Nucléaire : compétitivité en berne à l’échelle mondiale

Dans son rapport annuel publié ce 10 septembre, l'Agence internationale de l'énergie atomique se montre pessimiste quant aux perspectives de développement de cette énergie, dont la part dans le mix énergétique mondial pourrait être divisée par deux d’ici à 2050 pour tomber sous les 3%.
Dominique Pialot
Le ralentissement des construction explique en partie la perte de compétences et les difficultés rencontrées sur le chantier de l'EPR.
Le ralentissement des construction explique en partie la perte de compétences et les difficultés rencontrées sur le chantier de l'EPR. (Crédits : Benoit Tessier)

Alors que le nouveau ministre français à la Transition écologique et solidaire François de Rugy incite à « sortir des guerres de religion » sur le nucléaire, voilà une étude qui devrait alimenter le débat en cours à l'occasion de l'élaboration de la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Dans un rapport publié ce 10 septembre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), agence onusienne basée à Vienne peu suspecte d'opposition primaire à cette énergie, le nucléaire pourrait connaître une chute de plus de 10% du parc mondial de réacteurs d'ici à 2030.

En cause : une baisse de sa compétitivité face aux prix du gaz naturel et à l'impact des énergies renouvelables sur les prix de l'électricité. Sans compter, selon l'AIEA, des séquelles des catastrophes de Fukushima au Japon en 2011 qui ne se sont pas totalement estompées.

Des parcs diminués d'un tiers en Europe et aux États-Unis

L'agence rappelle que plusieurs pays, à commencer par l'Allemagne et la Suisse, ont entamé leur sortie de l'atome. Ce désamour génère un rythme de construction ralenti et une perte de compétences notamment invoquée par la filière française pour expliquer les difficultés rencontrées dans la construction de l'EPR. Le coût des normes de sécurité plus exigeantes qui ont suivi ces catastrophes concourt également à renchérir cette énergie.

« Un nombre considérable de réacteurs [devant] être désaffectés vers 2030 et ensuite », la capacité nucléaire du parc mondial pourrait s'avérer de 10% plus basse que les 392 gigawatts (GW) recensés fin 2017.

Selon l'hypothèse basse de l'AIEA, le parc nucléaire pourrait décroître de près d'un tiers en Europe et en Amérique du Nord d'ici à 2030.

Globalement, la place du nucléaire dans le mix énergétique mondial pourrait passer de chuter de 5,7% aujourd'hui (avec 455 réacteurs nucléaires en activité, soit une capacité installée record de 399,8 GW), à 2,8% en 2050.

Hypothèse optimiste à +30%

L'énergie nucléaire suscitant toujours un "fort intérêt" dans le monde en développement notamment en Asie, "où des pays comme la Chine et l'Inde nécessitent d'énormes quantités d'électricité", l'AIEA développe également une hypothèse nettement plus optimiste qui prévoit, elle, une hausse de 30% des capacités nucléaires mondiales d'ici 2030, à 511 GW.

Mais même cette projection est en recul de 45 GW par rapport à ce que prévoyait l'agence il y a un an, et plus encore par rapport à 2016, lorsque l'agence anticipait une puissance nucléaire installée de 600 GW en 2030.

Dominique Pialot

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Commentaires 37
à écrit le 13/09/2018 à 16:55
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Comment peut-on dire que l'on a pas confiance dans l'industrie nucléaire, vu les niveaux de sécurité necessaire au fonctionnement d'un réacteur nucléaire du parc electro-nucléaire français. Depuis longtemps on tente de prouver que le futur EPR de Fla...

à écrit le 11/09/2018 à 21:06
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Lisez le roman policier "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan (C.L.C. Edition) sorti le 10 septembre 2018. Vous découvrirez comment la France a cédé sa technologie nucléaire à la Chine en échange de la vente de trois centrales... c'est une fiction mai...

à écrit le 11/09/2018 à 19:45
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Le cout du kwh solaire est deux fois inférieur à celui du nucléaire.

le 15/09/2018 à 16:03
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C’est faux. Le coût d’un kwh produit par du solaire n’est pas la bonne base d’en calcul. D’une part, il faut calculer le prix d’un kwh produit de manière régulière y compris la nuit. De fait, il faut donc inclure le prix de l’énergie de remplacement...

à écrit le 11/09/2018 à 13:04
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Rien de nouveau, question de compétitivité et de transfert technologique vers les pays en forte croissance, donc en demande de puissance électrique. Et des restrictions de bon sens qui réduisent d’autant les débouchés potentiels, en confinant la tech...

