En pleine brouille, Paris et Berlin signent un accord sur le gaz et l'électricité

Elisabeth Borne et Olaf Scholz ont officialisé par un texte les échanges croisés d'électricité et de gaz entre les deux pays, déjà en place face à la crise de l'énergie. Une manière d'illustrer un apaisement entre les deux capitales, qui restent divisées sur le plafonnement du prix du gaz ou les aides anti-inflation octroyées massivement par Berlin à ses entreprises.
Elisabeth Borne et Olaf Scholz ce vendredi à Berlin.
Elisabeth Borne et Olaf Scholz ce vendredi à Berlin. (Crédits : Reuters)

Après des semaines de tensions et des divergences sur des sujets aussi cruciaux que la défense ou les aides aux entreprises nationales, Elisabeth Borne et Olaf Scholz ont scellé vendredi, à Berlin, un accord de « soutien mutuel » entre les deux pays pour « garantir leur approvisionnement énergétique ».

Confirmation de dispositifs déjà existants

Les chefs de gouvernement promettent des « mesures concrètes ». La France est ainsi censée fournir du gaz à Allemagne pour réduire sa dépendance au gaz russe via des livraisons de gaz. En retour, l'Allemagne devrait aider l'Hexagone à « sécuriser son approvisionnement en électricité au cours de l'hiver », selon la déclaration commune d'Elisabeth Borne et Olaf Scholz. Ce texte vient officialiser des dispositifs de coopération déjà à l'œuvre entre les deux pays et dit viser à « maximiser autant que possible la capacité d'interconnexion mise à la disposition du marché ».

Côté allemand, le pays doit en urgence trouver des fournisseurs de gaz alternatifs à la Russie, qui représentait près de la moitié de sa consommation gazière avant que la guerre en Ukraine n'éclate. Sur fond de soutien à Kiev des Européens et de sanctions massives de l'UE à l'encontre de Moscou, les livraisons de gaz russe à destination de l'Europe dégringolent et le robinet devrait être définitivement fermé dans les prochains mois.

La France va exporter vers l'Allemagne du gaz... importé

Confrontée au même problème de manque de gaz, mais dans des proportions moins importantes (la Russie fournissait environ 20% du gaz consommé en France avant la crise ukrainienne), la France déploie un terminal spécial d'importation de gaz par voie maritime au Havre pour compenser la fermeture des gazoducs venus de Russie. L'accord validé ce vendredi confirme que les exportations françaises de gaz vers l'Allemagne sont en mesure d'« atteindre 100GWh/jour ».

En parallèle, la France est devenue importatrice nette d'électricité, pour la première fois depuis quatre décennies, en raison d'un niveau de production d'électricité nucléaire au plus bas. A cause de maintenances qui s'éternisent et de problèmes de corrosion sur certains réacteurs, la moitié des réacteurs nucléaires se trouvent à l'arrêt et ne couvrent plus que 60% des besoins français en courant.

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La « coopération » et l'« amitié » vantée

Sur le nucléaire, Berlin accepte de « reporter la sortie progressive des centrales nucléaires restantes jusqu'à la mi-avril 2023 afin de fournir des volumes supplémentaires d'échange d'électricité à la France », et à « mobiliser toutes les capacités de production de marché et de réserve (...) pour maximiser les flux d'électricité vers la France ».

Lors de leurs échanges, Elisabeth Borne et Olaf Scholz ont martelé l'importance de la « coopération » et de « l'amitié » franco-allemande, dans une période de vifs désaccords entre les deux poids lourds de l'UE. Mais cet accord ne masque pas les dissensions sur d'autres dossier énergétiques. Paris et Berlin se divisent sur l'idée de plafonner les prix du gaz. Autre point de discorde aux côtés des enjeux de défense, le plan massif de 200 milliards d'euros contre l'inflation énergétique déployé par la coalition allemande fait craindre à Paris et à l'ensemble des Etats membres une distorsion de la concurrence, sans que Berlin ne l'amende pour autant.

 (Avec AFP)

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