Crise énergétique : « l'urgence » est de découpler le prix de l'électricité de celui du gaz, selon la vice-présidente de l'Assemblée

La vice-présidente de l'Assemblée nationale, Valérie Rabault (PS), enjoint le gouvernement à « faire le sit-in » à Bruxelles pour obtenir la sortie de la France du mécanisme européen régulant les prix de l'électricité. Souhaitée également par la Commission européenne, elle ne devrait néanmoins pas voir le jour avant le premier semestre 2023. Les 27 membres de l'Union européenne ne se sont toujours pas mis d'accord sur la « réforme structurelle » à mener sur le sujet.
De nombreux gouvernements appellent à opérer d'urgence un découplage des prix de l'électricité et du gaz.
De nombreux gouvernements appellent à opérer d'urgence un découplage des prix de l'électricité et du gaz. (Crédits : Pixabay / CC)

Découpler le prix du gaz et de l'électricité, voilà « l'urgence » actuelle selon la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Valérie Rabault (PS). « L'urgence, c'est l'énergie, l'urgence, c'est d'aller et de passer son temps à Bruxelles, de vraiment faire le sit-in » pour l'obtenir, a-t-elle déclaré ce mercredi 30 novembre au micro de Sud Radio.

Sur le marché européen interconnecté, le prix de l'électricité est ajusté sur le prix de revient de la dernière source d'énergie mobilisée pour répondre à la demande, souvent une centrale au gaz. Or, le prix du gaz s'est envolé, dans le sillage de la guerre en Ukraine et du tarissement des flux par la Russie, entraînant avec lui celui de l'électricité.

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Pour celle qui est aussi députée du Tarn-et-Garonne, « on ne peut pas continuer à avoir un prix de l'électricité qui soit indexé sur celui du gaz », rappelant que l'Espagne et le Portugal sont sortis du mécanisme européen dès le printemps. Selon elle, « l'électricité sort à 47 euros le mégawattheure quand elle est produite » par la centrale nucléaire située dans sa circonscription, mais elle est proposée « au-dessus de 325 euros le mégawattheure » aux artisans notamment.

« Ça, ce sont les vrais sujets, plutôt que d'aller ouvrir d'autres chantiers qui aujourd'hui ne sont pas nécessaires », a insisté Valérie Rabault, en référence à la réforme des retraites qui devrait être présentée mi-décembre par le gouvernement.

Une vision partagée de l'autre côté de l'échiquier politique. Le maire de Perpignan, Louis Aliot (RN) a en effet estimé que « ce pacte européen (...) a depuis maintenant 30 ans conduit à des non-sens économiques, des non-sens énergétiques ». Il a proposé sur RMC-BFMTV de prendre « des mesures draconiennes » et dire « à l'Europe : nous arrêtons avec le fameux accord européen sur l'énergie et nous pratiquons les prix que nous voulons ».

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Une mesure attendue pour 2023

L'Union européenne planche sur « une réforme structurelle » pour dissocier les prix de l'électricité des cours du gaz. Une mesure demandée de longue date par la France et de nombreux pays. Mais, pour l'instant, les 27 États-membres ne sont pas parvenus à se mettre d'accord.

Mi-septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait en effet déclaré : « La conception actuelle du marché de l'électricité ne rend plus justice aux consommateurs, ils devraient récolter les fruits des énergies renouvelables à bas-coût. Il faut donc découpler les prix de l'électricité de l'influence dominante du gaz ». Cette réforme interviendrait vraisemblablement au premier semestre 2023.

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ZOOM - LA CONSOMMATION D'ÉLECTRICITÉ DES FRANÇAIS TOUJOURS EN BAISSE

La consommation d'électricité en France a diminué de 6,7% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019), selon le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français (RTE). Une diminution plus conséquente que la semaine précédente (-5,8%).

Une nouvelle fois, cette diminution hebdomadaire est « largement concentrée dans le secteur industriel, dans un contexte de hausse des prix de l'énergie », souligne RTE. « L'effet baissier dans le secteur résidentiel et tertiaire existe mais est plus réduit, et plus difficile à caractériser finement au cours des dernières semaines », du fait de vacances scolaires et jours fériés, est-il précisé. Il faut aussi dire que, « à l'exception de quelques jours isolés en novembre, les températures restent bien supérieures aux normales (de saison) depuis plus d'un mois », réduisant les besoins d'électricité pour se chauffer notamment chez les particuliers, note encore le gestionnaire.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 30/11/2022 à 22:56
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Le prix de l'électricité resteront attachés à ceux du gaz tant qu'on utilisera celui-ci pour produire celle-là. Fermer les centrales cycle combiné gaz comme celles au charbon, vous aurez une horrible pénurie de courant mais le prix sera effectivement...

à écrit le 30/11/2022 à 17:31
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Il y a le feu à la maison et l'U.E regarde ailleurs... Le simple bon sens n'est pas entendu par les technocrates. Coupler le prix du gaz à celui de l'électricité était déjà une faute majeure originelle.

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