Le retour en grâce inattendu du butane et du propane

Alors qu’on les pensait remisés au rayon des molécules démodées, les gaz de pétrole liquéfié (GPL) regagnent du terrain dans l’industrie à la faveur des tensions sur le marché du gaz naturel.
En France, les gaz de pétrole liquéfié commercialisés par 4 grands distributeurs (UGI avec les marques Antargaz et Finagaz, Butagaz, Primagaz, Vitogaz), proviennent majoritairement des gisements algériens et norvégiens (70% du total) et pour le reste des raffineries hexagonales. La filière est donc peu impactée par la guerre que mène la Russie en Ukraine.
En France, les gaz de pétrole liquéfié commercialisés par 4 grands distributeurs (UGI avec les marques Antargaz et Finagaz, Butagaz, Primagaz, Vitogaz), proviennent majoritairement des gisements algériens et norvégiens (70% du total) et pour le reste des raffineries hexagonales. La filière est donc peu impactée par la guerre que mène la Russie en Ukraine. (Crédits : Primagaz)

Au revoir le réseau de gaz, bonjour la citerne. La volatilité des prix du gaz naturel et les risques de ruptures d'approvisionnement incitent un nombre croissant d'industriels énergo-dépendants à se tourner vers les marchés moins fluctuants du butane et du propane.

En France, les gaz de pétrole liquéfié (GPL) commercialisés par les distributeurs proviennent en effet majoritairement des gisements algériens et norvégiens (70% du total) et pour le reste des raffineries hexagonales. La filière est donc peu impactée par la guerre que mène la Russie en Ukraine comme le soulignait, il y a peu, Audrey Galland, directrice de l'association France Gaz Liquides dans une interview à L'Usine Nouvelle. « Elle ne présente aucun problème d'approvisionnement. Cette stabilité rassure les industriels. »

Le constat de la porte-parole de l'interprofession semble se vérifier sur le terrain. En témoigne la hausse des commandes qu'enregistre le GIE Norgal qui exploite, près du Havre, l'un des deux plus gros dépôts français de gaz liquides. Détenu par Antargaz, Butagaz et Vitogaz (groupe Rubis), il se prépare à écouler 20% de volumes supplémentaires à compter de janvier prochain. Sans crainte sur la disponibilité, promet son président Felix Charlemagne.

« Nous ne pouvons pas accroître les capacités de stockage, mais nous allons augmenter les rotations de navires et camions citernes », précise t-il.

« Un coup de boost » sur un marché en déclin

À l'origine de cette embellie inattendue sur un marché réputé déclinant, le regain d'intérêt des entreprises pour le butane et le propane. « Il est vrai que certaines cherchent à s'affranchir totalement ou partiellement de leur dépendance au réseau de gaz », constate un peu dépité un cadre d'Engie. Une assertion confirmée par le président du GIE normand.

« Ce ne sont pas les particuliers qui sont à l'origine de ce coup de boost, mais des établissements industriels qui veulent sécuriser leur approvisionnement et qui s'équipent de gros réservoirs de stockage au prix d'investissements importants ».

Felix Charlemagne fait ainsi état de nouveaux contrats signés avec des laiteries, des centrales de production de bitume, des constructeurs automobiles « pour leurs cabines de peinture » ou encore des industriels de l'agro-alimentaire, voire des centrales de cogénération. « On parle de clients du gaz naturel pour qui la conversion est facile », explique t-il.

Reste à voir si le mouvement sera durable, ce que l'intéressé ne se risque pas à affirmer. « Ce que je peux vous dire, c'est que les entreprises contractent des engagements sur une durée assez longue de un ou deux ans », précise t-il.

Du côté des principaux opérateurs, on assure être prêt à assumer un surcroît d'activité. « La filière des gaz liquides est en mesure de doubler son soutien », affirmaient en juillet dernier Anne de Bagneux, Natacha Cambriels et Glaura Karkalan, respectivement dirigeantes d'Antargaz, de Butagaz et de Primagaz dans une tribune parue dans nos colonnes.

Même tonalité chez l'un des principaux transporteurs routiers de carburant normand. Habitué à desservir le dépôt de Norgal, Benoît Lefebvre, patron de la société Sonotri installée dans l'agglomération havraise se prépare à être plus sollicité.

« Les distributeurs, qui sont nos clients, ont engrangé des centaines de milliers de tonnes de commandes en quelques mois. Nous nous préparons donc à augmenter nos rotations dans une fourchette comprise entre 20% et 50% suivant les périodes », indique t-il.

On devrait donc voir davantage de camions-citernes sur les routes françaises au cours des prochaines semaines. Car, si le gaz liquide est importé « exclusivement par bateau », comme le rappelle l'interprofession, il est acheminé par la route vers les clients professionnels. À méditer à l'heure du changement climatique.

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Commentaire 1
à écrit le 24/11/2022 à 13:36
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Le propane est plus cher que gaz naturel, mais il a l"avantage de pouvoir être stocké et donc à l'abri de coupures sur le réseau et moins sujet a des variations importantes du prix. Plus cher, l'utilisateur fait aussi plus attention de le consommer "...

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