André Gennesseaux, fondateur d'Energiestro a mis au point un concept innovant pour permettre aux producteurs d'énergie solaire de répondre aux contraintes de coûts et de stockage, tout en promettant une durée de vie de 30 ans et une sécurité d'utilisation. Pour cela, le chercheur a inventé un système de volant d'inertie en béton qui, en action à grande vitesse, permet de stocker l'énergie sous forme cinétique.
« L'objectif est de réussir à stocker l'énergie excédentaire produite le jour pour la restituer la nuit ou lorsque le soleil est absent », explique-t-il. Cette technologie a ainsi été validée grâce au prototype du Volant stockage solaire (Voss).
Le volant en béton : une technologie de rupture
« Pour le monde des volants, utiliser le béton, c'est vraiment une rupture ! Personne n'a encore utilisé du béton jusque-là », confie André Gennesseaux. Et pour cause : le béton n'est pas un matériau pour volant. « Quand le volant tourne, la force centrifuge tire sur la matière. C'est pourquoi, ce sont des matériaux très résistants, tels que des métaux ou du composite qui sont habituellement utilisés », explique l'ingénieur chercheur.
« Notre innovation consiste à comprimer le béton avec des composites comme la fibre de verre, avant de faire tourner le cylindre. Cette opération permet de mettre le béton dans un état très résistant pour ensuite le faire tourner à des vitesses très élevées, et stocker de l'énergie », poursuit-il.
L'entreprise a déposé un brevet pour cette innovation dans plusieurs pays dans le monde. Puis, six autres brevets en complément sur des aspects secondaires de la technologie.
L'équipe d'Energiestro a également travaillé sur la durée de vie de ce volant en béton : environ 30 ans. Une innovation par rapport aux batteries qu'il faut changer tous les 10 ans. Et surtout sur la sécurité.
« Quand vous stockez de l'énergie, vous avez toujours des risques de perte de contrôle. Contrairement aux batteries qui brûlent facilement et risquent d'exploser, sécuriser un volant est relativement simple. Il suffit de le faire fonctionner sous les niveaux du sol, entouré de terre. S'il se passe quelque chose, l'énergie va être absorbée par la terre », précise André Gennesseaux. « Nous sommes les seuls à pouvoir garantir la sécurité du stockage car nous pensons que c'est un point essentiel pour l'avenir », poursuit-il.
Belfort : un écosystème local
Energiestro est actuellement en phase d'industrialisation de son produit. L'écosystème industriel existant autour de Belfort, les fournisseurs en mécanique, les centres d'usinage, les formations techniques mais aussi universitaires dans le domaine de l'énergie et des machines tournantes, ont convaincu l'entreprise que ce positionnement était idéal pour se développer et recruter les profils recherchés. Le choix définitif de s'installer à Essert s'est finalement imposé en novembre 2021 grâce à l'identification d'un bâtiment adapté aux besoins de l'entreprise.
« Pour l'instant, nous disposons de 1000 m2 pour réaliser une dizaine de prototypes cette année. Nous aurons besoin de 10 000 m2 dès 2023 pour produire plusieurs milliers de volants par an afin d'alimenter un marché local », souligne l'inventeur du volant en béton.
D'ici cinq ans, Energiestro prévoit un chiffre d'affaires de 140 millions d'euros par an et un recrutement de 86 personnes.
Mutliplier les petites usines plutôt que construire des Gigafactory
L'avantage de cette technologie est que le béton est un matériau non-délocalisable. « Le béton peut se fabriquer à partir de ce qu'on trouve sur place. Il suffit d'utiliser les bons ingrédients : des cailloux, du sable, du ciment », note André Gennesseaux. « Fabriquer dans un pays à bas coût, comme la Chine, ne serait pas compétitif car notre produit est plus gros et plus lourd qu'une batterie », poursuit-il. L'entrepreneur envisage un modèle économique fondé sur des licences ou des franchises, calqué sur l'industrie du béton, avec des petites usines disséminées sur le territoire. La première usine pilote étant à côté de Belfort. « L'idée est de multiplier les petites usines et non pas de créer des Gigafactory », insiste André Gennesseaux. Energiestro emploiera de la main d'œuvre locale pour la fabrication des volants, leurs exploitations et leurs installations. « Notre ambition est d'aller dans les pays très polluants et ensoleillés. Par exemple, en Afrique où l'électricité produite dans les centrales fossiles émet environ 500 grammes de CO2 par kilowattheure pour un coût de production à 20 centimes du kilowatt. Avec notre solution, on divise ce prix par 5 avec un prix à 4 cts / kWH tout en émettant 25 fois moins d'émissions de Co2 à 20 gr / kWH », confie André Gennesseaux.
L'entreprise investira 12 millions d'euros pour son installation en Bourgogne-Franche-Comté d'ici 2025, ce qui lui permettra de recruter dans un premier temps une cinquantaine de personnes et d'assurer la production industrielle des VOSS.
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