Réduction des émissions : l'État va aider les bassins industriels de Dunkerque et de Fos-sur-Mer

Les bassins industriels de Dunkerque et Fos-sur-Mer, les deux zones les plus émettrices de gaz à effet de serre en France, vont être aidés par l'État pour engager la réduction de leurs émissions. Une enveloppe financière va être dégagée pour réaliser « des études d'ingénierie et de faisabilité de décarbonation de la zone par des infrastructures collectives ».
Le bassin de Dunkerque, fort de près de 460 industries, emploie 17.000 personnes. Il représente à lui seul 21% des émissions industrielles de CO2 de France.
Le bassin de Dunkerque, fort de près de 460 industries, emploie 17.000 personnes. Il représente à lui seul 21% des émissions industrielles de CO2 de France. (Crédits : Grand Port Maritime de Dunkerque)

Mauvais élève en matière d'émissions de gaz à effet de serre, le secteur industriel veut se décarboner. Et l'État compte l'y aider conformément à la priorité mise en 2023 sur « l'industrie verte », comme l'a récemment annoncé Bruno Le MaireLors de ses sixièmes voeux à la presse et aux acteurs de l'économie, le 5 janvier, le ministre de l'Economie a, en effet, esquissé les principaux défis qui l'attendent pour 2023, dont la nécessité de passer à la vitesse supérieure sur le verdissement de l'industrie. « L'indépendance industrielle et la souveraineté sont les nouveaux leitmotivs de la politique mondiale [...] Ce mouvement se conjugue avec une accélération de la crise climatique qui nous oblige à décarboner rapidement notre industrie et à bâtir sans délai une industrie verte pour le futur », a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, le bassin industrialo-portuaire de Dunkerque - qui représente à lui seul 21% des émissions industrielles de CO2 du pays - est appelé à devenir la première « zone industrielle bas carbone » (ZIBAC) de France. Il va d'ailleurs obtenir 13,6 millions d'euros d'aides pour réaliser des études d'ingénierie et de faisabilité de décarbonation de la zone par des infrastructures collectives, a-t-on appris dans l'entourage du ministre de l'Industrie qui se rend justement à Dunkerque ce lundi 16 janvier sur le site du sidérurgiste ArcelorMittal. Roland Lescure doit ainsi rappeler le soutien de l'État au plan de décarbonation de l'entreprise déjà annoncé, et en attente d'un feu vert de Bruxelles. Il doit aussi se rendre dans le Pas-de-Calais à Rety sur le site de Chaux et Dolomies (groupe Lhoist), leader français de la chaux, engagé dans une démarche de décarbonation.

Le projet appelé DKarbonation, concernant le bassin de Dunkerque qui emploie 17.000 personnes, regroupe 30 partenaires publics et privés, portés par un collectif baptisé Euranergie. Le projet de Fos-sur-mer, près de Marseille, s'appelle Syrius.

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Réduire, capturer, remplacer

Le projet est complexe. Il s'agit, d'une part, de trouver des procédés de fabrication différents qui n'émettent pas de CO2. Ce pour des activités actuellement très émettrices comme la sidérurgie ou la fabrication de ciment ou de chaux. Parmi les pistes déjà imaginées : remplacer les énergies fossiles par des procédés utilisant de l'hydrogène décarboné.

Il faut aussi trouver en parallèle des moyens de capturer le CO2 émis par les activités industrielles pour le séquestrer dans le sous-sol ou le transformer. Enfin, il peut aussi s'agir de mises en place de réseaux de chaleur récupérée autour d'activités nécessitant des fours et une très haute intensité énergétique.

Comme les investissements à prévoir sont très lourds, ils seront mutualisés pour que fabricants d'engrais, de chaux, de ciment ou autres activités émettrices puissent verdir ou décarboner leurs procédés.

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L'épineuse question des financements

Plusieurs initiatives en matière de décarbonation ont déjà été prises par le bassin de Dunkerque, qui compte près de 460 industries, portées notamment par le « Collectif CO2 », créé il y a quatre ans, avec pour ambition de créer le premier hub français dédié à la décarbonation industrielle et à l'hydrogène. Depuis, Dunkerque est passé du premier pollueur de France au premier émetteur de solutions. Le site de Lhoist, la plus grande usine de production de chaux de France, va par exemple capter dès 2028 le CO2 à la sortie de sa cheminée. Roquette, leader mondial des ingrédients d'origine végétale, va s'équiper d'un système alternatif basé sur une chaudière à biomasse et sur un dispositif de géothermie profonde pour se décarboner.

Reste que les plus grosses entreprises doivent encore réussir à mobiliser d'importants moyens pour se décarboner. « Le coût peut représenter un frein en matière d'innovation pour la décarbonation. Les grands groupes y parviennent avec des moyens énormes, projets magnifiques mais, si on veut embarquer l'ensemble des entreprises, il faut réfléchir à un dispositif d'accompagnement pour aider toutes les autres entreprises dans des modèles ambitieux », considère Luc Jacquet, représentant de SOFIES, une entreprise de conseil en durabilité.

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 (Avec AFP)

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