Face à la crise, les entreprises seront moins généreuses que prévus en matière de revalorisations salariales. Celles-ci n'augmenteront que de 2,2% en 2021 (contre 2,5% prévu initialement), tous secteurs confondus, selon la dernière enquête Salary Budget Planning, de la société de courtage en assurance Willis Towers Watson, menée auprès de 18.000 répondants dans 130 pays.
2020 aura surtout été l'année du recours massif au gel des salaires. L'an passé, près d'un quart (23%) des entreprises du secteur privé avait procédé à la stagnation, tandis qu'un peu plus de 3% l'envisageait au début d'année, selon l'enquête publiée le 11 janvier. Idem sur 2021, 9% des entreprises prévoient de geler les salaires mais quelle part sera bel et bien contrainte de le faire pour faire face aux mesures de confinement ?
A noter que, déjà minime, la hausse des salaires est moindre en France que dans d'autres pays de l'OCDE. C'est en Russie que l'écart entre le prévisionnel 2020 et le "réalisé" est le plus fort, tandis que les États-Unis maintiennent une hausse des salaires prévue et effective à +3%.
Baisse des salaires en 2020
Certaines entreprises avaient même été plus loin l'an dernier en réduisant les salaires. C'est notamment le cas des compagnies aériennes comme le groupe Ryanair, qui a trouvé, en septembre dernier, un accord avec ses pilotes basés en France pour les payer 20% de moins pendant cinq ans. Il s'agit en fait des pilotes de Malta Air, l'une des filiales de Ryanair, les seuls du groupe à être basé en France avec des contrats français.
Pour surmonter la crise, toutes les solutions, même les plus folles, avaient été envisagées. British Airways avait pensé à licencier puis réembaucher, avec des contrats moins-disants, les salariés qu'elle comptait conserver, afin de réduire sa masse salariale.
Des primes plus individualisées en 2021
Pour 2021, l'avenir est toutefois plus radieux. Les budgets d'augmentations salariales sont plus élevés que ceux constatés en 2020, selon l'enquête Salary Budget Planning. Les pratiques de distribution du budget seront différentes des autres années : les augmentations salariales seront allouées sur les postes de dépenses prioritaires afin d'augmenter l'efficacité de ces mesures. Ainsi, seulement un quart des entreprises prévoit des augmentations collectives contre 40% en 2019. Ces entreprises prévoient d'allouer seulement un tiers du budget total aux augmentations collectives.
« Bien que les budgets prévisionnels pour 2021 soient plus importants que ceux attribués en 2020, nous nous attendons également à ce que de nombreuses entreprises distribuent les augmentations salariales en fonction des catégories de salariés : augmentations significatives à leurs meilleurs talents, priorisation des titulaires, ayant des compétences rares, notamment dans le domaine du digital, et ceux ayant des emplois susceptibles de contribuer le plus à la réussite ou à la survie de l'entreprise en 2021 », observe Khalil Ait-Mouloud, Responsable de l'Activité Enquêtes de Rémunération au sein de Gras Savoye Willis Towers Watson.
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