à écrit le 11/09/2018 à 11:30
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Le plus grand paradoxe dans le monde , c'est la Russie qui possède d'immenses champs gazier et tire son électricité d'un grand parc atomique entretenu par les revenus de cette énergie vendus au monde entier .

le 11/09/2018 à 12:43
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oui, elle profite des betas pro enr qui brulent toujours plus de gaz, à son profit, pour fournir de l'électricité à sa population... est ce qu'on peut lui reprocher ?

le 11/09/2018 à 15:13
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D'après vous il est normal de brûler du gaz pour faire tourner des centrales nucléaires . Alors que ce pays possède des gisements de gaz pour plus de dix mil ans . Quoi que ? doit - on chercher une logique d"un pays qui semble ne plus en avoir après...

le 12/09/2018 à 17:57
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Faux archi faux. L'électricité russe est d'origine nucléaire pour 18%, et du gaz pour 49% (et du charbon pour 15%). Le nuc civile n'est pas un enjeu essentiel en Russie, on peut d'ailleurs s'émerveiller que ce pays souvent paria ne mise pas tout su...

à écrit le 11/09/2018 à 9:48
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Cette annonce est tout a fait conforme a l'évolution de notre système économique et écologique.Une industrie qui subit la concurrence des énergies nouvelles largement subventionnées par l'état et qui dispose de moyens de production qui ne sont plus u...

à écrit le 11/09/2018 à 9:46
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solaire/éolien vont pouvoir fournir un parc automobile censé devenir 100% électrique, des data centers toujours plus nombreux et énergivores, l'air conditionné nécessaire du fait du réchauffement, et tous les autres postes de consommation ? il faudr...

le 11/09/2018 à 11:07
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Comprends vos questionnements légitimes, mais j'étais au Portugal cet été et le pays n'était pas recouvert... Après quand je vois des projets autour du solaire avec par exemple l'intégration dans des fenêtres, je ne vois pas de raison, à terme, de...

le 11/09/2018 à 13:39
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@ nico : Pour la biomasse, le potentiel n'est pas suffisant, et c'est beaucoup trop cher. Pour la géothermie, on en fait là où c'est possible mais le potentiel n'est pas suffisant. Pour les marées, c'est beaucoup trop cher (et intermittent). On...

le 12/09/2018 à 18:02
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@Nico Nous n'avons pas tous nos "œufs" dans le même panier. (Source Wiki) En France 68% énergie primaire provient des fossiles (pétrole gaz charbon), 19% nucléaire, 13% ENR (bio masse, déchet, hydraulique). LA production électricité n'est qu'une p...

à écrit le 11/09/2018 à 9:31
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seule option viable a therme, les centrales au thorium.........les chinois et les américains y travaillent.....nous les champions du 'nucleaire non........ bcp moins chères, risque divisé par dix, et le combustible dure la vie de la centrale

le 11/09/2018 à 10:13
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Faux, faux, archi faux. Le thorium est une technologie au stade de la recherche, le dernier réacteur expérimentale date des années 80, il n'y a pas de projet d'industrialisation en cours. LEs chinois en parlent bcp, mais rien n'est fait. Certains v...

à écrit le 11/09/2018 à 9:07
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"Entre souveraineté et exemplarité énergétiques" https://www.monde-diplomatique.fr/2017/07/BEAUGE/57675 "La construction de nouveaux réacteurs (sur les sites existants) n’est pas exclue, mais elle devra être financée sans aides de l’État, celles-...

à écrit le 11/09/2018 à 8:32
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Rien d etonnant qu une techno qui a quasiment pas evoluee depuis les annees 70 ait des pb de competitivité (sans compter qu en France on a perdu le savoir faire. 2 EPR construits et 2 fois explosion du budget/delai). Le probleme c est qu en France on...

le 11/09/2018 à 13:31
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Les problèmes de compétitivité du nucléaire n'existent que dans la réalité alternative des ses opposants. Dans la vraie vie, les ENR intermittentes sont subventionnées afin de pousser vers la sortie les autres énergies. Et dans ces conditions, on ...

à écrit le 11/09/2018 à 3:14
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Le World Nuclear Industry Status Report (WNISR) confirme lui aussi que le nucléaire n'est plus compétitif face aux renouvelables estimant que "solaire et éolien sont maintenant les sources d'énergie les moins chères reliées au réseau". Ce qui nuit vr...

le 11/09/2018 à 13:34
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Alors pourquoi est-on encore obligé de subventionner solaire et éolien ? Où est le P2G, dont on nous dit qu'il est au point, pour prendre le relais des énergies pilotables durant les périodes sans vent et sans soleil ? Dans la réalité, les ENR ...

