La Turquie se place au centre d'un nouveau gazoduc reliant le Turkménistan et l'Europe

Le président turc Recep Tayyip Erdogan soutient la création d'un nouveau gazoduc entre l'Europe et le Turkménistan, pays riche en énergie, en passant par la Turquie. Un projet censé aider l'UE à réduire sa dépendance au gaz russe. Mais dans cette région et à Ankara, Moscou accroît parallèlement son influence.
Recep Tayyip Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie.
Recep Tayyip Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie. (Crédits : Murad Sezer)

C'est un nouveau projet qui tombe à pic pour l'Union européenne dans sa stratégie de se dégager de sa dépendance énergétique à la Russie, depuis l'invasion de l'Ukraine. Le président turc défend l'idée de création d'un nouveau gazoduc entre le Turkménistan et l'Europe, sur le même modèle que ce qui se fait actuellement via le gazoduc transanatolien. Ce dernier achemine le gaz de la mer Caspienne vers l'Europa via un corridor au travers de l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie.

« Nous devons lancer les travaux permettant le transport du gaz naturel turkmène vers les marchés occidentaux de la même manière », a déclaré Recep Tayyip Erdogan dont les propos ont été rapportés par ses services. Le chef de l'État turc s'exprimait lors d'un sommet tripartite avec ses homologues d'Azerbaïdjan et du Turkménistan, accueilli par ce dernier dans la ville isolée d'Awaza.

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Un projet triplement gagnant

Le nouveau projet pourrait relier le Turkménistan au pipeline existant entre l'Azerbaïdjan et la Turquie. Une aubaine pour l'Union européenne qui disposerait d'une nouvelle source d'approvisionnement, réduisant au passage sa dépendance aux énergies russes comme elle souhaite le faire depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Pour autant, les entreprises russes, telle Gazprom, tente depuis quelques années d'augmenter leur influence dans cet ex République soviétique.

L'Europe ne serait pas la seule gagnante. D'après l'administration américaine chargée de l'énergie, le Turkménistan dispose des sixièmes réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Jusqu'à présent, son gaz était exporté via le marché russe. Il cherche aujourd'hui à accéder à d'autres marchés, particulièrement en passant par la Turquie. Ce projet lui permettrait d'atteindre cet objectif.

Enfin, Recep Tayyip Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie.

La Turquie joue sur deux tableaux

Reste que le président turc joue sur deux tableaux depuis le début de la guerre en Ukraine. Il conserve de bonnes relations avec le président russe, tout en fournissant des armes et en discutant avec Kiev. Début août, la Russie et la Turquie (membre de l'Otan) ont signé un accord pour renforcer la coopération économique et énergétique entre les deux pays. Poutine et Erdogan s'étaient aussi mis d'accord pour que les livraisons du gaz russe à la Turquie soient « partiellement payées en roubles », avait annoncé le vice-Premier ministre russe.

Erdogan a même soutenu l'idée de Vladimir Poutine de créer un nouveau « hub gazier » en Turquie permettant de poursuivre les exportations de gaz russes vers l'UE, en contournant les pipelines existants à travers l'Ukraine et sous la mer Baltique. Pour Moscou, le « TurkStream » est la voie principale pour acheminer le gaz russe.

Lire aussiErdogan et Poutine s'accordent pour bâtir un « hub gazier » de l'Europe en Turquie

(Avec AFP)

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Commentaires 11
à écrit le 21/12/2022 à 14:48
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Je ne sais pas s'il y a vraiment ce que vous qualifiez de 'chantage'. Le jeu diplomatique consiste à mettre à profit ses atouts et son positionnement geo-politique afin de préserver ses intérêts économiques. A ce jeu tous les pays, sans exception, ...

à écrit le 19/12/2022 à 10:38
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Pas une question de maître chanteur. Il s'agit de commerce et d'intérêts économiques. Dans ce domaine tous les pays se valent. Ce que vous qualifier comme 'chantage' est mis en œuvre par tous les pays, pas seulement par la Russie ou la Turquie et qu...

à écrit le 19/12/2022 à 10:35
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Pas une question de maître chanteur. Il s'agit de commerce et d'intérêts économiques. Dans ce domaine tous les pays se valent. Ce que vous qualifier comme 'chantage' est mis en œuvre par tous les pays, pas seulement par la Russie ou la Turquie et qu...

à écrit le 15/12/2022 à 12:33
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L'intérêt de la Turquie pour le gaz turkmène est très compréhensible. Mais l'intérêt de la Turquie est-il de rester sous la dépendance russe (itinéraire du gazoduc actuel) ou de développer un nouvel itinéraire plus souverain, en traçant un gazoduc pa...

le 19/12/2022 à 10:26
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Très juste. De plus en plus souverain -contrairement aux pays de l'UE - la Turquie sait prendre en compte ses propres intérêts dans tous les domaines.

à écrit le 15/12/2022 à 6:55
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Gazoduc, democrature hostile à nos portes, Europe… ça me rappel quelque chose… mais quoi… Quoi que l’on dise et où que le regard se porte, la paix est finie, la « protection américaine » est finie. Nous devons rapidement recréer un équilibre commerc...

le 18/12/2022 à 13:58
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Il n'y a pas d'accord militaire entre la Grèce et la France Juste des accords de vente d'armes La France la Grèce la Turquie font partie de l'OTAN Il n'y a pas de guerre entre pays de OTAN sauf si la Grèce collaborer avec Russie... La Grèce et l...

le 19/12/2022 à 10:29
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Il faut vraiment être nulle en geopolitique pour envisager une guerre UE-Turquie. Quant à la Grèce, un jour où l'autre elle devra reconnaître les droits légitimes de la Turquie en Méditerranée orientale.

le 21/12/2022 à 14:44
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Peu de chance qu'il y ait une guerre UE-TURQUIE. Quant aux postures, tous les pays sont tentés de mettre au profit leurs atouts - ressources comme gaz ou pétrole, industrie d'armement, position go-strategiques - etc, et sans exception. C'est le jeu ...

à écrit le 14/12/2022 à 22:59
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On changera juste de maitre- chanteur … après Poutine le vizir d Ankara ».on ne met pas tous ses œufs dans le même panier » …

le 19/12/2022 à 16:38
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Ce que vous pensez être du 'chantage' ce sont des politiques que mènent tous les pays, sans exception, afin de servir leurs intérêts. L'UE n'est pas le dernier à faire des chantages.

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