E-commerce : la nouvelle génération d'acheteurs prête à payer plus pour une livraison propre

Spécialisé dans les solutions logicielles pour les acteurs de la logistique, le groupe canadien Descartes Systems Group vient de publier une étude réalisée auprès de plus de 8.000 consommateurs européens et nord-américains sur leurs attentes en termes de livraison plus éco-responsables. En France, la prise de conscience est là mais les facilités de livraison priment encore sur l'impact environnemental. Seule la pression citoyenne et politique pourrait faire changer le cours des choses. Décryptage..
César Armand
(Crédits : DR)

C'est une lame de fond que rien ne semble pouvoir arrêter. En 2021, le montant des ventes réalisées sur Internet a encore fortement progressé : +13% en Europe (718 milliards d'euros dont 129 en France) et + 16% dans le monde (5.000 milliards de dollars) par rapport à 2020. Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) qui a publié ces données le 30 juin dernier, l'Hexagone compte même 41,8 millions de e-acheteurs.

 Un lourd poste d'émissions de gaz à effet de serre

Dans une ville-monde comme Paris, 500.000 colis sont livrés quotidiennement pour un peu plus de 2 millions d'habitants (soit 1 colis pour 4 habitants chaque jour). Un quart des émissions de CO2 de la capitale proviendrait même du transport de marchandises, selon les données de la Ville. Ce pan de l'économie demeure effectivement un lourd poste d'émissions de gaz à effet de serre, ne serait-ce que par l'acheminement en camion des marchandises.

Sans doute pour mieux vendre ses solutions logicielles et environnementales pour les acteurs de la logistique, le groupe canadien Descartes Systems Group (424 millions de $ pour l'année fiscale 2022 dont 15% en R&D, 2.000 salariés, 24.000 clients et utilisateurs dans 160 pays) vient de publier une étude réalisée auprès de plus de 8.000 consommateurs européens et nord-américains sur leurs attentes en termes de livraison plus éco-responsables.

Des facilités de livraison plus importantes que l'impact environnemental

Au milieu de l'Allemagne, de la Belgique, du Canada, du Danemark, des Etats-Unis, de Finlande, de Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, 56% des Français - le pourcentage le plus élevé en Europe - interrogés (1.001 sur les 8.000 des sondés) jugent le sujet important.

« Il faut pondérer », relativise Fabien Petitjean, senior solutions consultant chez Descartes System Group.

« Au Danemark (27%) ou en Suède (43%), c'est devenu une évidence en raison d'une réglementation plus contraignante sur les usages. Idem aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni où la livraison à domicile existe depuis plus longtemps qu'en France », ajoute-t-il.

Dans le détail, les Français sondés préfèrent les circuits courts pour les achats alimentaires au nom de l'écologie de même que pour leurs vêtements et chaussures, ils choisissent d'autres canaux comme le « click & collect » et les « box ». En revanche, ils n'ont pas de réticence à se faire livrer à domicile pour les appareils multimédia et informatique.

 « Les consommateurs considèrent tout de même les facilités de livraison (40 %) beaucoup plus importantes que l'impact environnemental (23 %). Cependant, pour plus d'un tiers (37%) ces deux aspects sont équivalents », est-il également précisé dans l'étude.

Cela devrait changer dans les prochaines années. A la question « Une livraison en véhicule électrique est-elle importante ? », seul un quart des sondés répondent oui pour 2022, mais quand ils sont invités à se projeter en 2025, 59% répondent par l'affirmative. « Les attentes d'aujourd'hui ne sont pas celles de demain. Cette réponse va permettre aux commerçants d'adapter leurs services », commente Fabien Petitjean.

Une pression citoyenne et politique

Ce changement viendra notamment de la nouvelle génération d'acheteurs. Sur les 18% du panel prêts à payer une livraison plus propre, ils sont 31% chez les 18-24 ans contre 11% chez les 65 ans et plus. « Cela traduit une exigence vis-à-vis des commerçants qui va être de plus en plus forte », insiste le senior solutions consultant chez Descartes System Group.

Outre la pression citoyenne, les pouvoirs politiques locaux poussent le Parlement à légiférer en ce sens. Trois mois après avoir dévoilé sa stratégie de logistique urbaine 2022-2026 et à quelques jours de la présentation du budget 2023 en Conseil des ministres, la Ville de Paris a dit, la semaine dernière, vouloir « faire davantage contribuer l'économie numérique et le commerce de livraison ».

Deux élus, dont l'adjoint (PS) aux Finances, plaident pour une taxe ou une redevance sur les flottes de livraison sur la base de leur utilisation de l'espace public, mais aussi une taxe ou redevance sur la base de critères économiques payée par les entreprises en imposant une taxe à la livraison sur les produits livrés. Ou encore une « fiscalité incitative » en fonction des modalités logistiques: sites utilisés, véhicules employés...

« Toute contrainte supplémentaire pour les entreprises va se répercuter sur les consommateurs », estime le cadre du groupe canadien coté au Nasdaq Toronto.

« Il vaut mieux mettre en place par exemple des zones à faible émission qui mettent une forte pression sur les commerçants et les transporteurs. Ceux qui auront anticipé ces enjeux gagneront des parts de marché par rapport à leurs concurrents qui seront obligés de rattraper leur retard », enchaîne-t-il.

Les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) ont été créées par la loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte, dite loi Royal de 2015, pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants à l'intérieur des agglomérations. Elles permettent de lutter contre les oxydes d'azote et les particules fines émis principalement par le trafic routier.

César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 13/09/2022 à 7:32
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Les gens s'en fichent, que leur livraison soit "propre". Il veulent surtout qu'elle soit soignée et fiable. Arrêtez de tout voir sous l'angle de l'écologie, c'est ridicule

le 13/09/2022 à 15:46
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"tout voir sous l'angle de l'écologie" ça permet d'augmenter les prix, livré à dos d'âne. :-) Y a des gens qui y sont sensibles, à l'écologie, les bilans carbone et carton, etc mais il faut voir aussi ceux qui disent Yes et qui font No au moment de ...

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