à écrit le 10/09/2018 à 23:53
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Les ENR sont devenues compétitives. Le prix de l'électricité produite est de 2 à 3 fois moins cher que celui des futurs réacteurs de Hinckley ou de Flamanville.Et le prix continuera à diminuer. Il y a des pays où les ENR se sont développées dans sub...

le 11/09/2018 à 9:16
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Compétitive...Sotckage...Je lis cela très souvent mais il faudrait développer. Pour mémoire nous ne sommes même pas capable d'alimenter actuellement Ouessant avec de l'hydrolien couplé à des batteries et un compteur permettant de caler la consommati...

le 11/09/2018 à 10:17
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"En ce qui concerne le stockage,,des solutions se développent rapidement et cela réglera le problème de l'intermittence des ENR. " Pouvez vous donnez quelques éléments concrets ? A ce stade, seul les STEP sont envisagés (vous savez ce que c'est j'...

à écrit le 10/09/2018 à 23:30
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Trois raisons pour lesquelles le nucléaire est en berne d’après ce rapport : 1) les prix bas du gaz. Ça ne durera pas, et il faudrait que ça ne dure pas pour le bien de la planète. 2) les prix bas à cause des ENR. Entendons-nous bien : les ENR inte...

le 11/09/2018 à 3:52
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@ Bachoubouzouc : Le constat du Wolrd Nuclear Status Report 2018 est encore plus développé et précis que celui de l'Agence internationale de l'énergie atomique. 1 et 2) Les renouvelables remportent les appels d'offres sans subventions face au gaz et ...

le 11/09/2018 à 13:22
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@ Polytech 1 et 2) Comme vous le dites, ces renouvelables remportent des appels d'offre, qui ont été créés pour eux. Jamais ils ne sont en réelle compétition face aux énergies pilotables. Ils en sont d'ailleurs incapables puisqu'ils ne rendent pas...

à écrit le 10/09/2018 à 21:45
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il est temps d'avoir du courage et de changer de paradigme. Il y a un héritage à gérer et un futur à construire.

à écrit le 10/09/2018 à 21:01
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Pour info: Rendement éolienne 20%: Les 80% restants :Gaz Bonsoir

le 11/09/2018 à 4:06
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@ Janego : rendement du nucléaire en France 33% Taux de disponibilité souvent 62% = rendement 20% donc 80% restant gaz/charbon ? Merci d'approfondir le sujet de l'énergie avant de publier n'importe quoi sur l'éolien.

le 11/09/2018 à 8:36
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Il me semble que les meilleurs turbines (accollee a une centrale charbon/gaz ou nucleaire sans change rien) ont un rendement de 20 %. donc si l eolien fait aussi bien alors que c est une techno assez recente, c est tres bien. Il faut quand meme etre ...

le 11/09/2018 à 14:09
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Je pense que Janego parle de facteur de charge et non de rendement. L'éternel problème de l’intermittence de l'éolien....

le 12/09/2018 à 17:50
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On mélange tout là.... Une éolienne a un rendement de 35% c'est à dire que si le vent a une puissance de 100 kW il sort 35 kW. Maintenant, clairement, si on "perd" 65% du vent, il n'y a pas mort d'homme. Le hic c'est que l'éolienne ne produit rien...

à écrit le 10/09/2018 à 18:56
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C'est une bonne chose que les parcs de centrales atomiques diminues , même disparaissent , ce serait beaucoup mieux . On le sait maintenant il est possible de vivre qu'avec les panneaux solaires et des éoliennes . Mais les gouvernements se couperai...

le 10/09/2018 à 19:29
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Je crois que vous n'avez pas tous les éléments en main. La manne c'est les éoliennes et le solaire , demandez son avis à votre maire et la raison pour laquelle il installe des éoliennes:"c'est trop d'argent pour équilibrer mon budget je ne peux pas f...

le 11/09/2018 à 10:21
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Votre remarque illsutre la méconaissance complète de la réalité économique des ENR. Les ENR sont SUBVENTIONNEES en France, très largement, grâce à des taxes sur l'électricité nucléaire. En gros, 7 Md€/an. Donc si l'Etat ne pensait qu'à son portefe...

le 11/09/2018 à 17:08
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"On le sait maintenant il est possible de vivre qu'avec les panneaux solaires et des éoliennes." Non, on ne le sait pas. Personne n'y est jamais arrivé, sauf installation isolée particulièrement coûteuse et avec de gros sacrifices sur la consommat...

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