tout change ailleurs, c'est assurément condamner toute ambition de Veolia", a affirmé le patron de Veolia, Antoine Frérot, appelé par un actionnaire à réagir aux déclarations de l'ex-patron de Sanofi. "Veolia a assurément une vocation mondiale mais pas partout et pas sur tout. Je veux en deux ans redonner à Veolia tous les moyens nécessaires à une ambition raisonnable et rentable", a-t-il ajouté, assurant désormais avoir "une équipe soudée" à travers un comité exécutif également remanié.

Les nouveaux administrateurs très largement plebiscités

Jean-François Dehecq, réputé proche d'Henri Proglio, le prédécesseur de Frérot à la tête de Veolia, s'est vu refusé le renouvellement de son mandat d'administrateur de Veolia. Dans une interview donnée au "Monde" daté de mercredi 16 mai, il critique la "vision comptable" d'Antoine Frérot et lui reproche "d'abdiquer l'ambition mondiale du groupe". L'ancien patron de Sanofi se montre notamment très opposé à la vente de 5 milliard d'euros d'actifs d'ici à fin 2013, décidée par Antoine Frérot pour désendetter le groupe. "La stratégie d'une société de la taille de Veolia (...), cela mérite mieux qu'une vision comptable à court terme", assène l'ancien patron de Sanofi.

Les actionnaires de Veolia réunis mercredi en assemblée générale ont, eux, exprimé leur soutien à Antoine Frérot en approuvant très largement la recomposition du conseil d'administration du groupe de gestion d'eau et de déchets. Nommés à plus de 98 % ou 99 % des voix, trois nouveaux administrateurs, le directeur général de Valeo, Jacques Aschenbroich, la présidente de la foncière Affine, Maryse Aulagnon, et la gérante de Topiary Finance, Nathalie Rachou, font leur entrée au conseil d'administration, en remplacement de l'Espagnole Esther Koplowitz et de Jean-François Dehecq. Cible d'une fronde contre sa stratégie et d'une tentative de putsch en début d'année menée par son prédécesseur Henri Proglio, Antoine Frérot avait mi-mars décidé de faire sortir du conseil ces administrateurs jugés trop proches du PDG d'EDF.

Un dividende qui chute

Le banquier Georges Ralli, qui était déjà administrateur, a également été nommé, cette fois comme représentant de Groupama, actionnaire de Veolia à hauteur de 5,7 %, et le doyen Serge Michel, 85 ans, a été reconduit. Le mandat d'Henri Proglio, absent lors de l'assemblée générale de Veolia, arrive à expiration l'an prochain.

Tout au long de cette assemblée générale, Antoine Frérot a cherché à convaincre des actionnaires échaudés par une réduction du dividende à 0,70 euro par action (contre 1,21 euro les années précédentes) et une chute de moitié du cours de l'action le titre en un an. "Le nouveau Veolia sera une entreprise plus attractive pour ses investisseurs, ses clients et ses salariés", leur a-t-il assuré. "Notre stratégie consiste à concentrer notre groupe sur les géographies et les segments de marché les plus prometteurs pour qu'il s'y développe davantage", a résumé Antoine Frérot, désirant de rendre agilité et marge de manoeuvre à Veolia Environnement.

Une note anonyme dans les rédactions

Veolia a toutefois décidé de ne pas donner de prévisions de résultats pour 2012, année de transformation intense, tout comme pour 2013. Quelques cinq milliard d'euros de cessions sont prévues sur ces deux années. Celle des 50 % détenus dans Veolia Transdev (transport) est en cours de négociations ainsi que celles des activités d'eau régulée au Royaume-Uni et de déchets solides aux Etats-Unis avec des acheteurs potentiels encore gardés anonymes. En outre, "plusieurs dizaines de cessions de petite et moyenne taille sont en cours", a indiqué le directeur financier, Pierre-François Riolacci.

Cette semaine, une note anonyme critiquant violemment la gestion d'Antoine Frérot a été transmise à plusieurs rédactions. Certains y voient la main d'Henri Proglio. "Un baroud d'honneur qui signe son impuissance", lance un proche d'Antoine Frérot. Par ailleurs, plusieurs sources évoquent régulièrement des difficultés, qui viendraient ralentir, voire mettre à mal, les négociations en cours visant à vendre les 50 % de Veolia dans Transdev (détenue à parité avec la Caisse des dépôts) au fonds Cube de Natixis. Selon ces sources, Cube n'aurait pas les moyens de reprendre la totalité de cette participation. Ni Veolia, ni Cube ne commentent.

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Commentaire 1
à écrit le 17/05/2012 à 13:40
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Dommage, les nominations attendues auraient pu être l'occasion de montrer que les administrateurs sont investis dans le pilotage de l'entreprise..... Après les politiques, il faudrait aussi que les "salariés" (et je maintiens le terme) des CA du CAC ...

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