Nouveau coup dur pour Casino : S&P dégrade la note

Le groupe de distribution organisait son assemblée générale ce mercredi dans un contexte lourd d'incertitudes. L'agence S&P vient de dégrader sa note de solvabilité, alors que le PDG Jean-Charles Naouri pourrait en perdre le contrôle rapidement. Le milliardaire Daniel Kretinsky et d'autres acteurs de la distribution se tiennent en embuscade.
Casino organise son assemblée générale ce mercredi à la Maison de la Chimie à Paris.
Casino organise son assemblée générale ce mercredi à la Maison de la Chimie à Paris. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mercredi 10 mai 2023 à 14h45 et mis à jour à 16h08] Le groupe de distribution Casino a organisé ce mercredi son assemblée générale annuelle à Paris dans un moment de grande incertitude, entre les offres des prétendants à sa reprise, l'inquiétude des salariés et surtout ses difficultés financières, encore aggravées.

Lire aussiDaniel Kretinsky au chevet de Casino, étranglé par sa dette

Sous le feu nourri des questions des actionnaires évoquant un « mur de dettes » et réclamant des dividendes, Casino a assuré à maintes reprises que le désendettement était sa « priorité absolue ». Le PDG Jean-Charles Naouri a indiqué qu'il restait « à vendre environ 300 millions d'euros d'actifs en France » avant la fin de l'année et a rappelé que le groupe avait déjà vendu environ 10 milliards d'euros d'actifs dans le cadre de sa stratégie de désendettement.

Mardi, à la veille de l'assemblée générale, l'agence de notation S&P a abaissé la note du crédit de Casino, et a même évoqué une autre révision à la baisse potentiellement à venir en raison de la « probabilité grandissante d'un défaut ». Pour justifier la rétrogradation de sa note principale de CCC+ à CCC-, toujours dans la catégorie « spéculative », l'agence S&P pointe une situation financière « fragile » et l'existence d'un « vrai risque de non-remboursement de la dette ».

La dette de Casino sous surveillance

Un défaut ou une restructuration de la dette « semblent inévitables dans les six mois en absence de changements favorables », alerte l'agence. « La mise sous surveillance négative ("creditwatch") reflète notre opinion d'une probabilité croissante d'un défaut de paiement » si la situation ne s'améliore pas, poursuit S&P Global.

Jean-Charles Naouri, qui est encore PDG et actionnaire majoritaire de Casino à 51,7%, contrôle le groupe au travers d'une nébuleuse de holdings. Parmi elles, la maison-mère de Casino Rallye affiche une dette nette de 2,8 milliards d'euros fin 2022, quand celle du groupe Casino culmine à 6,1 milliards d'euros.

Risque d'insolvabilité

Le dirigeant s'active de longue date à éteindre les soupçons d'insolvabilité qui entourent Casino pour apaiser ses créanciers et les marchés. Mais la fragilité de son empire, perclus de dettes, n'est plus ignoré de personne. Depuis 2020, Rallye suit une procédure de sauvegarde sous le contrôle du tribunal de commerce de Paris pour rembourser ses dettes, supposément grâce aux dividendes attendus de Casino et à la cession d'actifs.

La revente des actifs les plus valorisables de l'entreprise, notamment en Amérique latine, est en cours. Mais les pertes continues de Casino depuis plusieurs années (883 millions d'euros en 2020, 514 millions d'euros en 2021, 316 millions d'euros en 2022) l'empêchent de se redresser financièrement. La maison mère de Casino, Rallye, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles le PDG du groupe Jean-Charles Naouri en détient le contrôle, ont obtenu en avril du tribunal de commerce de Paris une procédure amiable pour renégocier leur lourde dette.

Dans le viseur de Kretinsky et des autres distributeurs

Les difficultés de Casino éveille l'appétit d'hommes d'affaires et du milieu de la distribution. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a proposé le 24 avril de renflouer le capital du groupe à hauteur 750 millions d'euros dans le groupe (via une augmentation de capital réservée de plus d'1 milliard d'euros au total), considérant que la situation financière de Casino « n'est plus tenable sans une intervention rapide », a-t-il déclaré dans Le Point.

En parallèle de l'offre de Daniel Kretinsky, Casino envisage un rapprochement avec le groupe Teract (Jardiland, Gamm vert, Boulangeries Louise), dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, est également entré dans ces discussions.

Assemblée générale agitée ?

Aucune résolution concernant les tractations en cours avec Teract et Intermarché ou la proposition du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10%, ne figurait à l'ordre du jour.

Lire aussiA Saint-Etienne, fief de Casino, la crainte de la disparition de l'ancrage local du groupe

La CGT avait prévu un rassemblement mercredi près de la Maison de la Chimie au moment même où Casino tenait son assemblée générale. Le délégué syndical central CGT Ali Eloued désire « exprimer [les] inquiétudes [des salariés] sur la pérennité des emplois et la revalorisation des salaires ». Casino compte 200.000 employés dans le monde dont un gros quart en France.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 10/05/2023 à 14:07
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CASINO a toujours eu une politique prix élevée qui lui ont fait perdre des parts de marché sur les hyper et les supermarchés depuis de nombreuses années, seul le commerce de proximité tenait le coup en France. Pour le premier trimestre 2023 le chiffr...

le 10/05/2023 à 15:27
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On ne peux pas faire remonter du dividende pour payer les dettes de l actionnaire principale et investir dans les prix les salaires et les magasins les marges de la distribution sont trop faible ! Mais les énarques financiers parisiens croient le con...

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