La ville de Paris veut taxer les livraisons

A quelques semaines de la présentation du budget 2023 au Conseil des ministres et au lendemain de la réunion conclusive sur les « dark stores », deux élus de la Ville de Paris, dont l'adjoint (PS) aux Finances, plaident pour faire davantage contribuer le commerce de livraison aux finances publiques locales. Deux questions se posent : taxe ou redevance ? Fiscalité incitative ou spécifique ? Reste aux parlementaires d'arbitrer. Explications.
César Armand
(Crédits : DR)

Paris a perdu 1,2 milliard d'euros du fait de la crise Covid. C'est pourquoi dès juin 2021, Anne Hidalgo a demandé au président du groupe Communiste et citoyen Nicolas Bonnet-Ouladj et à l'adjoint chargé des Finances, du Budget, de la Finance verte et des Affaires funéraires Paul Simondon de plancher sur « des analyses des ressources existantes et l'identification de potentiels nouveaux leviers, notamment fiscaux, compatibles avec des objectifs de préservation de l'environnement et de justice sociale ».

« Faire davantage contribuer le commerce de livraison »

Avec un an de retard, le rapport intitulé « Avenir des finances locales à Paris : des propositions pour un système plus juste, social et écologique » vient d'être dévoilé par ses auteurs. Trois mois après la présentation de la stratégie pour une logistique urbaine, le sujet du commerce de livraison fait partie des pistes de réflexion.

Le titre de la proposition numéro 13 donne le ton. Il s'agit de « faire davantage contribuer l'économie numérique et le commerce de livraison ». « Cela peut porter sur la mise en place d'une taxe ou redevance », écrivent les deux élus parisiens.

« Nous sommes face à des défis - crise sanitaire, crise énergétique... - et devons trouver des nouvelles ressources pour les collectivités afin qu'elles financent leurs services publics »explique l'adjoint (PS) chargé des Finances.

« Quels sont les secteurs qui sont peu ou pas mis à contribution ? La livraison permanente bénéficie beaucoup de l'attractivité des territoires, de la densité et des clients potentiels » répond à lui-même Paul Simondon.

Une taxe ou une redevance ?

En priorité, il plaide ainsi pour une taxe ou une redevance sur les flottes de livraison sur la base de leur utilisation de l'espace public. « Nous pouvons les faire contribuer en fonction de la taille de leur flotte », avance-t-il, évoquant des « externalités négatives » comme le trafic automobile, la concurrence avec les commerces de proximité ou le développement des « dark stores ». En cela, la capitale souhaite reproduire le schéma introduit par la loi d'orientation des mobilités (LOM) qui permet aux villes de mettre en place une redevance sur les véhicules en « free floating », c'est-à-dire en libre service dans l'espace public. C'est ce qui a conduit récemment à la fin de la gratuité pour le stationnement des deux-roues.

 Autre piste : une taxe ou redevance sur la base de critères économiques en imposant une taxe à la livraison sur les produits livrés. Une taxe payée par l'entreprise. Là encore, L'adjoint d'Anne Hidalgo évoque les « externalités négatives » et insiste sur l'utilisation de l'espace public.

Avant-dernière idée dans ce domaine : une taxe ou une redevance sur la base d'une contribution forfaitaire en fonction d'un indicateur objectif d'activité permettant de renforcer la diversité commerciale et/ou en fonction du chiffre d'affaires réalisé par ces sociétés dans l'aire urbaine prédéfinie.

Vers une « fiscalité incitative » en fonction des modalités logistiques ?

Autrement dit, Paul Simondon rêve d'une « fiscalité incitative » en fonction des modalités logistiques: sites utilisés, véhicules employés... « Il faut que ce soit le plus vertueux possible au bénéfice des territoires qui entretiennent l'espace public », affirme-t-il.

La proposition 14 du socialiste et du communiste est sur la même ligne : la régulation des entrepôts en zone urbaine pourrait être complétée par une taxation des « quick commerce » et des « dark kitchens », ces cuisines centrales qui préparent des repas sans client et qui se présentent comme restaurants.

Depuis le 6 septembre, les ministres Klein (Ville) et Grégoire (Commerce) se sont engagés auprès des édiles à changer la réglementation des « dark stores », ces anciens commerces aux vitrines opaques spécialisés dans la préparation des livraison de produits de consommation courante commandés sur internet. Ils seront désormais considérés comme des « entrepôts » dans le Code de l'Urbanisme. S'agissant des « dark kitchens », les parties prenantes ont convenu de créer une catégorie spécifique.

Sans attendre, l'adjoint à la maire de Paris réfléchit, à haute voix, à une « fiscalité spécifique » sur les entrepôts dans les zones d'activité urbaines denses au lendemain de « la levée de l'ambiguïté » gouvernementale.

Reste aux parlementaires de s'en saisir

Reste une ultime étape et non des moindres: la reprise de ces recommandations par les parlementaires d'ici à la présentation du budget 2023 en Conseil des ministres fin septembre.

