Tarifs réglementés du gaz : les raisons d'une nouvelle flamblée de 12,6% en octobre

Alors que les tarifs réglementés concernent encore environ un tiers des 10,7 millions d'abonnés au gaz, les prix s'envolent. En cause : un système complexe de tarification, notamment adossé au prix de l’électricité, mais surtout une demande mondiale qui explose alors que l'offre peine à répondre, notamment par les restrictions de livraison imposées par la Russie à l'Europe et des stocks au plus bas.
Dans le détail, la hausse est de 4,5% pour les utilisateurs de gaz pour la cuisson, de 9,1% pour ceux qui ont un double usage (cuisson et eau chaude), et de 14,3% pour les foyers qui se chauffent au gaz, détaille la Commission.
Dans le détail, la hausse est de 4,5% pour les utilisateurs de gaz pour la cuisson, de 9,1% pour ceux qui ont un double usage (cuisson et eau chaude), et de 14,3% pour les foyers qui se chauffent au gaz, détaille la Commission. (Crédits : Reuters)

La facture de gaz des consommateurs français n'arrête pas de flamber. Les tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie - qui prennent en compte le prix de cette énergie, les coûts d'approvisionnement et les coûts d'infrastructure - vont une nouvelle fois bondir, de 12,6% TTC au 1er octobre, dans le sillage de la hausse des cours sur le marché, a annoncé lundi le régulateur. Les tarifs réglementés concernent encore environ un tiers des 10,7 millions d'abonnés au gaz.

Hors taxe, la hausse est de 13,9% et, dans le détail, de 4,5% pour les utilisateurs de gaz pour la cuisson, de 9,1% pour ceux qui ont un double usage (cuisson et eau chaude), et de 14,3% pour les foyers qui se chauffent au gaz, détaille la Commission.

Ces tarifs réglementés, remis à jour chaque mois, ont connu une série de fortes hausses récemment. Ils ont encore augmenté de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et près de 10% en juillet.

Libéralisation du marché

Pour rappel, c'est l'État qui, après consultation de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), fixe les tarifs réglementés ou TRV (tarifs réglementés de vente de gaz). Ils sont ensuite contractualisés et proposés par les fournisseurs d'énergie aux particuliers. Ces tarifs sont progressivement en train de disparaître pour s'aligner sur le droit européen. Le processus de libéralisation du marché s'est ouvert en 2007, année à partir de laquelle les Français pouvaient s'inscrire à une offre de gaz proposée par des fournisseurs privés ou alternatifs. Depuis 2020, les TRV pour les entreprises ont disparu. Les acteurs économiques doivent souscrire auprès des offres de marché. En juin 2023, les tarifs réglementés pour les particuliers vont également disparaître.

Dimanche, face à la flambée des prix de l'électricité et du gaz, le ministre de l'Économie s'est emporté contre le marché commun de l'énergie, né de la libéralisation du marché, disant vouloir porter ce sujet au niveau européen pour envisager des réformes.

"Nous, en France, on s'approvisionne en électricité à partir des centrales nucléaires et de l'énergie hydraulique, donc on a une énergie décarbonée et un coût très bas, mais le marché (...) fait qu'il y a un alignement des prix de l'électricité en France sur les prix du gaz", a-t-il détaillé.

"Donc, on prend de plein fouet cette augmentation des prix du gaz alors même qu'on a notre indépendance en matière de production électrique : c'est totalement aberrant", a jugé Bruno Le Maire.

En effet, le tarif réglementé de l'électricité prend en compte les tarifs du gaz. Si le prix du gaz augmente, celui de l'électricité augmentera mécaniquement.

Un marché mondialisé

Mais au delà du système complexe de tarification, il faut surtout prendre en compte le fait que le marché du gaz est mondialisé. Plusieurs facteurs expliquent en effet ces hausses. D'abord, l'Europe doit faire face à des niveaux de stocks bas. L'hiver dernier a été particulièrement rude, obligeant à puiser plus que d'habitude dans les réserves. L'été, période traditionnelle pour reconstituer les volumes de gaz grâce à une plus faible demande, n'a pas atteint les objectifs.

