Bruxelles n'entend pas jouer les arbitres entre Paris et Eurostar

La commission européenne estime que les points contestés par la France dans l'appel d'offre gagné par l'allemand Siemens ne relèvent pas de ses compétences. De son côté le gouvernement allemand a fait savoir ce lundi qu'il s'étonnait de l'interventionnisme de la France.

Ce samedi, le très sérieux quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, avait assuré, sur la foi de sources crédibles, que la France allait porter le dossier Eurostar Siemens devant la commission européenne. Arugument invoqué : l'appel d'offres de l'opérateur ferroviaire n'aurait pas respecté le droit européen.

Ce lundi, il semble que ce projet ne soit plus d'actualité. "La France n'a pas saisi la Commission européenne et n'a pas l'intention de le faire", a assuré à l'agence Reuters une source française ayant connaissance du dossier. "On n'a aucun intérêt à saisir la Commission européenne", a ajouté cette source, faisant valoir que les règles de sécurité actuelles ne permettaient pas aux motrices Siemens de rouler dans le tunnel sous la Manche.

Autre son de cloche à Berlin

Plutôt que de prendre directement fait et cause pour son champion national, la chancelière allemande Angela Merkel a choisi, elle, de critiquer mezzo voce les prises de positions du gouvernement français. Ce lundi, Steffen Seibert, le porte parole de son gouvernement a estimé, que "l'intervention française" était "injustifiée" avant d'ajouter :  "Comme je l'ai déjà dit, différents gouvernements apprécient de diverses manières jusqu'où ils peuvent se mêler des processus économiques. (...) Ce qui compte c'est ce que pense Eurostar."

Mais les députés de sa majorité s'encombrent moins de précautions oratoires pour fustiger l'attitude de la France. En témoigne ces propos au vitriol tenus ce lundi par Joachim Pfeiffer, qui est en charge des questions économiques au sein du groupe parlementaire de la CDU : "L'Etat français veut manifestement empêcher ainsi que des trains qui ne sont pas construits par l'ancienne entreprise publique Alstom effectuent la prestigieuse liaison Paris-Londres. (...) Je ne comprends pas l'attitude de la France et elle n'est pas acceptable. J'attends de la France et du gouvernement français qu'ils respectent les règles du marché unique européen".

Bruxelles renvoie dos à dos la France et l'Allemagne

De son côté, la commission européenne a tenu ce lundi à faire le point sur ce dossier. Bruxelles considère d'une part que l'appel d'offres réalisé par Eurostar ne pose, "à ce stade", aucun problème au regard des règles européennes et, d'autre part, que le volet lié aux règles de sécurité dans le tunnel et à leur modification n'est pas de son ressort.

La porte-parole du commissaire aux Transports Siim Kallas a notamment indiqué que, concernant le volet lié aux règles de sécurité dans le tunnel, "il revient au Royaume-Uni et à la France de prendre une décision". Et de rappeler que "les règles de sécurité sont édictées" non par l'Union européenne mais par les Etats membres : "C'est à leur niveau que les principes doivent être arrêtés" a-t-elle conclu.

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