Le supplice que ce chantier a représenté pour le tandem franco-allemand Areva-Siemens et plus généralement pour l'industrie nucléaire française, touche sans doute à sa fin car l'autorité finlandaise de sûreté vient enfin d'autoriser le démarrage du réacteur nucléaire de l'EPR d'Olkiluoto 3 (OL3), a annoncé jeudi TVO, l'énergéticien en charge de la centrale finlandaise.
L'exploitant de cette centrale nucléaire située sur l'île d'Olkiluoto, dans le sud-ouest de la Finlande, envisage le début de la production d'électricité dès la fin janvier et vise le mois de juin prochain pour la mise en production commerciale.
Ce chantier titanesque, qui a débuté en 2005, a accumulé près de douze ans de retards sur le calendrier initial qui prévoyait un démarrage en 2009.
En 2021, une étape clé avait été franchie avec l'autorisation de charger le combustible. Mais un nouveau retard survenait au mois d'août suivant, à l'initiative cette fois du consortium Areva-Siemens qui, après l'inspection d'une turbine, décidait "d'étendre la révision à l'ensemble des trois turbines à basse pression afin d'y réaliser de nouvelles inspections". Ce qui décalait le démarrage de la production commerciale de mars 2022 à juin 2022.
Première réaction nucléaire dans le réacteur OL3 déclenchée ce mois-ci
En revanche, petit gain inédit sur ce calendrier, le premier démarrage du réacteur qui était donc recalé à janvier 2022 est autorisé avec quelques semaines d'avance par le Stuk. L'autorité de sécurité nucléaire finlandaise vient en effet d'accorder "l'autorisation de procéder à la divergence et effectuer des tests à faible puissance" ce qui signifie en langage courant un premier démarrage au cours du mois de décembre, a annoncé le producteur d'électricité TVO dans un communiqué.
"La réaction nucléaire dans le réacteur OL3 va être déclenchée pour la première fois au cours du mois de décembre", précise TVO.
5%, 30%, 60%... chaque franchissement de seuil supervisé par le Stuk
Avant cela, des tests avaient été menés ces dernières semaines, qui, selon le régulateur nucléaire finlandais, "démontrent que le réacteur fonctionne comme prévu", souligne l'énergéticien.
Le français Areva s'est de son côté réjoui dans un communiqué "du franchissement de cette étape clé". Techniquement, le démarrage qui a été autorisé "à faible puissance", se déroulera par étapes successives: c'est le régulateur qui autorisera chaque franchissement de seuil, pour passer à 5%, puis à 30%, puis à 60% de la capacité de 1.650 mégawatts du réacteur.
Olkiluoto, premier réacteur lancé après la catastrophe de Tchernobyl
Le réacteur Olkiluoto-3, qui complète le dispositif d'une centrale comportant déjà deux réacteurs en opération, est le premier chantier d'un réacteur nucléaire à avoir été commandé en Europe après la catastrophe de Tchernobyl en 1986.
Le fiasco de sa construction, lancée en 2005 et qui devait initialement être terminée en 2009, a entraîné des pertes considérables pour Areva -comme pour l'opérateur TVO-, et terni l'image de l'EPR, censé incarner la renaissance du nucléaire.
Nucléaire: après le fiasco, la renaissance ?
Dans le monde, d'autres EPR sont en construction: celui Flamanville, dans le nord-ouest de la France, là aussi un chantier avec des nombreux retards et problèmes.
Le chantier des deux EPR à Hinkley PointC au Royaume-Uni est en cours, là encore avec pas mal de soucis pour EDF (dépassement du bugdet et retard de livraison, plongeon en Bourse), sans parler des amendes de l'AMF, le régulateur boursier français, infligées à EDF et Henri Proglio.
Deux autres EPR en Chine, lancés et réalisés avec une grande célérité, sont devenus les tout premiers à être opérationnels, mais l'un d'eux est depuis déjà tombé en panne.
Mais la filière nucléaire redevient optimiste avec un certain retour en grâce de l'atome conséquence de la montée des questions environnementales et de souveraineté énergétique.
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