« Nous ne nous arrêtons pas aux élus de gauche et saisissons tous les parlementaires parisiens de tous les groupes politiques, tout comme nous l'avons présenté aux associations d'élus, par exemple en commission des Finances à l'Assemblée des départements de France », déclare Paul Simondon.

Tant est bien que l'élu parisien l'assure: « l'unanimité transcende les clivages entre les différentes formes de collectivités territoriales ». Un mot déjà répété maintes fois ces derniers jours mais en particulier par les deux membres du gouvernement Borne après l'accord trouvé hier sur les « commerces fantômes ».

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 17
à écrit le 08/09/2022 à 14:37
Signaler
On accuse la COVID de ce déficit. Et le coût des mineurs étrangers et autres. Eux, c'est donc tout bénéficie pour Paris et la France.

à écrit le 08/09/2022 à 9:45
Signaler
Avant de vouloir encore taxer et taxer il faudrait juste arrêter de dilapider les fonds publics, ce que sait faire au niveau experte internationale Mme Hidalgo championne toute catégorie des dépenses inutiles notamment au niveau des ressources humain...

à écrit le 08/09/2022 à 9:14
Signaler
Rien d extra et exceptionnel ex: ma lcommune d’ idf le fait déjà y compris pour les déménagements … j ai payé il a 3 ans 137€ d’ occupation devl rspace public pour 5 h…. Et n ai pas eu le choix la police municipale était au courant de mon emménagemen...

à écrit le 08/09/2022 à 9:14
Signaler
Rien d extra et exceptionnel la commune d’ idf le fait déjà y compris pour les déménagements … j ai payé il a 3 ans 137€ d’ occupation devl rspace public pour 5 h…. Et n ai pas eu le choix la police municipale était au courant de mon emménagement …( ...

à écrit le 08/09/2022 à 7:06
Signaler
Euh... si le transport coûte plus cher, c'est bien le client qui paiera l'addition au final. Pourquoi ne pas relever la taxe foncière de 2 points ? Il parait que la taxe foncière à Paris est une des plus basses de France. Mais allez y messieurs da...

le 08/09/2022 à 9:26
Signaler
Paris connaît la taxe foncière la plus basse actuellement, alors que les prix de l'immobilier y sont les plus élevés de France. Pour un bien de 70 m2, la taxe foncière s'élève ainsi "seulement" à 745 euros… soit 62 euros par mois.Le montant de la tax...

le 08/09/2022 à 9:27
Signaler
La livraison profite largement des infrastructures publiques : chaussée, trottoir et de leur entretien. Il est donc normal qu'elle paye pour ça. Ca ramène les couts de la livraison au prix que ca doit avoir. Les commerçants payent bien pour les comme...

à écrit le 08/09/2022 à 6:45
Signaler
Bonjour, Un exemple sur le progrès sociale voulue par certain ... La livraison en velo... Sur la photo , ons a même accroché une remorque, sur la buts mont Marthe sa devrais être supper sympathique...personnellement, j'appelle cela de l'esclavag...

à écrit le 08/09/2022 à 5:57
Signaler
A part taxer que savez vous faire et dire que les parisiens ont fait un tel choix

à écrit le 08/09/2022 à 0:30
Signaler
Bien plus que la faillite économique c'est la faillite intellectuelle de la mairie de Paris qui fait le plus de mal aux parisiens...

le 08/09/2022 à 4:34
Signaler
Paris ressemble a une capitale d'un pays sous developpe. Sale, une insecurite maintenant andemique quelque soit le quartier, hormis ceux de la presidence et de sa bande. A l'image du reste en totale decrepitude.

à écrit le 07/09/2022 à 20:23
Signaler
La liberté de circuler est de plus en plus menacée. C'est pourtant un droit de l'homme fondamental ! Vais-je me faire taxer quand je porte les courses à ma grand-mère ?

le 08/09/2022 à 9:30
Signaler
J'espère que vous ne vous faites pas payer !

à écrit le 07/09/2022 à 18:55
Signaler
Pour une bonne écologie et des économies de carburants, il convient que toute la France légifère pour mettre fin aux pollutions des vielles gimbardes, vieilles camionnettes et camions dangereux polluants de livraisons des petits colis de vente par co...

le 07/09/2022 à 19:31
Signaler
Apparemment, cela fait un bon moment que vous n’avez pas fréquenté les rues de Paris aux heures de livraison !! Ce que vous décrivez rappelle plus les films des années 60…….

le 07/09/2022 à 21:41
Signaler
Il faudrait changer vos lunettes. Les véhicules de livraison sont en grande majorité récents et peu polluants

à écrit le 07/09/2022 à 18:29
Signaler
bientôt, à Paris, il n'y aura que l'air qui ne sera pas taxé .. mais je pense que les têtes pensantes de la Mairie de Parys y réfléchisssent, vu le trou budgétaire à boucher....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.