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Et si l’avenir du bus électrique s’écrivait à Albi ?

La société albigeoise Safra, spécialiste de la maintenance des véhicules de transport en commun, s'est lancée avec succès dans le développement d'un autobus 100% électrique hybride. Seuls une trentaine de projets analogues existent dans le monde.
Safra s'est lancée dans le développement d'un autobus 100 électrique hybride.

L'histoire de Businova, c'est en quelque sorte celle d'un virage. Celui opéré par la Société albigeoise de fabrication et réparation automobile (Safra), une entreprise spécialisée dans la maintenance des matériels de transport de personnes, créée à Albi (Tarn) en 1955. Elle donne un coup de neuf aux rames de tramway, de métro et aux bus de plusieurs grandes agglomérations. Dans ses ateliers, depuis des décennies, tout est démonté puis remonté, du châssis aux installations électriques. A la sortie, un « véhicule » comme neuf avec des équipements à la durée de vie prolongée.

A force de moderniser le matériel des autres, l'idée est venue à la Safra de fabriquer son propre autobus, elle qui s'intéresse tout particulièrement au transport public urbain depuis les années 1980.

Avec le temps, « nous avons accumulé de l'expérience auprès de nos clients et leur demandions souvent ce que seraient les matériels du futur », se souvient le président de la société, Vincent Lemaire.

Et c'est dans le contexte de la croissance verte, à l'heure où la voiture et le diesel sont contestés dans de nombreuses grandes villes, que Businova est né en 2010-2011. Il s'agit d'un autobus 100% électrique, hybride et rechargeable, qui se décline en deux modèles (10,5 mètres et 12 mètres), capables d'accueillir entre 70 et 100 personnes. Soit autant que ses confrères thermiques, et là était le souhait de Vincent Lemaire : « Un bus propre que l'on va pouvoir exploiter dans les mêmes conditions qu'un bus thermique. »

Vents favorables

Cinq exemplaires de Businova sont actuellement en circulation : à Albi, Toulouse, Gaillac et à Marseille dans le courant de l'été. Ils disposent d'une autonomie leur permettant d'assurer le même service, au quotidien, qu'un bus thermique (entre 180 et 200 kilomètres par jour). Businova se recharge principalement la nuit au dépôt.

Côté technique, il est équipé d'un système de propulsion multi-hybride (à la fois électrique, hydraulique et thermique). Le moteur est « petit, seulement trois litres de cylindrée contre environ neuf d'ordinaire pour un tel véhicule », concède Vincent Lemaire, pour qui l'ensemble du dispositif « forme une technologie très bien adaptée pour une circulation à basse vitesse ». Chaque véhicule, qui sait rouler en mode « zéro émission » de Co², embarque 140 kilowattheures de batteries au lithium, installées sur son troisième essieu.

Pour l'heure, une trentaine de projets similaires -seulement- sont en développement à travers le monde. Chez la Safra, on a le vent dans le dos. « Les premières commandes arrivent », confie le président. Lequel ne manque pas de rappeler que la loi de Transition énergétique impose aux grandes villes d'investir dans un pourcentage toujours plus grand de bus « propres ». Objectif : qu'ils représentent la totalité des commandes en 2025.

Et Businova, à peine sorti de ses ateliers, séduit déjà : la Safra a reçu il y a quelques semaines le deuxième prix des « Bonnes nouvelles du Territoires », organisé par la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futurs.

L'entreprise, qui a des contacts du côté du Canada pour y adapter son véhicule, compte 280 salariés. Elle espère embaucher un peu plus de 200 personnes supplémentaires dans les années à venir, lorsque la production de Businova aura atteint sa vitesse de croisière, à deux cent exemplaires par an.

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