Ensuite, il faut noter que la demande de gaz, au niveau mondial, est très élevée. Elle est portée par la reprise économique après les confinements liés au Covid-19 mais surtout par la demande chinoise - qui remplace ses centrales au charbon par des centrales au gaz pour produire de l'électricité. A cela, il faut ajouter la hausse du prix des quotas d'émission du CO2 et du charbon en Europe.

De plus, il faut prendre en compte la stratégie gazière de la Russie, premier fournisseur de gaz à l'Europe, avec environ 40% de l'offre du continent. De nombreux experts notent que ce pays limite de plus en plus ses exportations vers l'Europe. Une situation qui pourrait perdurer jusqu'à l'inauguration d'un gazoduc géant Nord Stream 2 d'ici la fin de l'année 2021. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a ainsi appelé le 21 septembre la Russie à "faire plus" pour approvisionner l'Europe en gaz, dont les prix ont dernièrement atteint de nouveaux records.

"Sur la base des informations disponibles, la Russie remplit ses contrats de long terme vis-à-vis des pays européens - mais ses exportations vers l'Europe sont en baisse par rapport à leurs niveaux de 2019", indique l'agence basée à Paris, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique. Le premier producteur russe, Gazprom, groupe proche du Kremlin, a réduit les flux transitant par l'Ukraine en direction de l'Europe.

Enfin, la réduction des importations de gaz norvégien en Europe due aux opérations de maintenance en mer du Nord pousse les prix vers le haut. En 2018, la Norvège fournissait 9,8% de la demande mondiale en gaz naturel.

Hausse du chèque énergie

Mais les fortes tensions sur le marché mondial du gaz n'expliquent pas, à elles seules, la poussée tarifaire du gaz tricolore. Cette dernière est aussi alimentée par la hausse du coût des certificats d'économie d'énergie (CEE), un dispositif qui oblige les fournisseurs de gaz ou d'électricité à financer des économies d'énergies.

Face à ces flambées mensuelles, le gouvernement français a décidé d'augmenter de 100 euros le chèque énergie pour les foyers les plus précaires.

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Commentaires 7
à écrit le 28/09/2021 à 15:23
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"Alors que les tarifs réglementés concernent encore environ un tiers des 10,7 millions d'abonnés au gaz" Pourquoi le "encore" ?

à écrit le 28/09/2021 à 13:34
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le Nucleaire etant hors jeu tout comme le charbon et le petrole le tout remplacé par les eoliennes il ne reste que le gaz 3$ hier 6.50 ce matin et peut etre 10 ou 12 dans qq mois et ce n'est pas les cheques energies qui changerons helas qq choses

à écrit le 28/09/2021 à 12:44
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l'augmentation du prix du gaz n'est autre que la taxes macron castex en reponse au taxes invalides par ou a cause des gilets jaune ces gens se venge en imposan des taxes deguise

à écrit le 28/09/2021 à 5:04
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bercy va vous soigner. Impots locaux qui flambent, toutes les energies, la tva discrete mais qui rapporte un max, je dois en oublier. L'europe etait censee vous rendre plus libres, plus riches, rien de tout cela a part quelque uns qui tirent leurs ...

à écrit le 27/09/2021 à 22:27
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Sur ce sujet, qui commence à devenir inquiétant, les journalistes pourraient nous être d’une grande utilité pour nous dire si, selon eux, l’on vient d’atteindre le prix le plus élevé et dans combien de temps l’on peut espérer que ce prix commencera à...

à écrit le 27/09/2021 à 21:22
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L'Europe nous à fait une usine à gaz dixit nos politiques ,c'est pas de notre faute . Voilà le message .Bien sur , tout cela n'est que fourberie est mensonge .L'État a besoin d'argent ,c'est aussi simple que cela et l'argent se trouve en abondance d...

à écrit le 27/09/2021 à 19:52
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Ne nous plaignons pas : Il paraît qu'il faut être écologique, ne pas polluer. Une énergie chère, c'est une énergie qu'on économise, donc tout vas pour le mieux

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