Qu'y a-t-il dans ce "panier moyen" dont le prix baisse ?

En 2014, la guerre des prix entre distributeurs aboutit à un nouveau recul du montant moyen des principaux produits de grande consommation achetés, comme le confirme le résultat du baromètre publié ce jeudi par l'association Familles Rurales. La composition de ce panier -et surtout, son évolution- traduit en partie des stratégies commerciales.
Marina Torre
Le montant du panier moyen n'est évidemment pas le même en fonction du lieu où les produits sont achetés. Le même panier composé uniquement de marques nationales revient à 179,86 euros dans un hypermarché, contre 177,84 en supermarché. Mais pour les 1er prix, les hypers sont non seulement moins chers (90,56 euros) que les supermarchés, mais aussi que les enseignes de "hard discount" (102,19 euros).

1,81 euro en moins sur chaque ticket de caisse. Le montant du "panier moyen" composé par l'association Familles Rurales a reculé pour la deuxième année consécutive en 2014, après avoir atteint un pic en 2012. Sur ce ticket "moyen", s'affiche désormais la somme de 135,08 euros, soit 0,13% de moins qu'en 2013.

Ce résultat diffère de l'indice des prix à la consommation mesuré par l'Insee dont le mode de calcul, bien plus exhaustif, englobe une plus grande quantité de produits. L'Institut national de la statistique indique ainsi que les prix à la consommation hors tabac ont augmenté de 0,5% en 2014.

>> Lire aussi : Méthodologie de la collecte des prix (Insee)

Dans l'alimentaire, l'indice baisse de 0,6%, surtout en raison d'un effondrement du prix des produits frais -4,1%. Une conséquence notamment de la concurrence entre les principaux distributeurs qui se disputent les prix les plus bas afin d'attirer des consommateurs dont le pouvoir d'achat continue de baisser. Il faut également prendre en compte la chute des prix du carburant, mais aussi les fluctuations diverses des prix des matières premières agricoles, soumises aux aléas de la météo ou des relations internationales.  Dans le même temps, loyers et services - également comptabilisés dans ce "panier" ont globalement vu leur prix s'accroître.

Viandes et poissons sont exclus de l'étude, sans explication

Le panier "Familles rurales", s'étend au rayon alimentation, des eaux aux desserts en passant par les surgelés, les boissons chaudes, les produits laitiers et œufs, les jus de fruits, les biscuits, confiseries et petits déjeuners.

Fruits et légumes, soumis à un effet de saisonnalité et différents selon les régions, font l'objet d'une autre étude. Viandes et poissons en sont exclus sans explication.

En revanche, des produits pour bébé, lessives, produits d'hygiène corporelle et d'entretien ainsi que l'alimentation pour animaux sont  pris en compte lors des relevés réalisés tous les deux mois par 80 "veilleurs" bénévoles à travers l'Hexagone.

Lors de sa création en 2006, "nous avons souhaité composer un panier le plus proche possible des habitudes de consommation de tous les Français -pas seulement ceux qui vivent dans des villes- et qui puisse résister aux évolutions dans le temps afin de pouvoir réaliser des comparaisons", explique à La Tribune Dominique Marmier, président de Familles rurales, également agriculteur.

Seulement, il faut bien tenir compte de l'évolution des formats, c'est pourquoi les dosettes de café et de lessives ont fait leur apparition dans ce panier. "Nous mesurons toujours les prix en fonction d'un poids égal et non pas à l'unité car il arrive que, d'une année sur l'autre, un même paquet contienne 50 grammes de produit en moins", poursuit Dominique Marmier.

Cela traduit des stratégies commerciales de la part des fabricants. En effet, multiplier les formats permet de cibler une clientèle de plus en plus segmentée. En témoigne par exemple l'essor depuis quelques années des micro-portions ou des ventes à l'unité, surtout proposées dans les zones urbaine où la densité de célibataires est plus élevée qu'ailleurs.

Des marques de distributeurs relativement moins attractives

L'intérêt de ces relevés réside surtout dans les comparaisons qu'ils permettent de réaliser d'une année sur l'autre. Surtout que, pour chaque type de produit, trois catégories sont observées : les marques nationales (les plus chères), des "marques des distributeurs" ou MDD (ces produits fabriqués directement pour l'enseigne qui la vend et qui lui permettent de dégager de bien plus fortes marges que pour les biens fabriqués par les autres marques) et les premiers prix.

De fait, en 2014, les marques nationales sont seulement 36% plus chères que les MDD mais 87% plus chères que les produits de la gamme la plus basse.

Plus en détails, il apparaît que la plus forte baisse concerne les produits d'hygiène des marques nationales (-4,98%). Pour mémoire, une grande partie des industriels qui les produisent ont été épinglés à la fin de l'année par l'Autorité de la concurrence pour entente sur les prix entre 2006 et 2011.

>> Lire aussi : 951 millions d'euros d'amende pour le cartel des produits d'entretien et d'hygiène

A l'inverse, la plus forte hausse est enregistrée pour les eaux en bouteille des "marques de distributeurs" (+7,67% en un an). Mais à l'heure où même les marques des fabricants nationaux ou internationaux voient leur prix décroître, ces produits MDD, particulièrement importants pour les distributeurs, devraient logiquement perdre de leur intérêt pour les consommateurs.

Un autre indice de prix, beaucoup plus exhaustif que celui de Familles rurales, établi par l'institut Nielsen, signale ainsi une baisse des prix de 3,1% entre novembre 2013 et novembre 2014 pour les grandes marques tandis que celles des distributeurs (MDD) restent quasi stable (+0,1%). Ces dernières n'en sont pas moins incontournables puisque 84% des chariots de supermarché en contiennent.

Marina Torre

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Commentaires 2
à écrit le 23/01/2015 à 3:44
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"Qu'y a-t-il dans ce "panier moyen" dont le prix baisse ?" Du minerai de cheval roumain... dans toutes les marques.

le 23/01/2015 à 10:51
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Pas mon appartement c'est certain...

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