Comment l'inflation recompose le caddie alimentaire des Français

Les denrées alimentaires subissent l'inflation des matières premières. Déjà contraints par l'explosion de la facture énergétique, les ménages sont contraints d'ajuster leurs courses pour se nourrir. La tendance est aux économies, mais les Français cherchent aussi à optimiser leurs dépenses et ne renoncent pas à tous les produits. Les grandes enseignes cherchent à séduire ces clients préoccupés par leur pouvoir d'achat avec de nombreuses promotions. Explications.
L'inflation atteint 5,8% en France sur un an d'après les chiffres de l'INSEE de mai.
L'inflation atteint 5,8% en France sur un an d'après les chiffres de l'INSEE de mai. (Crédits : DR)

De l'explosion du e-commerce en période de confinement à la fermeture des rayons jugés « non-essentiels », les habitudes de consommation des Français n'ont cessé de se redessiner depuis deux ans. L'inflation, qui tutoie désormais les 6% sur un an, les contraint désormais à « faire plus attention » à leurs achats. Si la consommation générale de biens recule de manière continue depuis novembre (-3,9% depuis novembre), la baisse des achats alimentaires ralentit tout autant (-4% depuis novembre).

Deuxième poste de dépenses des ménages juste après le logement, le panier de courses alimentaires s'allège à mesure que de la facture énergétique s'alourdit. En toute logique, l'heure est aux économies.

« Les clients ajustent leurs achats. La recherche de qualité avec des produits plus sains, plus écologiques est mise entre parenthèses. Ils arbitrent, discutent, comparent les prix sur les sites de drive des différentes enseignes. On ne peut pas parler pour l'instant de phénomène de déconsommation », assure à La Tribune Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc.

Certains produits tout comme les produits à la coupe et les fruits et légumes se voient sacrifiés. « Des produits perçus comme un petit plaisir en temps normal », note Rodolphe Bonnasse, spécialiste de la grande distribution. Autre victime des arbitrages des clients, le bio qui « patine et régresse en magasin car les clients redécouvrent son prix », selon Michel-Edouard Leclerc. Une tendance de fond (-3,1 % de ventes en valeur en 2021), amplifiée par l'inflation.

Quelques comportements d'achats précipités et irrationnels

En rayon, les Français délaissent les gammes de produits considérés comme superflues et se recentrent sur les premiers prix et très souvent « le basico-basique, les marques distributeurs, 10 à 20% moins chères que les autres marques », d'après Rodolphe Bonnasse. Autre comportement récurrent que note l'expert dans ce climat anxiogène de crise permanente, « les achats de réassurance », à savoir la ruée sur les biens de première nécessité comme l'huile, les pâtes ou le papier toilette par crainte de pénurie.  Dans ses rayons, Michel-Edouard Leclerc observe que « l'achat précipité de ces produits crée des ruptures, mais pas de pénurie. Les fournisseurs disposent encore de stock ».

Les enseignes rivalisent d'inventivité pour attirer ces consommateurs soucieux de protéger leur pouvoir d'achat, sujet qui sature les médias et la publicité. Système U, Casino ou Carrefour multiplient les ventes à « prix coûtant » et autres promotions. Qu'il s'agisse de vendre l'essence à prix coûtant ou la baguette à 29 centimes, Leclerc déploie les mêmes opérations portées par de grandes campagnes de communication, relayées par son médiatique patron. « La baguette de pain, le plein d'essence sont des signaux adressés à nos clients pour être identifiés, montrer qu'on se positionne, qu'on se bat contre l'inflation », justifie Michel-Edouard Leclerc, qui évoque une légère hausse de parts de marché ces derniers mois par rapport à ses concurrents.

Si la dynamique générale est due aux petits calculs budgétaires et à une relative sobriété dans les dépenses alimentaires, certains produits emblématiques gardent les faveurs des familles françaises, assure Rodolphe Bonnasse. Dans une France où « se payer de la marque est déjà un but en soi » pour reprendre les mots du politologue Jérôme Fourquet dans une interview à Challenges, certains produits comme le Coca-Cola ou le Nutella demeurent de puissants marqueurs sociaux. Pour une partie des Français, s'en priver serait vécu comme une forme de déclassement, qu'il ne sont pas tous prêts à accepter pour l'instant.

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Commentaires 6
à écrit le 30/06/2022 à 20:44
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Il va donc falloir faire des économies sur l'alimentaire...et c'est facile si on commence par éliminer les sodas, les alcools, et les eaux en bouteille, les pizzas et autres surgelés, une bonne partie des produits du rayon des laitages frais, les bon...

à écrit le 30/06/2022 à 19:22
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C'est dingue la propagande ,l'enfumage qui veut nous faire oublier que nos maîtres débarquent dans tous les pays d'Europe . Les Américains à leur habitude, en Europe , ne se battent pas pour avoir quelques choses ,ils n'achètent pas ,ils se servent ...

à écrit le 30/06/2022 à 14:26
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Lecl* a supprimé la compote de rhubarbe Bonne Mam* de ses rayons, le prix a 'explosé' (2,20-2,30 les 600g avant et 3,90 maintenant (dans une autre enseigne)). Conclusion, la faire soi-même, après tout, au diable la paresse et la facilité, le verre de...

le 30/06/2022 à 20:52
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@photo 73 Eh oui, c'est une partie de la solution. En faire le plus soi même...mais c'est du temps et de l'énergie, si en plus on cultive un jardin et là pas question de partir en vacances en Juillet/Août. C'est vacances ou pas grand chose à consom...

à écrit le 30/06/2022 à 13:34
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Cela va permettre aux Français de prendre un peu de recul face à leur consommation et de se concentrer sur l'essentiel. De plus, si on consomme moins, on a plus de temps pour réfléchir et les gens ont besoin de réfléchir, de repenser leur façon de v...

le 30/06/2022 à 18:58
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vous revez. le francais moyen reve que de consommer plus. lisez l article. les gens prennent comme un declassemnt de ne plus pouvoir se payer du ... nuitella ! (produit typique de la malbouffe)

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