L’enseignement supérieur privé oriente sa boussole vers Rouen

La métropole normande profite à plein de l’essor phénoménal de l’enseignement supérieur privé. En deux ans, elle aura accueilli cinq nouveaux campus. Dernier en date, celui du géant Galileo, propriétaire entre autres du Cours Florent, de l’école Penninghen ou de Paris School of Business.
Vue du futur campus de la Catho de Paris sur les hauteurs de Rouen
Vue du futur campus de la Catho de Paris sur les hauteurs de Rouen (Crédits : ICP)

Ce matin-là, il n'y a ni témoins, ni fiancés dans la salle des mariages de l'hôtel de Ville de Bois-Guillaume, une localité cossue des hauteurs de Rouen. A leur place, un aréopage de cadres cravatés venus présenter le nouveau projet de Galileo Global Education sous l'œil approbateur du maire. La multinationale codétenue par la famille Bettencourt Meyers tient à faire savoir qu'elle a choisi le « Neuilly » rouennais pour implanter son 60ème campus dans l'Hexagone. Connu pour son appétit dévorant, le géant français aux 200.000 étudiants a cette fois jeté son dévolu sur un bâtiment de 1.800 mètres carrés au cœur d'un parc d'affaires.

80% d'alternants

Moyennant 2 millions d'euros d'investissement, l'endroit arborera les enseignes de deux des (nombreuses) entités du groupe : les écoles de commerce et de management ESG et ESARC. « Ce sera le onzième campus que nous ouvrirons en province sous ces marques », indique Laurent Zalc, fraichement nommé directeur des lieux. Comprendre, le modèle est bien rodé. Comme ses pairs, l'établissement proposera une offre de formation (BTS, Bachelor et Mastère) essentiellement par la voie de l'alternance dont Galileo et ses concurrents se sont fait une spécialité. Pour mémoire, le « Sup' privé » fournit aujourd'hui les trois quarts des bataillons d'alternants. Dans le cas rouennais, « la part des apprentis atteindra 80% des effectifs », précise Laurent Zalc.

A propos des effectifs justement, le dirigeant prédit un démarrage sur les chapeaux de roues. Il se fait fort d'accueillir 200 élèves dès la rentrée de septembre puis un bon millier à l'horizon de cinq ans ce qui supposera une extension. A première vue, l'objectif est tenable. Comme ses autres sites jumeaux, celui-ci devrait tirer parti de la baisse de la mobilité étudiante. Depuis la crise Covid, les lycéens provinciaux boudent en effet l'exil estudiantin, dispendieux pour leurs familles.

« Des parts de marché à prendre »

« Les jeunes demandent à rester ancrés dans leur territoire pour débuter leur carrière professionnelle, observe Alain Kruger, responsable du Pôle Business du groupe. Par conséquent, il y a des parts de marché à prendre sur le territoire rouennais où la population étudiante est sous représentée ».

Galileo n'est pas le seul à tenir ce raisonnement. Depuis 2020, la capitale administrative de la Normandie est devenue une terre de conquête pour les acteurs de l'enseignement privé, eux-mêmes en croissance exponentielle (+ 80% d'inscriptions supplémentaire au cours de la dernière décennie). Fort d'un demi-million d'habitants, le bassin rouennais sous doté en établissements du supérieur aimante les investisseurs de ce secteur très lucratif.  « Nous faisons tous le même diagnostic », analyse Alain Kruger.

Le quinté du Sup' privé

En l'espace de deux ans, la métropole aura vu émerger pas moins de cinq nouveaux campus, celui de Bois-Guillaume compris. Premier à ouvrir le feu, l'ancien hacker Nicolas Sadirac. Le co-fondateur de l'Ecole 42, y a ouvert l'une des antennes de son école d'apprentissage aux métiers du numérique, Zone01, qui revendique 350 élèves. A quelques kilomètres de là, l'Institut polytechnique UniLasalle, spécialisé dans les sciences de la vie et de la terre, vient de mettre en orbite la première école vétérinaire privée de France avec pour objectif de former 720 praticiens à terme.

L'ICP, plus connu sous le nom de « Catho de Paris », emménage dans un somptueux ensemble immobilier, propriété de l'archevêché de Rouen. L'Institut, dont c'est la deuxième implantation hors de la capitale après Reims, annonce un millier d'élèves à pleine capacité. Pas très loin enfin, le groupe Fauchon renoue avec les racines normandes de son fondateur en créant sa première école de gastronomie. L'établissement propose un Bachelor et des formations professionnelles certifiantes.

Du côté de l'exécutif de la Métropole, on se félicite que les futurs bacheliers rouennais aient l'embarras du choix. « Chassez des entreprises est une chose. Encore faut-il leur permettre d'avoir accès à un vivier de talents en fixant les jeunes sur le territoire », commente Abdelkrim Marchani, vice-président en charge du développement économique. CQFD.

Lire aussiComment Rouen est devenue la ville la plus « covoiturée » de France

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Commentaires 2
à écrit le 15/04/2023 à 8:08
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Le maire socialiste de ROUEN numéro du PS a l’oeil approbateur pour un établissement privé supérieur financé par la deuxième fortune de France voilà une information plutôt cocasse qui mérite bien un article, comme quoi les convictions sont fluctuan...

le 16/04/2023 à 9:42
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La seule question qui compte, c’´est le succès ou l’échec de ce genre d’établissement à attirer des étudiants qui veulent bosser et se former sérieusement !!

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